SECTION 4 : Les contraintes liées au financement
des PME
Un contraste a toujours existé entre « la
surliquidité » des banques et autres institutions de financement et
les besoins de financement des entreprises. En effet, une étude
récente sur le financement des PME en Afrique révèle que
les prêts destinés au financement de ces types d'entreprises ne
représentent que 5,4% du total des prets bancaires en Afrique. Au
Sénégal, la part des crédits accordés au secteur
privé par rapport au PIB est de 21,8%, en 2007, tandis qu'en Afrique du
Sud et en Ile Maurice, la proportion est de 75,3% et de 76,7%.
Les contraintes d'accès des PME aux sources de financement
s'expliquent notamment par :
· La réticence des établissements de
crédit ;
· La morosité de l'environnement financier.
a. La réticence des établissements de
crédit
Les établissements de crédits évitent de
prendre des risques élevés en matière de prêts aux
PME. Pour se prémunir contre les risques de non remboursement, ils
exigent des garanties réelles que la quasi-totalité de ces
entreprises est dans l'incapacité d'offrir. Ce qui les exclut de ce type
de financement. Pour remédier à cette situation des partenaires
au développement tels que l'Agence Française de
développement, la société financière internationale
(SFI), la BOAD et l'USAID ont mis en place des fonds de garantie. Cependant,
ces mécanismes sont
peu utilisés du fait, principalement, de leur faible
divulgation auprès des potentiels bénéficiaires.
Les normes prudentielles exigées par les
autorités monétaires aux banques fait que, ces dernières
s'orientent plus vers le financement des grandes entreprises
Disposant d'une plus grande rentabilité et de
garanties süres. Ainsi elles ont peu d'expérience dans le domaine
des prêts à la PME et ne parviennent, souvent pas à faire
la distinction entre le bon et le mauvais client (PME). En effet,
l'asymétrie d'information entre emprunteurs et établissements de
crédit entrave l'instauration d'une confiance entre ces deux acteurs.
Souvent, il n'existe pas d'outils permettent aux prêteurs de cerner les
risques des PME. Au Sénégal, le registre public institue pour
faciliter la supervision bancaire et le suivi du risque systématique, ne
fournit pas aux institutions de crédit, l'information requise pour
développer des analyses de risques d'une manière précise.
D'ailleurs, l'indicateur «obtention prêt » du Doing business
2009 de la Banque mondiale, visant à estimer les dispositifs
privés et publics destinés à diminuer les risques des
prêteurs (incluant le dispositif légal de protection des
créanciers en cas de faillites, ainsi que le fonctionnement du
système d'information sur la solvabilité des emprunteurs) classe
le Sénégal au 145ème rang au niveau mondial sur
un total de 181 pays.
Le faible taux de couverture des centrales de risques
reflète davantage le l'acuité des difficultés de
financement des PME.
Pour contrebalancer les risques élevés encourus
au niveau des PME, les établissements de crédit, en plus des
garanties exigées, fixent d'une manière élevée les
taux d'intérêt et les frais appliqués aux prêts.
« Les banques d'Afrique imposent par exemple des taux proches en moyenne
15,6%à leurs meilleurs clients parmi les PME, alors que ces taux
dépassent à peine 11% dans les autres pays en
développement ». Les ressources qu'elles prêtent sont
à court terme et ne peuvent financer les besoins de moyen et long terme
des entreprises.
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