3.4. Autres travaux récents
Krueger et Lindahl (2003) soulignent le fait que les
estimations de l'influence du capital humain sur les taux de croissance de la
productivité et de l'ensemble de l'économie sont de beaucoup
inférieures aux estimations de cette influence sur les salaires et sur
d'autres résultats sur le marché du travail observés
à l'échelle individuelle. Cette disparité est du à
la qualité des mesures du capital humain employées dans les
modèles macroéconomiques de la croissance.
L'analyse des données de l'Enquête internationale
sur l'alphabétisation des adultes (EIAA) a déjà
montré qu'à la suite d'une évaluation directe, la
littératie (les capacités de lecture et d'écriture) et la
numératie (les capacités de calcul) avaient une influence
significative sur un éventail de résultats sociaux et de
résultats sur le marché du travail observés à
l'échelle individuelle et que cette influence l'emportait sur celle qui
est attribuable au niveau de scolarité.
La présente étude exploite pour la
première fois les propriétés de mesure
améliorées qu'offrent les résultats de l'EIAA afin
d'estimer l'influence du niveau et de la répartition de
compétences mesurées directement sur les taux de croissance de la
productivité et de l'ensemble de l'économie pour la
période de 1960 à 1995 dans un groupe de quatorze
économies très développées de l'OCDE. Les
résultats sont remarquables à deux égards.
( Premièrement, ils confirment que l'utilisation de
meilleures données sur des
compétences économiquement productives
réelles accroît l'importance du capital
humain pour la croissance en la rapprochant du niveau
observé à l'échelle
individuelle.
( Deuxièmement, ils donnent à penser que des
politiques visant à hausser le niveau moyen de littératie et de
numératie de la main-d'oeuvre et à réduire la proportion
de travailleurs qui se situent au niveau le plus faible pourraient
accroître considérablement les niveaux de croissance du PIB par
habitant
La présente analyse est approfondie lorsque les
données comparables sont publiées en décembre 2004,
tirées de l'Enquête sur l'alphabétisation et les
compétences des adultes (EACA)
En conclusion, les auteurs proposent des pistes de recherche
afin de mieux comprendre les effets différentiels, sur la croissance,
des indicateurs directs du capital humain par rapport aux indicateurs
fondés sur le nombre d'années de scolarité.
Le principal résultat de notre étude est le
suivant : dans les régressions de la croissance d'un sous-ensemble de
pays de l'OCDE, les mesures directes du capital humain fondées sur les
résultats en littératie sont meilleures que celles fondées
sur le nombre d'années de scolarité.
En outre, il semble que, dans l'ensemble, les indicateurs du
capital humain fondés sur les résultats en littératie ont
un effet positif et significatif sur le sentier de croissance transitoire et
sur les niveaux à long terme du PIB par habitant et de la
productivité du travail. La principale répercussion de ce
résultat sur la politique économique est que, contrairement aux
constatations antérieures - à part celles de la Fuente et
Doménech (2002) -, l'accumulation du capital humain compte dans le
bien-être à long terme des pays développés.
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