Paragraphe 2 : Des acteurs aux objectifs
contradictoires
Lorsque les syndicats de travailleur et le
patronat entament des discussions, les négociations sont souvent
difficiles car ils défendent chacun des intérêts
différents.
D'un côté, les travailleurs cherchent à
améliorer leurs conditions de travail ou, du moins à
empêcher que celles-ci ne se dégradent. De l'autre, les
représentants des patrons souhaitent avant tout gagner en
efficacité économique pour être plus compétitifs.
Toute la difficulté des négociations est de
concilier ces deux positions. Un accord n'est possible que si les
intérêts des uns rejoignent ceux des autres.
Le patronat souhaite assouplir le marché du travail,
c'est-à-dire augmenter la période d'essai pour chaque
salarié, afin d'être certain du choix avant l'embauche
définitive. De même, les chefs d'entreprise souhaitent pouvoir
licencier plus facilement afin d'adapter l'emploi à la conjoncture
économique.
Actuellement, le patronat déplore la rigidité
des contrats qui dissuade les entrepreneurs à embaucher, de peur de ne
pas pouvoir rompre facilement le contrat de travail en cas de
difficultés.
A l'inverse, les syndicats et les salariés refusent
de perdre leurs acquis sociaux et rejettent toute mesure qui marquerait un
recul de leurs droits. Par exemple, ils sont contre l'allongement de la
période d'essai, considérée comme une période
où l'employeur peut facilement mettre l'employé sous pression.
Les revendications de chacun sont donc légitimes,
mais le rôle des "partenaires sociaux" est de trouver des points d'accord
pour faire évoluer le marché du travail. L'Etat n'intervient par
des lois qu'en dernier recours.
Finalement, les négociations entre partenaires sociaux
reflètent deux visions de l'avenir. La première vision,
pessimiste, voit l'avenir comme une menace. La situation va inexorablement
s'aggraver, les réformes imposent toujours de nouveaux reculs dans le
droit du travail pour les salariés.
La mondialisation est vécue comme une menace pour les
travailleurs : les salaires sont tirés vers le bas pour diminuer les
coûts ; la finance donne tout pouvoir à l'actionnaire, la
libre concurrence pousse les entreprises à revenir sur les
différents acquis sociaux des travailleurs.
Dès lors, la seule solution est la lutte des
travailleurs pour défendre leurs acquis.
La deuxième vision de l'avenir est plus positive :
la mondialisation a permis une croissance mondiale sans
précédent, de nombreux pays comme l'Inde ou le Brésil sont
sortis de la pauvreté, du moins une partie de leur population s'en est
sortie grâce à la multiplication des échanges à
l'échelle mondiale et à la croissance qui a suivi.
Même dans les pays développés, le
chômage a tendance à reculer, très faible aux Etats-Unis,
il tend à diminuer en Europe.
Fort de ce constat, les partenaires sociaux sont alors
décidés à discuter pour corriger les effets
négatifs de la mondialisation, à commencer par la
précarisation des relations de travail.
Les négociations entre partenaires sociaux ne peuvent
aboutir que si chacun consent à faire des concessions et prend en compte
les revendications du partenaire d'en face. Pour y parvenir, chacun doit se
défaire des idées reçues et des images caricaturales.
Tous les patrons ne sont pas des agents à la solde du
grand capital et tous les syndicats ne sont pas des organisations corporatistes
qui refusent toute réforme. En définitive, l'efficacité du
dialogue est proportionnelle à la capacité d'écoute de
tous les partenaires sociaux.
Dès lors, il convient de poser la question du sort du
salarié gréviste.
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