2) Typologie des IED
Au-delà de la recherche du profit, trois grandes
catégories de raisons économiques sous-tendent les
investissements étrangers directs :
· La recherche de compétitivité
globale : cette recherche peut se manifester par la segmentation des
chaînes de production et la localisation de filiales sur les sites
disposant du moindre coût de production. Elle peut également
prendre la forme d'une diversification du risque (lié aux devises,
à des facteurs politiques et sociaux ou à des facteurs
économiques). De même, la recherche de compétitivité
peut se faire par la localisation d'activités de recherche et
développement (R&D) dans des centres de compétences reconnus,
liés au développement dans un pays d'un savoir-faire
spécifique ou d'un « cluster » d'activités.
· L'accès aux marchés :
les IED peuvent être motivés par la recherche d'un meilleur
accès à un marché, qu'il soit national, régional,
ou formé par une zone de libre échange. Le besoin
d'approvisionner le marché par l'établissement d'une filiale peut
être justifié par des barrières commerciales, la
nécessité de produire des biens adaptés au marché
local, des coûts de transports, ou une combinaison de tous ces
facteurs.
· L'accès aux ressources :
certaines ressources ne sont disponibles que dans certains pays, et leur
exploitation exige des IED. Ces ressources peuvent aussi bien être des
matières premières, une localisation géographique
particulièrement adaptée aux besoins d'un investisseur, des
infrastructures, ou encore une main d'oeuvre suffisamment productive à
bas coûts.
Les structures engagées dans les opérations
d'investissements étrangers directs peuvent elles-mêmes être
classées dans quatre grandes catégories :
· Les multinationales globales
regroupent les grands groupes mondiaux dont les opérations et
filiales s'étendent sur plusieurs continents. Certaines sont des «
marques globales » comme Accor, Arcelor-Mittal, BNP Paribas, Coca-Cola,
Citigrade, General Electric, HSBC, Intel, Microsoft, Nestlé,
Procter&Gamble ou Sony. Elles opèrent aussi bien dans l'industrie
lourde que dans la manufacture ou les services. D'autres sont des
sociétés globales également, mais sont moins connues du
grand public et opèrent sur des niches plus spécifiques, telles
que Firmenich (fragrances et arômes), Lafarge (matériaux de
construction) ou Pulse (composantes électroniques).
· Les multinationales régionales
ont un champ géographique d'activités plus restreint
mais sont des acteurs importants sur leur zone. Elles portent aussi en elles le
potentiel pour devenir des multinationales globales. Parmi les multinationales
régionales en Afrique, on compte des sociétés comme Access
Bank (Nigéria), MTN (Afrique du Sud) ou Imperial Holdings (Afrique du
Sud).
· Les investisseurs transfrontaliers
sont principalement des sociétés de taille relativement
limitée qui n'ont pas l'ambition de devenir de grandes multinationales,
mais qui saisissent des opportunités d'investissement dans leur
voisinage géographique ou culturel immédiat. Le Burkina Faso
attire bon nombre d'investisseurs étrangers de cette
catégorie.
· Les entrepreneurs sont des
ressortissants étrangers qui désirent s'établir dans un
pays pour y créer une entreprise. Bien qu'ils apportent en
général un capital relativement modeste, ils peuvent être
porteurs de projets très bénéfiques au pays d'accueil. Ce
type d'investissements étrangers représente des montants
insignifiants au niveau global, mais peuvent être importants pour
dynamiser l'économie d'un PMA. La majorité des pays
industrialisés ont également mis en place des programmes
spéciaux en matière d'immigration pour accueillir ces
entrepreneurs.
Il est à l'heure actuelle illusoire de penser que le
Burkina Faso pourrait attirer les IED de multinationales globales ou
régionales qui ont pour objectif l'amélioration de leur
compétitivité. La participation du Burkina Faso dans les
chaînes de production globales n'est pas encore à l'ordre du jour.
Les destinations bénéficiant de ce genre d'IED sont des
économies comme la Chine, le Mexique, la Thaïlande ou le Viet Nam
où les infrastructures sont bien développées, la main
d'oeuvre relativement qualifiée et bon marché. Dans une mesure
encore limitée pour le moment, le Burkina Faso pourrait cependant
intéresser certaines de ces sociétés dans le contexte d'un
accès au marché national ou régional, et dans le contexte
d'un accès aux ressources - en particulier les mines et le coton.
A moyen et long terme, le Burkina Faso pourrait
également se positionner pour intégrer les chaînes de
production de multinationales régionales et devenir une destination de
diversification du risque. La participation du pays à l'UEMOA et
à la CEDEAO offre également la possibilité de devenir une
plate-forme d'accès au marché régional pour des
multinationales régionales ou globales.
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