3.1.2. Quel lien entre commerce et croissance ?
La théorie standard du commerce international souligne
les gains statiques procurés par une meilleure spécialisation de
chaque pays participant à l'échange qui voit son revenu national
s'accroître (modèle HOS à 2 pays, 2 facteurs, 2 biens par
exemple). Dans le meilleur
30 Bertrand Blancheton(2004) : « ouverture
commerciale, croissance et développement : malentendus et
ambiguïtés des débats »
Première Journée du développement du GRES. «
Le concept de développement en débat »p .p. (9-12)
31( analyse de Rodrik par exemple)
des cas, l'effet statique est cependant modeste32.
De plus, dans le cas d'un grand pays qui influe sur la détermination des
prix au niveau mondial, la libéralisation unilatérale peut avoir
un impact négatif33.
Dans le cadre des nouvelles théories du commerce
international, l'existence d'externalités implique que le commerce
international ne profite pas nécessairement à tous les pays
participant à l'échange. En présence de rendements
croissants, un pays plus efficient peut en effet ne pas pouvoir entrer sur le
marché d'un produit du fait de la présence d'un second pays qui
dispose d'une rente de situation sur ce produit (Krugman et Obstfeld, 1995).
Les théories de la croissance endogène (Romer,
1986, Grossman et Helpman, 1991) ont mis en évidence l'existence de
gains dynamiques (avec un impact sur la croissance du revenu et non plus
seulement sur son niveau), liés en particulier aux économies
d'échelle (hypothèse de rendements croissants) et à la
diffusion du progrès technique favorisée par le commerce (voir
Fontagné et Guérin, 1997).
Cependant, ces gains ne sont pas garantis et des
modèles inspirés de ces nouvelles théories montrent que
l'ouverture peut pousser les pays concernés vers une
spécialisation dans des secteurs peu dynamiques avec au total un impact
négatif sur la croissance (Rodriguez et Rodrik, 2000).
La large incertitude théorique confère une
importance particulière aux travaux empiriques sur le lien
ouverture-croissance, sachant qu'il est toutefois difficile de mettre en
évidence empiriquement les gains de l'ouverture en termes de croissance
pour les PED.
Face d'une absence de tendance générale au
rattrapage des pays industrialisés par les PED, ces travaux cherchent en
particulier à vérifier si le régime commercial joue un
rôle dans ce phénomène.
Le plus naturel dans cette perspective semblerait de prendre
comme variable explicative
le niveau moyen des droits de douane. Mais cette mesure est
à la fois partielle et imprécise :
+ en premier lieu, de nombreuses barrières non
tarifaires s'ajoutent aux droits de douane, qu'il s'agit de quotas, de licences
d'importation, ou tout simplement d'obstacles administratifs destinés
à discriminer les importateurs par rapport aux producteurs nationaux
.
32 Avec des hypothèses réalistes concernant le
niveau des droits de douane et la part des importations dans l'économie,
un simple calcul de surplus suggère que les pertes dues à la
protection commerciale sont inférieures à 1 % du PIB (Guillochon,
2001 ; Winters, 2004).
33 (Voir Verdier, 2004)
+ en second lieu, il existe un important décalage dans
les PED entre les droits consolidés et les droits appliqués, les
premiers sont connus avec précision tandis que les seconds sont par
nature beaucoup plus délicats à évaluer et à
agréger.
+ enfin, on ne mesure bien que les droits ad valorem, tandis que
les droits spécifiques
sont plus difficiles à mesurer puisqu'ils
nécessitent une conversion monétaire.
La construction récente de nouvelles bases de
données prenant en compte l'ensemble de ces formes de
protection34 permet d'envisager une plus grande utilisation des
mesures directes de la protection commerciale dans l'avenir.
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