2. Structure interne
Le trayon est occupé en grande partie par le sinus
lactifère qui comporte une partie
glandulaire ou citerne du pis et une partie papillaire ou sinus
du trayon.
Si d'un point de vue anatomique la citerne du pis appartient
au trayon, cette cavité est en réalité logée dans
la partie distale de la mamelle, où elle reçoit les conduits
lactifères du parenchyme mammaire. Elle est séparée du
sinus du trayon par un repli annulaire.
Le sinus du trayon est situé dans le corps du trayon.
Revêtue d'une muqueuse jaunâtre, sa paroi est pourvue de replis
longitudinaux effaçables par la distension.
L'épaisseur de la paroi du trayon est essentiellement
composée des faisceaux de fibres musculaires disposées
irrégulièrement sur la longueur du trayon puis, progressivement,
en anneau vers son extrémité pour former, autour du canal, un
sphincter. Ces fibres musculaires permettent au trayon de se rétracter
(fonction facilement visible après la traite). La paroi est
également richement vascularisée et innervée. L'important
réseau vasculaire du trayon voit son débit sanguin augmenter sous
l'effet de l'adrénaline lors de la traite. Il s'ensuit une
légère érection du trayon, ce qui assure sa meilleure
tenue dans la bouche du veau mais aussi dans le manchon trayeur. Le
système nerveux est lui surtout représenté par des
terminaisons sensitives. Ces terminaisons nerveuses sont à la base
du réflexe de l'ocytocine et de
l'éjection du lait.
Le sinus du trayon communique avec l'extérieur par le
canal du trayon. L'orifice externe du trayon et le canal du trayon constitue
l'unique voie de communication entre les germes pathogènes
extérieurs et la mamelle. Le canal du trayon joue donc un rôle
important dans les moyens de défense contre la contamination de la
mamelle par des germes pathogènes.
Le canal du trayon est composé de trois structures
importantes pour sa fonction de barrière antimicrobienne : un sphincter,
des replis muqueux et une couche de kératine sur sa paroi interne. Le
diamètre et la longueur du canal du trayon sont en relation directe avec
la fréquence des infections mammaires. Le canal du trayon mesure de 5
à 13 mm de long. Les quartiers sains présentent
généralement un trayon percé d'un canal de plus petit
diamètre (0,38 mm) que les quartiers infectés (0,48 à 0,86
mm), ce qui permet un passage plus aisé des germes pathogènes.
Rapporté à l'échelle humaine, le canal du trayon
représente un passage de 700 à 800 mètres de large pour un
staphylocoque ou un colibacille. Le canal du trayon est donc
équipé d'une série de pièges pour les germes afin
de remplir son rôle de barrière antimicrobienne.
En premier lieu, l'extrémité du
canal du trayon est refermée par un muscle circulaire élastique :
le sphincter du trayon. Au moment de la traite, sous l'action de l'ocytocine,
les fibres musculaires du sphincter du trayon se relâchent et l'orifice
du canal va s'ouvrir pour passer d'un diamètre virtuel à un
diamètre de 0,4 à 0,8 mm. Sous l'effet de la poussée du
lait, ce diamètre va encore augmenter de façon cyclique pendant
la traite (1 à 2mm). A la fin de la traite, la contraction du sphincter
va permettre la fermeture progressive du canal qui sera totalement occlus au
bout de 2 heures. (Cette particularité physiologique est utilisée
avec intérêt dan la mise en oeuvre du trempage).
En deuxième lieu, la surface interne
du canal du trayon est organisée en de nombreux replis. Lorsque ces
parois de rapprochent sous l'action du sphincter, les replis s'imbriquent les
unes aux autres, formant un obstacle physique à la progression des
germes. Enfin, en troisième lieu, l'épithélium du canal du
trayon est plus stratifié et pavimenteux que celui du reste de trayon.
La dégénérescence cornée est importante et
différencie nettement cet épithélium de celui du sinus du
trayon. L'accumulation d'écailles de kératine sur les replis de
la muqueuse forme un piège mécanique contre l'entrée des
germes. La couche de kératine contient également des facteurs
possédant des activités antimicrobiennes. Mais, surtout, les
germes emprisonnés dans ces écailles de kératine seront
éliminés avec elle au cours de chaque traite.
La quantité de kératine perdue lors d'une traite
mécanique est de l'ordre de 20 à 40% de la kératine
contenue dans le canal. Cette quantité de kératine
éliminée est dépendante du débit de lait dans le
canal lors de la traite, du niveau de vide de traite, mais surtout de la
pression physique du manchon contre le trayon. La phase de massage du cycle de
pulsation joue donc également un rôle dans la défense
aspécifique du pis contre les contaminations bactériennes B.
Boudry. 2005.
3. La peau du trayon
La peau du trayon est glabre et dépourvue de glandes
sudoripares, sébacées ou muqueuses.
Cette absence de glandes la rend très sensible aux
modifications extérieures de température, d'hygrométrie
et de luminosité. Dans les autres régions du corps,
la présence de glandes cutanées apporte des ions
minéraux, des glycérides, des acides
gras et des acides aminés assurant à la fois le
maintient de l'hydratation de l'épiderme et d'un pH acide,
antibactérien et antifongique.
Les défenses aspécifiques de la peau du trayon
sont directement dépendantes du degré d'hydratation de
l'épiderme. La pellicule hydro-lipidique qui recouvre l'épiderme
empêche les germes de s'attacher à la surface cornée de
l'épiderme. Elle empêche ainsi la colonisation de la peau par des
germes pathogènes. Macroscopiquement, cette importance du degré
d'hydratation de la peau est visible : une peau de trayon sèche reste
plus sale et est plus difficile à nettoyer pour un trayeur car la crasse
reste collée à sa surface.
Le degré d'hydratation de la peau du trayon a
également des répercussions importantes sur la traite. En effet,
une déshydratation de la peau induit une perte
d'élasticité et de souplesse de la peau. Une diminution de 25% de
l'état d'hydratation de l'épiderme peut diminuer son
élasticité de 75%. Or pendant la traite, la longueur du trayon va
presque doubler (1,5 à 2x la longueur du trayon au repos). Une
élasticité trop faible de la peau du trayon durant la traite aura
trois effets néfastes sur le déroulement de la traite et la
santé mammaire. Primo, le trayon ne va pas répondre correctement
aux variations cycliques du niveau de vide de pulsation.
Secundo, l'épiderme ne va pas être en mesure de
supporter la traite ; il s'ensuit des lésions facilement colonisables
par des germes pathogènes. Tertio, la traite va être douloureuse
pour la vache. Ce stress supplémentaire va altérer le
phénomène d'éjection du lait par le biais de
l'adrénaline qui limite l'action de l'ocytocine directement au niveau de
ses récepteurs cellulaires.
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