1.8.4 Recherches en cours
Les recherches menées par différents
laboratoires dans le monde ont porté sur l'évaluation de
l'efficacité de molécules chimiques et de produits biologiques
aussi bien au laboratoire (Jaspers, 2001) que dans le vignoble,
appliqués sous différentes formes (sécateur traitant,
injection de matières actives dans le tronc, protection des plaies par
badigeonnage et par pulvérisation, traitement sur toute la souche,
peinture) et à différents stades phénologiques de la vigne
(Di Marco et al., 2000 ;, Laukart et al., 2001 ; Sentenac
et al., 2004 ; Dula et al., 2007).
> Stimulation des Défenses Naturelles
L'activation des systèmes de défenses naturelles
de la plante pourrait être une piste de lutte sérieuse. Les «
défensines » sont des protéines produites de façon
spontanée par la vigne (entre autre) pour lutter contre diverses
bactéries et champignons. On les rencontre
préférentiellement au niveau des baies (protection contre le
Botrytis par exemple) et malheureusement assez peu ou pas dans les vaisseaux du
bois. Pour le moment, les éliciteurs étudiés (Stimulateurs
de Défense Naturelle comme l'ergostérol, qui induisent dès
leur application des réactions de défense naturelles)
n'augmentent pas la sécrétion de ces défensines. Les
études entreprises actuellement au niveau génétique visent
à étudier les plantes produisant naturellement beaucoup de ces
composés, à en étudier la mobilité dans le
xylème et à chercher à stimuler la sécrétion
de ces protéines (Goulet, 2008).
> Lutte biologique
Les recherches portent de plus en plus sur l'effet de
micro-organismes utilisés en lutte biologique, notamment les
Trichoderma. Ces champignons présentent une activité
antagoniste et d'hyperparasitisme à l'égard d'un grand nombre de
microorganismes (particulièrement ceux du sol), et sont utilisés
en lutte biologique à l'égard de diverses maladies sur
différentes cultures (Chet, 1987). Ils peuvent jouer également un
rôle dans l'élicitation des mécanismes de défense de
la plante (Shigo et al., 1977). Selon Hunt et al., (2001),
l'application de Trichoderma sur les plaies de taille réduit
fortement la colonisation du bois par Eutypa lata (-85%). De
même, Di Marco (2003) montrent que l'application d'une souche de
Trichoderma harzianum sur les plaies de taille empêche le
développement de Phaeomoniella chlamydospora.
> Lutte chimique
La lutte chimique est également une voie
étudiée, la difficulté résidant dans le fait que
les antifongiques traditionnels ne sont pas mobiles dans tout le système
de la plante (phloème et xylème)9. On cherche donc
à élaborer des fongicides systémiques phloémiens
doté d'une propriété particulière :
l'ambimobilité. De tels composés peuvent passer du liber
(phloème) vers le bois (xylème), et ainsi atteindre les
champignons parasites. Bien qu'il soit difficile d'effectuer les modifications
de structures moléculaires pour obtenir cette propriété
tout en conservant les propriétés fongicides de la
molécule initiale, les premiers résultats démontrent qu'il
est possible de créer de tels composés. Le fenpiclonil en
particulier, offre en effet des possibilités pour effectuer les
modifications de structure souhaitées (Jousse, 2004).
9 Les fongicides classiques sont soit de contact, auquel cas,
ils restent en surface des plantes traitées, soit systémiques
ascendants, c'est-à-dire véhiculés avec la sève
brute depuis les racines vers le feuillage. C'est ce qui explique que le seul
remède proposé jusqu'ici consiste en un badigeonnage des plaies
de taille, ceci afin de constituer une barrière pour stopper
l'envahissement par les spores de champignons parasites (Jousse, 2004).
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