1.3. Cadre théorique.
Les thèmes de perceptions sociales, appliqués
à la notion de Réserve de Biosphère dans un petit pays en
développement comme le Bénin, sont au centre de notre
démarche. Etant donnée la persistance des pratiques destructrices
des Ressources Naturelles par les populations riveraines malgré la
gestion participative, le fort taux de leur représentativité, la
pauvreté, les maladies, le manque de qualification des jeunes, la
persistance de la morosité économique qui caractérise
l'environnement (villages riverains) du Parc National de la Pendjari. Ceci
implique une vision élargie du bien-être humain, une perspective
à long terme des conséquences des activités actuelles et
une coopération globale pour parvenir à des solutions viables.
D'où la participation des populations riveraines en
générale et des jeunes en particulier, de même que les
différents acteurs de l'environnement de la Réserve de
Biosphère de la Pendjari, à la prise de décision qui
représente une condition nécessaire à l'efficacité
de la démarche.
En effet, ces conceptions invitent à considérer que
la prise en compte des perceptions et des représentations des uns et des
autres par rapport à la Réserve de Biosphère de la
Pendjari est un élément essentiel pour la
durabilité de la conservation des ressources naturelles. A cet
égard, le thème de Jean-Pierre PAGES (1993) nous servira de cadre
théorique. Celle-ci montre que les discours des uns et des autres sont
à prendre en compte et que c'est leur ensemble qui forme le champ de
controverses. Que l'on s'intéresse aux activités de jeunesse,
génératrices de revenus aux alentours de la Réserve de
Biosphère, à sa gestion, à la Réserve
elle-même ou bien à l'éducation environnementale, on
retrouve toujours les mêmes mécanismes systématiques.
En analysant par différence les opinions, on cherche
à comprendre comment se construisent les représentations
individuelles et les représentations sociales. Ainsi, dans son analyse,
Jean-Pierre PAGES (1993) cherche à faire ressortir, à partir de
l'observation des débats publics, ces structures caractéristiques
du phénomène de l'opinion. L'origine est alors
appréhendée comme l'aboutissement d'un processus instable,
produit de l'interaction entre forces terrestres (faits et valeurs) et forces
célestes (symboles porteurs de sens). Le processus n'est autre que les
représentations sociales si on se place au niveau de la
société.
C'est donc autour du concept de représentation,
assimilé à un processus que se construit la théorie de
Jean-Pierre PAGES (1993). Les représentations sociales assurent
l'interférence entre le mode intérieur et le mode
extérieur de l'individu, ou entre le système des idées et
le système des valeurs caractérisant l'ensemble des individus
sociaux. Dans la lecture des médias ou à travers les
questionnaires, Jean-Pierre PAGES (1993) cherche à extraire des conflits
représentatifs de l'ensemble des thèmes de discussions qui
circulent dans l'opinion.
Comment saisir les opinions ? L'approche mécaniste du
model Stimuli Personnalité Réponse semble alors
singulièrement réductrice pour comprendre le jeu des opinions.
Confronté à un univers conflictuel, l'individu serait
attiré ou repoussé (valeur) par de différents symboles,
porteurs de sens. Sa prise de position, son engagement politique qui
sanctionnent cette attirance ou cette répulsion vont lui permettre
d'accéder à une certaine connaissance. Et c'est ainsi, en donnant
son opinion qu'il va participer à la (re) construction de ses
représentations. L'approche constructiviste semble donc la plus
adaptée pour saisir le phénomène de l'opinion
(différenciation) entre individu et groupes sociaux et le processus de
construction du sens (connotation), dans un champ donné.
On voit qu'on respecte ainsi l'idée selon laquelle la
signification pour l'individu d'un conflit, à la fois,
précède et suit la prise de position. On pourra alors faire
émerger à partir des enquêtes, les jeux d'opposition entre
symboles d'une part et valeurs de l'autre, qui s'organisent selon quelques
axes. Les structures de l'opinion publique nous apparaissent alors comme
essentielles dans une réflexion sur l'éducation environnementale
des jeunes des villages riverains de la Réserve de Biosphère de
la Pendjari.
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