1.7 Etiologie : étude des facteurs associés
à la condition pathologique
Les maladies de dépérissements impliquent des
pathosystèmes complexes pour lesquels il est nécessaire d'avoir
une approche globale de la plante dans son environnement. Cette
complexité est liée au développement systémique des
champignons dans les tissus du bois, à la similitude existant entre les
symptômes de l'Esca et du BDA et à leur non-permanence, ainsi
qu'à la difficulté d'identifier et de hiérarchiser les
facteurs biotiques et abiotiques impliqués dans ces maladies
(Guérin, 2004).
1.7.1 Facteurs étudiés pour les deux maladies
indistinctement (Esca/BDA)
> L'âge
Selon Morvan (2009), l'âge des ceps infectés
semble être le principal paramètre influençant l'expression
des symptômes. S'appuyant sur une étude de l'observatoire national
des maladies du bois, cet auteur constate que l'âge optimal d'expression
se situerait entre 15 et 20 ans. Il indique également que les
observations faites sur le réseau de parcelles de
référence du BIVB tendent à confirmer cette information,
avec toutefois un léger décalage : plutôt 20-25 ans. Il
conclut qu'il est hasardeux de vouloir comparer des parcelles qui n'ont pas le
même âge, car les différences d'âge sont susceptibles
de cacher l'influence des autres paramètres. D'après Larignon
(2009), l'Esca est généralement observé sur des vignes
âgées d'au moins 8 ans alors que le BDA peut être
observé sur des vignes âgées d'au moins trois ans. A propos
de l'Esca, Dubos (2002) note que l'apparition des symptômes a lieu sur
des vignes de plus en plus jeunes (dès l'âge de 4 ans).
6 Selon Adrian et Fournioux (2011), la thyllose consiste en la
formation de thylles, qui sont des invaginations de la membrane plasmique des
cellules bordant les vaisseaux du bois (parenchyme périvasculaire) dans
la lumière de ces derniers. Ces vaisseaux sont ainsi «
condamnés ». On note que l'origine de la thyllose peut être
naturelle (obstruction des vaisseaux les plus anciens) ou accidentelle
(accident climatique).
15%
14%
12%
11%
9%
8%
0%
6%
5%
3%
2%
(712 parcelles de référence)
(15 à 40 parcelles par cépages)
(300 ceps observés par parcelle)
Moyenne nationale = 4,84%
Figure 8 : Taux d'expression global des symptômes
des maladies de l'Esca et du BDA selon le cépage Source
: DGAL - SDQPV (2007) - Document non publié
2002 2003 2004 2005 2006 2007
(300 ceps observés par parcelle)
RVATI ON
PAS D'OBSE
Côte d'Or
Chardonnay
(29 parcelles)
Côte d'Or
Pinot Noir
(40 parcelles)
2,5% 2,0% 1,5% 1,0% 0,5% 0,0%
Figure 9 : Suivi des taux d'expression global de l'Esca
et du BDA en Côte-d'Or
Source : DRAF - SRPV Bourgogne (2007) - Document non
publié
> La sensibilité variétale
D'après l'observatoire national des maladies du bois,
4,7 % des ceps (0,2 à 20 % selon les cépages) expriment un ou
plusieurs symptômes de maladies du bois (Herlemont, 2004-a). Selon la
même étude, les cépages semblant les plus sensibles
à l'Esca et au BDA sont le Sauvignon, le Cabernet Sauvignon, le Chenin,
l'Ugni blanc et l'Auxerrois. Une étude épidémiologique
(non publiée) de la DGAL (Direction Générale de
l'Alimentation) et de la SDQPV (Sous-Direction de la Qualité et de la
Protection des Végétaux) menée au niveau national en 2007
montre que le taux moyen d'expression des symptômes observé sur le
réseau de parcelles de références (712 unités) est
de 4,84% (figure 8). On note qu'il existe d'importantes variations selon le
cépage concerné, avec un taux d'expression minimum de 0,46%
(Pinot Noir) et un taux maximum à 15,11% (Trousseau). En Bourgogne,
d'après l'étude (non publiée) menée par la DRAF
(Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la
Forêt) et le SRPV (Services Régional de la Protection des
Végétaux) en 2007, le Pinot Noir et le Chardonnay de
Côte-d'Or comportent des taux d'expression relativement faibles et la
situation semble stable (figure 9). Le Chardonnay de l'Yonne, quant à
lui, présente un taux d'expression de symptômes foliaires plus
important, proche de la moyenne nationale (figure 8).
> Le rapport Carbone/Azote dans les tissus
végétaux
Selon Goutouly (2010), ce rapport interagit fortement avec la
propagation des pathogènes, en orientant le métabolisme de la
plante. En effet, un C/N faible (nutrition azotée forte) favorise le
métabolisme de croissance. A l'inverse, un C/N élevé
favorise le métabolisme secondaire avec la production de composés
phénoliques. Ces conditions apparaissent lors de stress oxydatifs comme
les stress hydrique, azoté ou thermique. Les voies de biosynthèse
de ces composés sont communes à celles que la vigne met en place
pour limiter la progression de pathogène dans le bois
(biosynthèse de molécules de défense). Selon ce
raisonnement, les années aux conditions climatiques favorables à
la croissance conduiraient à une baisse des capacités de
résistances de la vigne vis-à-vis des maladies de
dépérissement. Ceci se traduirait alors par une augmentation des
symptômes foliaires, le complexe de pathogènes rencontrant moins
de résistance de la part de la plante. Inversement, les années
défavorables à la croissance favoriseraient la résistance
et entraîneraient une baisse de l'expression foliaire. Ce fonctionnement
écophysiologique pourrait expliquer, en partie du moins, les
fluctuations interannuelles des symptômes.
> Le sol
D'après Goutouly et al. (2007), les parcelles
à forte réserve utile, dont le sol est caractérisé
par une alimentation en eau non limitante, seraient plus atteintes par les
maladies du bois.
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