3.1.3. Le lien ouverture- croissance
Selon les critères de Sachs et Warner, une
économie est considérée comme ouverte si elle l'a
été sur l'ensemble de la période. Pour un pays
donné, l'indice dichotomique d'ouverture garde donc une valeur constante
(0 ou 1) entre 1970 et 1989.
Selon ces auteurs, les PED ouverts ont enregistré un
taux de croissance de 4,49 % par an (contre 0,69 % pour les PED fermés.
Au sein du groupe des économies ouvertes, les PED ont crû plus
vite que les pays développés (4,49 % contre 2,29 % par an). Ces
résultats amènent Sachs et Warner à affirmer : « Ceci
suggère qu'au sein du groupe des économies ouvertes, tant
développées qu'en développement, on devrait tendre
à observer une convergence économique (...) Les données
suggèrent que l'absence de convergence globale dans l'économie
mondiale au cours des dernières décennies pourrait bien
être la conséquence des régimes fermés
pratiqués par la plupart des pays pauvres ».
D'une manière générale, cette
étude, ainsi que les autres travaux économétriques de ce
type portant sur le lien entre ouverture et croissance35 butent sur
au moins quatre types de problèmes (Winters, 2004 ; McCulloch et McKay,
2004) :
Ainsi, les indicateurs d'ouverture utilisés reposent
largement sur des questions hors du domaine de la politique commerciale ; ainsi
Rodriguez & Rodrik (2000) montrent que l'effet de l'ouverture sur la
croissance mis en évidence par Sachs & Warner recouvre en fait
l'influence de facteurs géographiques.
3.1.4. Le débat de protection de libre
-échange
34 (voir Bouët et al. 2002)
35 (voir en particulier Edwards, 1998 ; Serranito, 2001)
Tout durcissement de la politique commerciale fait repasser
l'esprit d'un reflux autarcique et fait l'objet d'une correction de
principe.
Historiquement, la protection est la règle et le libre
échange l'exception. Les théories protectionnistes ne peuvent
pas, en définitive, être interprétées comme des
approches qui prônent l'insertion dans l'échange international.
Les approches protectionnistes nous semblent attirer
l'attention sur le contrôle du rythme de l'ouverture et la nature de
celle-ci. Au débat protection versus libre échange doit se
substituer une interrogation sur la détermination d'une bonne politique
commerciale, c'est-àdire une politique assez active pour
préserver la cohésion sociale interne, rechercher un
équilibre entre les forces sociales mais aussi assez souple pour
préserver une dynamique internationale d'ouverture.
Une littérature théorique abondante s'est
développée dans cette direction. Elle étudie la relation
ouverture-croissance économique. Les résultats des analyses sont
variables selon la structure des modèles, l'origine de la croissance,
les dotations et les conditions initiales des pays ou encore selon que les
connaissances technologiques sont communes à tous les pays où
qu'elles sont purement nationales.
En effet, dans les modèles de croissance avec
apprentissage par la pratique, les travaux ont montré que la situation
initiale d'un pays détermine la nature de sa spécialisation dans
le long terme et par conséquent son taux de croissance après
l'ouverture [Krugman, (1987), Lucas(1988), Young (1991)...].
La situation initiale peut conduire alors à une
mauvaise spécialisation d'une petite économie et peut l'enfoncer
dans le sous-développement. Dans ce cadre, les travaux
préconisent des politiques commerciales protectionnistes, au moins
temporairement, pour protéger les industries au stade de l'enfance.
En revanche d'autres travaux considèrent l'innovation
comme source de croissance et encouragent une politique d'ouverture
[Rivera-Batiz et Romer (1991a), (1991b), Grossman et Helpman (1990), (1991a),
(1991b), Feenstra (1990)...].
Au totale, dans cette littérature les résultats
montrent que l'intégration complète de deux pays identiques
permet de doubler leurs taux de croissance par rapport à ceux de
l'autarcie. Ainsi, l'existence de tarifs douaniers réciproques agit
négativement sur la croissance dans la mesure où ils ne font
qu'encourager l'activité d'imitation. Cette dernière
occupe une partie du capital humain, qui devrait être
consacré à la R&D ; elle diminue par conséquent le
taux de croissance économique.
On s'intéresse, dans la suite de développement
théorique, d'étudier la relation entre les deux facteurs dans la
zone M.E.N.A
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