2.2.2 La Réserve de Biosphère de la
Pendjari.
2.2.2.1 Le milieu physique.
La Réserve de Biosphère de la Pendjari (RBP),
souvent appelée « Parc National de la Pendjari » (PNP) est
située à l'extrême Nord-Ouest de la République du
Bénin (cf. figure n°1 en annexes). Ses limites géographiques
sont comprises entre 10 degrés 30' et 11 degrés 30' latitude
Nord, 0 degré 50' et 2 degrés 00' longitude Est. Elle fait partie
du plus grand ensemble d'Aires Protégées de l'Afrique de l'Ouest,
à savoir l'écosystème W-Arly-Pendjari. « Ce grand
ensemble regroupe outre la RBP, la Réserve de Biosphère
Transfrontalière "W", partagée par le Bénin, le Niger et
le Burkina Faso ainsi que les Aires Protégées de statut
divers au Burkina Faso ( Pama, Arly, Singou), voire du Togo
(Oti, Kéran, Mandouri) ». (Parc National de la Pendjari,
2005).
Au total, ces aires occupent une superficie d'environs
cinquante mille kilomètres carré (50.000 Km2), dont
douze milles cinq cents kilomètres carré (12.500 Km2)
au Bénin. Un dixième (1/10) de cette superficie soit environ cinq
milles kilomètres carré (5.000 Km2) est
constitué par la RBP. En Afrique de l'Ouest, un écosystème
protégé de taille comparable n'existe qu'en Côte d'Ivoire
avec le Parc National de la Comoé.
Créées comme Aires Protégées
à partir des années 50 avec l'objectif initial de servir de zones
de chasse à l'administration coloniale, les parties de l'ensemble ont
connu des sorts différents selon leurs statuts, leurs modalités
de gestion et leurs réalités socio-économiques dans les
zones riveraines. Favorisé entre autres par des facteurs naturels,
empêchant une utilisation soutenue par l'homme, le PNP est aujourd'hui la
partie la plus intacte de ce grand ensemble transfrontalier. Il est
nommé Réserve de Biosphère en 1986. Néanmoins, il
n'a pas non plus échappé dans son ensemble à la
dégradation progressive essentiellement anthropogène,
provoquée par un manque de moyens de conservation, par l'absence d'une
stratégie appropriée de gestion et par la non implication des
populations riveraines.
2.2.2.2 Le milieu humain : la zone riveraine.
La zone riveraine est définie comme l'espace
périphérique de la réserve où résident les
populations dont les activités ont une influence sur la réserve
notamment dans l'exploitation des ressources naturelles. Cette « aire de
transition » selon la terminologie de MAB-UNESCO est alors
constituée de l'ensemble des villages limitrophes, élargi aux
localités voisines si des raisons d'ordre historique, culturel et
politique leur confèrent également des droits sur les
ressources.
Autour de la réserve, vivent les populations qui
comptent parmi les plus pauvres du Bénin selon les indices disponibles
(PNUD, 2000). Il s'agit d'environ 30.000 riverains directs, ou 5.000 familles,
qui exploitent régulièrement les ressources de la réserve.
Avec 14 habitants au Km2, la densité est plutôt faible
par rapport à l'ensemble du pays. La croissance démographique se
situe autour de 3 %.
Suivant deux axes (Tanguiéta-Batia et
Tanguiéta-Porga), la zone riveraine abrite les villages suivants, juste
en bordure de la réserve (cf. figure n°2) :
+ Axe Tanguiéta-Batia :
(considéré par l'étude) Tanguiéta, Bourniessou,
Nanébou, Tchanwassaga, Pessagou, Tanongou, Tchafarga, Sangou,
Kolégou et Batia.
+ Axe Tanguiéta-Porga :
Sépounga, Tiélé, Mamoussa, Tounséga, Dassari,
Nagasséga, Pouri, Firihiun, Daga et Porga. D'autres villages et hameaux
sont plus éloignés mais exercent une influence sur les ressources
naturelle de la réserve. Il s'agit de Tétonga, Tantéga,
Tankouari, Setchéndiga, Pingou (Nouriahoun et Mounsahou), Tchtingou.
Trois principaux groupes ethniques vivent dans la zone riveraine
de la Zone Cynégétique de la Pendjari :
+ Les Bialbe (65 %), qui parlent le biali, sont
installés dans le bassin de l'Oti dans les communes de Tanguiéta
et de Matéri, le long de la piste Tanguiéta-Porga (Parc National
de la Pendjari, 2004) ;
+ Les Gourmantchés (23 %) à Tanongou dans la
commune de Tanguiéta et le long de la piste Tanguiéta-Batia,
ainsi qu'à Kaobagou dans la commune de Kérou située
à l'Est de la chaîne de l'Atacora (Parc National de la Pendjari,
2004) ;
+ Les Wama (7 %) dans la commune de Tanguiéta et dans la
zone de Siri (Parc National de la Pendjari, 2004).
A ces principaux groupes s'ajoutent les éleveurs
peulhs, plus ou moins sédentaires, auxquels les autres ethnies confient
leurs bovins pour gardiennage. Tanongou est un centre majeur d'échange
entre les peulhs et les autres ethnies. A Tanguiéta et d'autres centres
ruraux, on trouve des commerçants Dendis, dont la langue devient de plus
en plus la langue vernaculaire de la zone. Outre le village de Kaobagou qui est
dirigé par un roi, les communautés autochtones riveraines de la
Réserve de Biosphère de la Pendjari n'ont pas une structure
d'organisation traditionnelle hiérarchisée. Les chefs de lignage
et les chefs de cultes sont les personnalités les plus influentes de la
société. Toutes ces ethnies à l'exception des peulhs, ont
de fortes traditions séculaires.
![](Education-environnementale-des-jeunes-pour-la-protection-des-ressources-naturelles-de-la-reserve-de4.png)
Figure n°1 : Réserve de
Biosphère de la Pendjari et villages riverains.
Source : Service écologie de la R B P, 2008.
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