A- Répondre aux besoins socio-économiques
Les situations faisant suite à une catastrophe sont un
terrain fertile à l'instabilité. Alors que la phase de l'urgence
destinée à sauver des vies ralentit, les administrations sont
souvent de plus en plus confrontées aux défis liés
à une situation socio-économique exacerbée, touchant
à la crise. Des maux structurels et profondément enracinés
tels qu'une pauvreté omniprésente, alimentée par une
croissance rapide de la population, un taux de chômage très
élevé184, un accès limité à des
services fondamentaux, l'absence d'infrastructures de base, la
184 La destruction de 30 000 édifices commerciaux et de
plus de 180 bâtiments publics a aggravé le chômage. Seules
40 pour cent des usines sont en état de fonctionner et les
opérations des ministères de l'État ont été
réduites, en raison de contraintes spatiales. 43 % de la population
active était constituée de travailleurs indépendants, de
petits commerçants appartenant au secteur informel, qui dans bien des
cas géraient leur entreprise à partir de leur domicile. Un quart
de million de ces domiciles ont été détruits et un autre
quart de million sont inutilisables en raison des dommages subi.
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
dégradation de l'environnement et des pénuries
alimentaires rendent difficiles la bonne marche de la reconstruction. En termes
de chiffres et selon les rapports de l'OCHA et les autorités de
reconstruction d'Haïti, environ 200 000 personnes déplacées
se trouvent dans des zones à haut risque d'inondation et de glissement
de terrain. L'OIT quant à elle estime qu'au moins 90 000 emplois ont
été totalement perdus, ainsi qu'au moins 100 000 entreprises
à domicile, ce qui pourrait signifier une perte de recettes pour
près d'un million de personnes185
B- /atnpc1-liiiitOPn tc1411-nsus national autour de la
reconstruction
En Indonésie, on a assisté à une sorte
d'union nationale pour la reconstruction186. Des accords de paix ont
été signés dans ce sens, restaurant la relative paix
visible dans le pays. L'unique objectif national était de reconstruire
à tout prix. Ainsi, Haïti doit s'inscrire dans la même
logique. La reconstruction d'Haïti doit etre le fruit d'un effort commun.
Elle ne peut etre un projet émanant seulement de l'État
haïtien et de la Communauté internationale. La
société civile haïtienne a fait montre à plusieurs
reprises de ses capacités et de sa résilience. Il est donc
aisé de reconnaître son rôle et la réponse
appropriée qu'elle peut apporter dans l'orientation et
l'exécution des projets de reconstruction. L'intégration
participative de la société haïtienne devrait passer par la
mise en place de mécanismes de concertation et d'information à la
population et par l'inclusion des acteurs de la société civile
haïtienne au sein des mécanismes de coordination de l'aide comme la
Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH). Ceci
démontrerait une volonté de rupture avec la dynamique d'exclusion
des forces sociales, notamment les organisations de femmes
187(celle-ci dénoncent leur très faible inclusion dans
le PARDN, alors que leur participation au processus de reconstruction est
essentielle)188 et paysannes, les mouvements de jeunes et les
conseils de développement communautaire. Une telle mobilisation des
secteurs marginalisés pourrait contribuer à une reconstruction
basée sur la justice sociale et tournée vers le renforcement
de
185 Ibid.
186 La mobilisation a été très forte en
Indonésie sur le plan national. Société civile, ONG, Etat
et autres y ont grondements contribué.
187 Marie St-Cyr, une militante haïtienne déclare
à cet effet « Nous nous inquiétons du fait que, bien
qu'il traite de questions transversales comme les questions des femmes, il
s'agit en grande partie de rhétorique. Nous souhaitons que le
gouvernement haïtien et la communauté internationale s'engagent
à intégrer véritablement les femmes et les organisations
féministes à l'ensemble du processus »
188 Au Sri Lanka par exemple et selon une analyse
du groupe URD, beaucoup d'organisations dirigent leur attention vers les femmes
et les foyers ou le chef de famille est de sexe féminin. Les projets qui
se centres sur des catégories ou des groupes sociaux spécifiques
paraissent plus à même de revêtir des objectifs consistant
à déléguer les responsabilités et produisent des
effets sur les individus à plus long terme et une solidarité de
groupe.
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
la cohésion nationale. Elle permettrait aussi la
construction d'un consensus national autour du projet de la reconstruction
d'Haïti.
D'autres facteurs sont à même de contribuer
à la réussite de la reconstruction en Haïti.
Section2 : La mise en oeuvre de l'approche
participative et le rôle catalyseur des Etats et des médias
pour une reconstruction efficace.
Il est certes vrai que la reconstruction d'un pays qui a
été affecté par une catastrophe, incombe au premier chef
à l'Etat. Mais, l'ampleur du drame concourt pour la plupart du temps,
à la fragilisation de cet Etat. D'où le rôle fondamental de
l'aide fournie par la communauté internationale. Celle-ci
malheureusement (guidée parfois par un certain nombre d'intérets)
est souvent fournie en marge des actions engagées dans ce sens où
encore, sans la concertation et la participation des
bénéficiaires de cette aide. Il s'avère donc important
pour une meilleure reconstruction, de favoriser l'approche participative qui
passera certainement par la valorisation du rôle des structures locales
et la participation des populations dans le processus de reconstruction
(paragraphe 1). Il sera également question pour une reconstruction
efficace d'encourager les donateurs à s'exécuter par rapport
à l'aide promise en passant par la réduction de la dette
extérieure. Au final, le renforcement d'un cadre juridique
spécifiquement dédié à la reconstruction pourrait
etre d'un apport indéniable dans le cadre de l'amélioration de la
reconstruction (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La mise en oeuvre de l'approche
participative : Un facteur clé pour la réussite de la
reconstruction.
Les victimes ne doivent pas rester passives. Il faut leur
donner les moyens de retrouver un statut d'acteur économique et de
devenir actrices dans la gestion des crises. Mais c'est aussi s'appuyer sur les
éléments déjà à disposition, comme au Tchad
où des producteurs locaux ont pu approvisionner des camps de
réfugiés. Comme le veut le projet sphère, il faut
intégrer l'économie locale à l'aide autant que possible.
Ainsi, la mise en oeuvre de l'approche participative ne sera une
réussite que si l'on prend en considération le rôle
important que peuvent jouer les secours locaux d'une part (A) et d'autre part
la participation effective des populations dans le processus de reconstruction
(B).
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