1.2. Etat de la question.
La Réserve de Biosphère de la Pendjari est le
deuxième Parc National de la République du Bénin
après la Transfrontalière du W (RBT / W). Avec la gestion
participative, les populations riveraines bénéficient de
centaines de mille de francs par an par le biais des Associations Villageoises
de Gestion des Réserves de Faunes (AVIGREF) ; ce qui leur
permet de réaliser de micro-projets de
développement. En dépit de ces avantages et «
malgréles multiples patrouilles, déguerpissements et
arrestations d'hommes, le braconnage et la
transhumance bien que réduits continuent » (SINSIN
& KASSA 2002 ; EL-HADJ ISSA, 2005) « contrairement aux
espérances de classement » (KOUDENOUKPO-BIAO, 2002 ; ELHADJ ISSA,
2005). C'est dans ces conditions que nous nous sommes poser la question de
savoir s'il n'est pas nécessaire d'éduquer surtout la
génération montante à la protection des Réserves de
Biosphères d'autant plus qu'apparemment, personne n'en parle encore
véritablement ou du moins pas assez .
En effet, lorsque l'on s'intéresse à
l'étude des Réserves de Biosphère, on se rend compte de
l'existence d'une littérature abondante, abordant des thématiques
aussi variées que diverses. Au nombre de celles-ci, nous pouvons
évoquer la " gestion", la "conservation", la "participation des
populations riveraines à la gestion", la "réserve de
biosphère et le développement local", "l'importance
socio-économique des réserves de biosphère", etc. A ce
propos, évoquons ici quelques auteurs béninois. Il s'agit
notamment de ABDOULAYE (1982) qui s'est intéressé à «
La contribution de la faune au développement socio-économique de
la République du Bénin ». Dans son étude, il arrive
à la conclusion que la faune sauvage « [...] constitue pour notre
pays un immense trésor. Sa prise en main comme secteur économique
pour notre développement ne serait pas une illusion ». Il montre
par ailleurs l'importance et l'apport du tourisme basé sur la faune
à notre économie. Il démontre enfin la capacité de
celui-ci à engendrer un développement économique.
A sa suite et comme pour rester dans le même sillage que
lui, FADJEBE (1985) a aussi axé son étude sur « L'impact des
parcs nationaux et zones cynégétiques sur l'économie
nationale en république du Bénin ». Son objectif
étant de voir la contribution des réserves fauniques et des
activités cynégétiques à l'économie
béninoise, il est arrivé à la conclusion que les Parcs
sont d'énormes sources de richesse pour le Bénin. Il
préconise l'élaboration et la mise en oeuvre d'une bonne
stratégie de leur gestion, soutenu par le gouvernement.
SIDI & SIRA (1995), ne dérogeront pas à la
règle. Ils s'intéressent à une « Etude
socio-économique pour la mise en oeuvre d'un projet de chasse
villageoise dans la zone de Siri ». Ils aboutissent à la conclusion
qu'il y a un manque d'enthousiasme de la part des populations de la zone de
Siri pour la mise en oeuvre d'un tel projet. En effet, il y a une grande
dépendance des populations vis à vis des ressources naturelles.
Ils notent cependant une pauvreté extrême, un faible
développement des ressources humaines et la mauvaise impression qu'ont
les populations des forestiers à cause des répressions dont elles
sont victimes.
S'intéressant justement au « Rôle de la
chasse dans le développement durable en rapport avec une politique
d'aménagement des Aires Protégées : cas de la zone
cynégétique de la Djona », DEMBA DIALLO (1998) conclu que la
chasse peut être un facteur de développement durable pour le
Bénin. Elle peut également intervenir dans l'aménagement
du territoire et la gestion de l'espace protégé ou non, pour la
mise en place concrète d'une
politique nationale de l'environnement. Il propose pour la
concrétisation de ses idées, la création d'une association
des chasseurs de la zone.
Comme pour répondre à la préoccupation de
DEMBA DIALLO (1998), quatre ans après, NATTA (2002) s'intéresse
à « La gestion participative des Aires Protégées au
Bénin : étude de cas des AVIGREF des villages riverains au parc
national W ». Il conclut que l'expérience des AVIGREF a
été peu concluante dès le début de
l'expérience parce que les pisteurs étaient insuffisants ; ce qui
ne permettait pas un quadrillage entier du Parc. Les populations locales se
sentent par ailleurs privées d'une partie de leurs terres cultivables,
de pâturage et de viande de brousse.
Enfin, KARIM N & Coll. (2005) reviennent sur «
L'importance socio-économique de la Réserve de Biosphère
Transfrontalière du W (RBT / W) : cas de la zone d'Alfakoara ».
L'objet de cette étude était de contribuer de manière
générale à la conservation et à la gestion
rationnelle des ressources de la Réserve de Biosphère
Transfrontalière du W. De façon spécifique, il s'agissait
pour eux d'identifier les différentes ressources convoitées par
les populations de la zone d'Alfakoara, évaluer les
intérêts socio-économiques liés à la gestion
de la Réserve, déterminer les rôles que jouent les
populations dans la conservation de ces ressources et enfin, proposer des
améliorations des intérêts socio-économiques. Ainsi,
ils arrivent à la conclusion que les populations d'Alfakoara sont
pauvres et utilisent les ressources du parc pour s'alimenter, s'abriter ou se
soigner, nourrir leurs animaux domestiques, fertiliser leur sol, etc.
Par ailleurs, des auteurs contemporains ont également
abordé la question des Réserves de Biosphère. Dans leur
grande majorité ils se sont intéressés aux aspects
économiques, conservateurs de la faune et de la flore. Ils abordent
également l'éducation environnementale de même que la
gestion des parcs notamment celle dite participative qui paraît la mieux
adaptée de nos jours parce qu'impliquant les populations au processus.
Par exemple, RUTTEN (2002) s'est intéressé aux pasteurs
Massaïs du Kenya et s'est posé la question de savoir si
l'écotourisme n'est pas un nouveau revers pour ceux-ci. Il
dénonce le fait que quel que soit le type de gestion mise en oeuvre, les
populations riveraines sont de toute façon les derniers
bénéficiaires même si l'on fait croire qu'elles en sont les
premiers. Il peint à cet effet la situation du Kenya depuis les temps
coloniaux jusqu'à l'apparition de l'écotourisme.
RIERA & ALEXANDRE (2007) font un rappel historique de la
création des Parcs et un point des différents textes
conventionnels. Leur objectif est de mettre à la disposition des
pratiquants du domaine des réserves naturelles et de la protection de la
nature, un outil efficace de gestion. LAI Q. (2003) montre que la participation
des populations à la gestion des Réserves de Biosphère est
déterminante et très importante. Il présente à cet
effet, les expériences de la Chine en la matière.
MICHELOTTI (2005) quant à lui présente la
situation de la Réserve de Biosphère de la ceinture verte de Sao
Paulo qui, victime de son succès, accueille de plus en plus de
visiteurs. Alors, un projet de formation au tourisme est initié et vise
à sensibiliser les jeunes à la fragilité de leur
environnement tout en les sortant de la pauvreté.
Enfin, parlant précisément de l'Education
Environnementale, évoquons Sauvé & Coll. (2003) qui se sont
intéressé aux propositions internationales au sujet de
l'Education Relative à l'Environnement (ERE). Leur article s'intitule
« Environnement et développement : la culture de la filière
ONU ». En effet, considérant l'importance et l'influence
internationale des conférences et documents de l'UNESCO-PNUE en raison
de leur impulsion à la légitimation, à
l'institutionnalisation, et au développement de l'éducation
relative à l'environnement, considérant également le fait
que les propositions qui en émanent agissent encore en tant que balises
pour concevoir et mettre en oeuvre des programmes et des projets dans les
différentes régions du monde, ils ont jugé
nécessaire d'examiner la teneur de ce discours formel et d'en engager
une discussion critique. Ainsi, ils entreprennent l'analyse de la teneur des
propositions internationales au sujet de l'Education Relative à
l'Environnement. Les principaux résultats auxquels ils sont parvenus
montrent que dans les propositions internationales liées à
l'Education Relative à l'Environnement, l'éducation est
généralement considérée comme un instrument au
service de la protection de l'environnement. L'environnement à son tour,
est généralement associé à un ensemble de
problèmes, de gestion des ressources, que le développement
permettra de résoudre. Quant au développement, il est
lui-même mal défini ou encore, il est principalement
associé à une croissance économique soutenue. Par
ailleurs, ils mettent en lumière certains éléments qui
sont généralement négligés dans les propositions
internationales. Il s'agit en effet de points de vue complémentaires ou
divergents. Leur étude s'avère particulièrement pertinente
au regard des réformes éducatives qui s'opèrent
actuellement dans de très nombreux pays.
BA (1998), abordant également la question dans le
volume 1 de la Revue Education Relative à l'Environnement (1998 -1999),
présente les questions fondamentales qui se posent au Sahel en
matière de recherche en éducation environnementale. Dans son
article intitulé « La recherche en éducation
environnementale. Interrogations au Sahel », il met d'abord en relief les
situations particulièrement graves du Sahel en ce qui concerne les
défis environnementaux qui ont pour noms : désertification,
croissance démographique accélérée, pollution,
manque d'hygiène, assainissement déficient, non accès aux
ressources naturelles etc. Il évoque ensuite le vaste mouvement qui
s'est développé dans ce pays en faveur de l'éducation
environnementale autant en contexte non formel que formel avant de
déboucher sur les recherches-actions qui ont été
mené dans l'optique d'apporter des réponses satisfaisantes quant
aux biens fondés des options envisagées ou des hypothèses
formulées. Puis il débouche sur la littérature existante
relative à l'éducation environnementale au Sahel. Celle-ci montre
que des efforts de réflexions ont été fait dans plusieurs
domaines. Il s'agit par exemple de la définition des concepts, les
approches méthodologiques, etc. Selon lui, toutes ces questions doivent
être clarifiées en vue de favoriser la vulgarisation de
l'éducation environnementale. Il expose enfin les centres
d'intérêts au Sahel et les termes dans lesquels se posent les
questions. A cet effet, il évoque la variation sensible (parfois
importante) dans la définition explicite du concept d'éducation
environnemental, les politiques et stratégies en éducation
environnementale, les questions relatives à l'éducation et au
système éducatif, la gestion de l'environnement. Il aboutit
à la conclusion :
- « qu'il y a bien une vision d'ensemble qu'il convient
d'adopter au risques de retomber dans des approches parcellaires
»,
- qu' « un diagnostic permettrait tout à la fois
d'établir le profil des types de chercheur requis et les besoins de
recherches pour faire avancer l'éducation environnementale
»,
- que « afin d'assurer un plaidoyer pour
l'environnement, il importe d'entamer des recherches sur les politiques, leurs
mesures d'accompagnement et leurs éléments facilitateurs de
projets pédagogiques. ». Il précise pour finir que
« dans un effort de synergie régionale, les différentes
interrogations passées en revue ont permis de démarrer un
programme régional de recherche en éducation environnemental au
Sahel (PREES) ».
AUDET (1994), s'est intéressée à
l'exécution des programmes d'environnement et de développement
durable. Dans son mémoire qui s'intitule « Education à
l'environnement et tourisme, conception d'un modèle d'intervention en
Sagamie, Québec », présenté comme exigence partielle
pour l'obtention du grade de maîtrise en études régionales,
elle aborde la
question du Développement tel que nous l'avons connu
jusqu'à maintenant. Elle souligne que « le Développement
dans son anarchie, sape les fondements même de notre patrimoine
naturel ». Le leitmotiv et les conclusions de son document soulignent
que le domaine touristique peut, dans son essence même, servir de soutien
à un programme d'environnement et de développement durable. C'est
pourquoi, dans un premier temps, elle a tiré d'écrits
spécialisés une définition opérationnelle du
développement durable et de son « outil de propagation,
l'Education Relative à l'Environnement (ERE) ». Afin de bien
cerner l'Education Relative à l'Environnement, elle a
étudié différentes activités d'éducation
à travers le monde et la façon avec laquelle elles étaient
appliquées concrètement. Par la suite, elle a cherché
à évaluer si l'activité "tourisme" telle que nous la
connaissons dans les sites du patrimoine naturel qu'elle exploite correspondait
aux principes de développement durable et à la diffusion de
l'Education Relative à l'Environnement. Pour elle, en
privilégiant ce secteur, cela nous permettait d'atteindre une population
extrascolaire difficilement accessible dans les réseaux
d'éducation habituels. Ensuite, elle s'est surtout attardée
à définir comment elle pourrait concilier son approche actuelle
avec le projet de l'Education Relative à l'Environnement. Dans cette
optique, elle propose quatre sites touristiques comme cadre pour le
développement d'un futur programme d'Education Relative à
l'Environnement en Sagamie. Toutefois, elle précise que le terme
régional n'implique pas de limite géographique à
l'information transmise dans ce circuit. Selon elle, l'Education Relative
à l'Environnement doit, au contraire, tisser des liens entre le
déséquilibre de leur écosystème régional et
celui que l'on observe dans d'autres parties du monde. Elle précise
également que c'est parce que plusieurs spécialistes se sont
penchés sur le "langage" et les moyens à utiliser dans le domaine
de l'Education Relative à l'Environnement qu'elle a jugé
important de terminer son analyse de la question par les différents
moyens de bien véhiculer l'information. L'idéal d'un tel circuit
touristique, dans sa volonté de changement, répondant aux
préoccupations centrales de la Conférence des Nations Unies sur
l'environnement et le développement de 1992, elle a mis en
évidence les 25 principes qui sont ressortis de l'Action 21 du Sommet de
Rio. Précisons pour finir que son travail a été
préparé en réflexion avec les différentes
activités d'organismes, entre autres l'UNESCO, qui ont
créé un moment d'arrêt (par exemple la Conférence
des Nations Unies sur l'environnement et le développement qui s'est
tenue à Rio de Janeiro en juin 1992) afin d'analyser le
développement tel que nous l'avons connu jusqu'à maintenant.
En définitive, on note de façon
générale l'existence de beaucoup de travaux sur les
Réserves de Biosphère et l'Education Environnementale dans le
monde. Il s'agit entre autres
des mémoires de maîtrise, de DEA ou même de
doctorat, des articles scientifiques, des rapports de stage etc. Mais en ce qui
concerne le cas particulier du Bénin, beaucoup de travaux ont
été réalisé dans le domaine des Réserves de
Biosphère, abordant des thèmes aussi variés que divers.
Nous citons entre autres "l'importance socio-économique et le rôle
que jouent les Réserves de biosphère dans le développement
des villages riverains" par exemple. Par rapport à la gestion, ces
travaux mettent l'accent sur "la gestion participative ou la cogestion" sans
pour autant aborder de façon claire et précise le rôle des
jeunes dans le processus de conservation et de gestion des ressources
naturelles. Cependant, peu de travaux sur l'Education Environnement en
général et celle des jeunes en particulier existent. De
même, la plupart des documents sur l'éducation environnementale
que nous avons consulté dans les cadre de ce mémoire, n'abordent
la question sous un seul angle, celui de l'éducation à
l'environnement en tant que moyen ou instrument de protection de la nature, de
l'environnement entendu dans son sens général, comme tout ce qui
nous entoure (eau, aire, sol, etc.). Peu de travaux en effet abordent le sujet
sous l'angle d'instrument pour la protection et la conservation des Ressource
Naturelles des Réserves de Biosphère. Et c'est justement ce que
nous essayons d'aborder dans ce mémoire.
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