1.8.5 Perspectives
Les essais menés jusqu'à maintenant par les
différents laboratoires dans le monde n'ont pas permis de trouver de
méthodes de lutte curatives ou préventives satisfaisantes
utilisant des produits chimiques, soit parce que les produits testés ne
sont pas efficaces, soit parce que leur mode d'application n'est pas
réalisable par le viticulteur (Larignon et al., 2009). Il
apparaît clairement qu'il sera très difficile de trouver un seul
et unique produit efficace (Larignon, 2009).
2) Alimentation hydrique de la vigne 2.1 Rôle et
influence de l'eau sur la vigne
D'après Zufferey (2007), l'alimentation hydrique de la
vigne est déterminante pour le fonctionnement physiologique de base de
la plante (croissance végétative et photosynthèse). Le
rôle de l'eau est primordial durant tous les stades de
développement végétatif et reproductif de la vigne, et sa
disponibilité détermine les aspects quantitatifs et qualitatifs
de la production (développement des baies, teneur en sucres,
acidité, polyphénols et arômes) (Crespy, 2003 et 2009).
La précocité du cycle phénologique
dépend essentiellement de la température du sol, qui
ellemême est en relation avec sa teneur en eau (Morlat, 1989). Van
Leeuwen (2001) précise que la contrainte hydrique joue un rôle
essentiel sur la précocité et que son effet est plus important
que celui de la température du sol. Par ailleurs, la vitesse de
maturation est en grande partie déterminée par le régime
hydrique de la vigne (Van Leeuwen et Seguin, 1994).
D'après Serrano (2001), la présence d'eau dans
le sol est globalement favorable au potentiel végétatif de la
vigne. Si elle en dispose suffisamment tout au long de son cycle, elle
privilégie sa croissance végétative : la
photosynthèse augmente et elle utilise alors son énergie à
la production de feuilles et tiges. La vigne offre par ailleurs une très
bonne résistance à la sécheresse qui est liée,
entre autres, à sa grande capacité d'exploration du sol
(Zufferey, 2007). L'implantation du système racinaire, sa morphologie et
son fonctionnement, sont des éléments importants qui
déterminent l'offre en eau pour la plante (Deloire et al.,
2005). L'utilisation de l'eau par la plante dépend aussi de la
disponibilité de cet élément dans le sol (variable selon
sa teneur et sa force de liaison avec les particules), et bien
évidemment du climat (précipitations et demande
évaporatoire) (Soltner, 2005). Cet auteur rappelle que le stock d'eau du
sol est un paramètre qui varie en fonction des propriétés
pédologiques (texture, structure, charge en éléments
grossiers et matière organique du sol).
2.2 Notion de contrainte hydrique modérée :
entre le manque et l'excès d'eau
A la différence de la plupart des productions
végétales, la vigne est généralement
cultivée en dessous de l'optimum agronomique. En effet, un régime
hydrique modérément limitant induit généralement
des conséquences bénéfiques sur la qualité des vins
produits. On parle dans ce cas de « contrainte hydrique »,
l'expression « stress hydrique » devant être
réservée à des situations critiques, où un manque
d'eau excessif altère la qualité du raisin ou met en péril
la pérennité de la vigne (Van Leeuwen et Vivin, 2008).
Les excès comme les manques d'eau sont
généralement néfastes à l'obtention d'une vendange
qualitative. Une alimentation hydrique non limitante tout au long de la saison
induit un excès de
vigueur qui altère la qualité de la
récolte : hausse des rendements, compétition accrue pour la
répartition des sucres entre partie végétative et
reproductive, phénomènes de dilution, réduction de la
coloration des vins, altération du microclimat de la zone des grappes,
développement de parasites... (Payan et Salançon, 2002). Au
contraire, en cas de déficit hydrique sévère, la
photosynthèse se trouve trop fortement limitée par la fermeture
des stomates (phénomène de régulation stomatique limitant
les échanges gazeux) et des blocages de la maturation peuvent se
produire. (Tregoat et al., 2002).
L'apparition d'une contrainte hydrique au cours de la saison
modifie profondément le fonctionnement physiologique de la vigne.
Celle-ci favorise l'arrêt de croissance des rameaux de la vigne et limite
le grossissement des baies, notamment lorsqu'elle intervient avant la
véraison (Becker et Zimmermann, 1984). L'idéal pour une
production de raisins de qualité est de se retrouver dans une situation
de contrainte hydrique modérée dans le stade
pré-véraison ou bien entre la véraison et la
récolte, ce qui permet d'atteindre des teneurs optimales des baies en
sucres, polyphénols et arômes (Van Leeuwen et Seguin 1994). Cet
état se traduit au niveau édaphique par un épuisement
quasiment complet des réserves en eau au cours de la maturation (Payan
et Salançon, 2002). On note que lorsque les racines se trouvent dans un
sol en cours d'assèchement, leurs extrémités produisent de
l'acide abscissique. Cette hormone est considérée comme
étant favorable à la maturation du raisin (Stoll et al.,
2000 ; Stoll et al., 2001).
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