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L'influence de l'alimentation hydrique de la vigne sur l'expression foliaire des maladies de l'esca et du black dead arm

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par Jean Dufouleur
Institut Universitaire de la Vigne et du Vin - Licence des Sciences de la Vigne 2011
  

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2.2 Modélisation du bilan hydrique de la vigne (modèle « Lebon et al., 2003 »)

2.2.1 Contexte d'utilisation

L'application des outils de diagnostic du stress hydrique à la parcelle (mesure des potentiels hydriques de tige, dans cette étude) fournit une information précise mais momentanée. La multiplication des mesures étant difficilement envisageable sur l'ensemble de la saison (nombre de feuilles limité et conditions climatiques parfois défavorables), un modèle de bilan hydrique (Lebon et al., 2003) a été utilisé en complément, pour évaluer l'état hydrique de la vigne et la disponibilité en eau offerte par le milieu. Le bilan hydrique présente l'avantage de discriminer le degré de contrainte hydrique à travers trois composantes: l'époque, la durée et l'intensité.

13 Idéalement, cette feuille aura été prélevée quelques dizaines de secondes avant d'être placée dans l'enceinte (Choné et al., 2001-b).

Figure 12 : Schématisation des flux et des quantités d'eau considérés par le bilan hydrique.

ATSW = quantité d'eau accessible dans le sol à un moment donné ; TTSW = quantité maximale d'eau utilisable
dans le sol ; P = Précipitations ; R = Ruissellement de surface ; Tv = Transpiration de la végétation ;
Es = Evaporation du sol ; Ru = Réserve utile

Source : Payan et Salançon (2003)

Tableau 5 : Niveau de la contrainte hydrique de la vigne
Source : Riou et Payan (2001)

Niveau de la contrainte

FTSW (%)

Absence de contrainte

> 40

Contrainte faible

21 - 40

Contrainte modérée

7 - 21

Contrainte forte

< 7

2.2.2 Principe de fonctionnement

Le modèle de bilan hydrique repose sur l'acquisition de données simples et accessibles, caractérisant la parcelle sur les plans climatiques, édaphiques et agro-physiologiques (paramètres d'entrée). On considère le sol comme un réservoir qui se rempli grâce aux précipitations, et qui se vide continuellement en fonction de la demande climatique (évapotranspiration réelle, ou ETR). Le modèle délivre une estimation quotidienne de la fraction d'eau du sol utilisable par la plante, et il permet, de calculer un indice caractérisant le vécu de la plante par rapport a cette disponibilité en eau.

2.2.3 Equation de modélisation

La quantité d'eau disponible a un instant « t >> (Available Transpirable Soil Water, ou ATSWt) est égale a la quantité d'eau accessible dans le sol en début de saison (Total Transpirable Soil Water,ou TTSW), a laquelle on additionne des gains issus des précipitations (P) et retranche les pertes par transpiration de la végétation (Tv), évaporation du sol (Es) et ruissellement de surface (R) (figure 12). D'une façon générale, la TTSW décrit les potentialités hydriques de la parcelle.

ATSWt = TTSW + P - Tv - Es - R

On note ici que le modèle que nous utilisons (Lebon et al., 2003), ne prend pas en compte le ruissellement de surface (R) évoqué précédemment.

ATSWt = TTSW + P - Tv - Es

Le rapport entre la quantité d'eau du sol utilisable a un instant « t >> (ATSWt) et la quantité totale d'eau, lorsque le sol est au maximum de son état d'hydratation (TTSW), représente la fraction d'eau du sol utilisable par la plante a cet instant (Fraction of Transpirable Soil Water, ou FTSWt). Elle reflète l'évolution du stock d'eau qui se vide suite a des prélèvements par évapotranspiration et qui se remplit par des apports extérieurs (précipitations).

FTSWt = ATSW / TTSW
2.2.4 Paramètres d'entrée

Il est nécessaire d'initialiser le modèle avec un certain nombre de données relatives a la parcelle et a la période pour laquelle la modélisation va être effectuée.

> Données cimatiques

Ce groupe comprend les paramètres suivants (une valeur moyenne par jour) : précipitations ; température maximum et minimum ; évapotranspiration potentielle (ETP). (Il est possible de calculer ce dernier, a partir des températures minimales et maximales en utilisant les formules empiriques de Hargreaves fournies dans le modèle).

> Données édaphiques

La TTSW a été remplacée par la valeur de la réserve utile (RU). Celle-ci a été calculée a partir d'échantillons de sol prélevés sur l'ensemble des horizons constituants le profil pédologique de chaque parcelle, en utilisant des techniques de mesures des propriétés hydriques du sol en laboratoire (teneur en eau volumique au point de flétrissement et a la capacité au champ) (Ayachi, 2010).

> Données agro-physiologiques

Ce jeu de données comprend des informations relatives a la position géographique de la parcelle, a la densité de plantation, au gabarit de la végétation, a la phénologie spécifique du cépage concerné (somme des températures actives) et a la surface du sol (albédo, enherbement...). Le modèle tient compte de la croissance de la végétation et d'une régulation de la transpiration lorsque le sol s'assèche.

2.2.1 Paramètres de sortie

Le modèle simule l'évolution du bilan hydrique de la vigne, représenté par la FTSW (%) et délivre un indice de stress de la vigne (ISv : taux de conductance stomatique de la vigne variant en fonction de FTSW). Pour caractériser le niveau de la contrainte hydrique subie au cours de la saison, nous avons utilisé une classification proposée par Riou et Payan (2001) (tableau 5).

2.3 Observation et notation des symptômes d'Esca/BDA au vignoble

Selon le protocole mis en place pour ce suivi (réalisé depuis 2006), seuls 10 rangs des parcelles concernées ont été analysés (notion de micro-zone au sein de la parcelle de référence). On note que les micro-zones définies pour la mesure des potentiels hydrique foliaire de tige (Øt) sont inclues dans celles qui ont été définies pour le suivi des maladies du bois.

L'observation et la notation des symptômes ont eu lieu en fin de cycle végétatif (début septembre), une date tardive permettant de maximiser le nombre de symptômes exprimés. Les différentes formes de l'Esca et du BDA ont été discriminées (voir paragraphe 1.3 : Symptomatologie). Le nombre maximum de ceps implantables sur la micro-zone (notion d' « emplacements », ce chiffre étant relatif à la densité de plantation utilisée sur la parcelle), ainsi que le nombre de jeunes plants (exclu de la population sensible aux maladies du bois), de ceps manquants et de ceps morts (c'est-à dire n'ayant pas débourré : différent de l'apoplexie totale) ont également été comptés. Les taux d'expression des différentes formes des maladies du bois ont été exprimés par rapport à la population de ceps considérés comme sensibles aux maladies du bois (nombre total de ceps vivants sur la micro-zone, hors jeunes).

2.4 Traitement des données

Les données ont été traitées en utilisant le logiciels statistique Statbox v.7.1.9 et le tableur Excel 2010.

SL4

CD8

Figure 13 : Représentation graphique des résultats de mesures du potentiel hydrique foliaire de tige (Øt)
et de l'état hydrique de la vigne pour chaque date de mesure.

(Lignes à l'extrémité des segments: valeur maximale et minimale ;
ligne discontinue : médiane ; ligne en gras : moyenne ; cercles : valeurs extrêmes)

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