1.8 Méthodes de lutte
1.8.1 Eléments d'information sur
l'arsénite de sodium
Du fait de la toxicité avérée de ce
produit, son emploi est interdit en France depuis le 8 novembre 2001 (avis au
J.O.R.F. du 23 novembre 2001). Les dérivés minéraux de
l'arsenic sont employés depuis très longtemps comme insecticide,
fongicide et défoliant en agriculture. Ces produits sont des agents
cancérogènes reconnus (Harmandon, 2004). Ils appartiennent au
groupe 1 des agents cancérogènes classés par l'Agence
Internationale de Recherche sur le Cancer pour l'Union Européenne (IARC,
1987). Des études récentes menées par la Mutualité
Sociale Agricole (MSA) ont montré que l'arsénite de soude
était dangereux pour la santé des utilisateurs en dépit
des précautions prises lors de son application (Herlemont, 2004-b). Il
était capable de tuer la plupart des champignons associés aux
maladies du bois dans le xylème comme le montrent les travaux de
Larignon et al., (2008). Il n'avait toutefois aucune efficacité
sur l'Eutypiose (Larignon, 2009), et sa réintroduction serait une
aberration, tant au niveau écologique qu'au niveau pratique (Viret,
2004).
1.8.2 Moyens de lutte actuellement
disponibles
Il n'existe plus de méthodes curatives depuis
l'interdiction d'utilisation de l'arsénite de sodium. La lutte est donc
essentiellement préventive à l'heure actuelle (Larignon, 2009).
Les mesures prophylactiques ont pour objectif de réduire la
quantité d'inoculum et de diminuer les risques de contamination. Bien
que considérées comme nécessaires, il est impossible
d'affirmer que ces mesures soient suffisantes comme moyen de lutte efficace
contre l'Esca et le BDA (Sentenac et al., 2004). Contrairement
à l'Eutypiose, la taille tardive, de même que la
désinfection des plaies de taille (par des mastics7 ou par
l'escudo8), s'avèrent inefficace sur l'expression des
symptômes foliaires de l'Esca ou du BDA (Dumot et Ménard, 2005).
On note également qu'aucune expérimentation n'a permis de montrer
l'efficacité de la restauration des souches par le recépage
vis-à-vis de l'Esca et du BDA, cette pratique étant par ailleurs
efficace vis-à-vis de l'Eutypiose (Creaser et Wicks, 2004).
D'après Larignon et al., (2009), le rôle des sarments
laissés au sol (pouvant héberger les sources d'inoculum des
champignons associés aux maladies du bois) sur la propagation de ces
maladies n'est pas connu. Enfin, selon Lecomte et al., (2006-b), le
compostage des sarments permet cependant d'éradiquer les champignons
associés aux maladies du bois.
1.8.3 Lutte en
pépinière
Des recherches sur les méthodes de lutte sont
menées également au niveau de la production des plants en
pépinières car les champignons pionniers de l'Esca et du BDA se
propagent par le matériel végétal (Larignon et
al., 2006). Parmi les traitements effectués sur le matériel
de propagation, le traitement à l'eau chaude réduit l'incidence
de Phaeomoniella chlamydospora lorsqu'il est effectué à
une température de 50°C pendant 30 minutes (Edwards et al.,
2004). Fourié et Halleen (2006) montrent également que des
bains de bénomyl, de captane ou de didecylméthylammonium
chloride, réduisent sa présence dans les tissus ligneux au niveau
de la soudure et à la base du plant. L'utilisation d'autres substances
actives comme l'eau de Javel, l'oxyquinoléine, des Trichoderma
ne montre pas d'efficacité vis-à-vis des champignons
associés aux maladies du bois (Larignon et al., 2008). Ces
mêmes auteurs indiquent que des traitements sont également
effectués sur les plants à la sortie de la
pépinière. Le traitement à l'eau chaude effectué
à une température de 50°C pendant 45 minutes montre
7Il existe des mastics cicatrisants contenant des
agents fongicides comme le Ramag C (carbendazime + thirame) ou le Nectec
(imazalil + azaconazol) (Viret, 2004).
8 Association de flusilazole et de carbendazime
une bonne efficacité vis-à-vis de Phaeomoniella
chlamydospora et de Botryosphaeria obtusa, mais il ne
présente pas d'efficacité à l'égard de
Phaeoacremonium aleophilum et de Neofusicoccum parvum.
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