SECTION IV : Les mécanismes d'ajustement de
l'emploi au cours de la derni~re décennie
Jusqu'à présent nous avons cherché
cerner les principales caractéristiques du marché de l'emploi au
Sénégal en nous focalisant sur la situation actuelle. Afin de
compléter ce diagnostic, il nous faut encore identifier les
mécanismes d'ajustement qui ont pris place au cours de la
dernière. En effet, la création d'emploi se doit de prendre place
dans les secteurs dynamiques où les gains de productivité peuvent
garantir la pérennité de la croissance économique. Il est
donc important de s'assurer que les mécanismes d'ajustement aient permis
une allocation optimale de la force de travail sénégalaise au
cours du temps.
Dans cette vision, l'objectif de cette section est de
répondre aux deux questions suivantes :
(i) Comment à évolué l'emploi sur la
période 1995-2004 en cherchant á distinguer les ajustements sur
le marché global de l'emploi et les ajustements sectoriels ?et
(ii) Quelle a été la variation de l'emploi dans
les secteurs formels et informels et leurs mécanismes d'ajustement ?
Cette démarche nous permettra de mettre en
évidence trois résultats principaux concernant l'ajustement de
l'emploi au Sénégal pendant ces 10 dernières années
:
· L'économie sénégalaise a
été capable d'abordé le surplus de main d'oeuvre, puisque
la croissance de l'emploi a été presque égale à
celle de la population active tant dans les villes que dans les campagnes.
· Cette absorption s'est surtout réalisée par
une croissance rapide dans le secteur informel y compris en zone urbaine
à travers une croissance du secteur du commerce.
· Enfin la quasi-stagnation de l'emploi dans le secteur
formel ne provient pas du manque d'expansion économique, qui en a
moyenne dépassé 4% pour l'ensemble de ce secteur mais
plutôt de la préférence des entreprises en faveur de
l'investissement en capital physique au détriment de l'embauche des
travailleurs supplémentaires. Toutefois, nous constaterons que le
marché de l'emploi formel au sein de PME a été
relativement actif à travers l'entrée et la sortie de
travailleurs.
A) la création d'emplois dans le secteur
informel
L'absorption de l'offre de travail par l'économie
sénégalaise a été portée a la
création d'emplois dans le secteur informel (défini comme les
entreprises qui ne possèdent pas de NINEA ou un numéro de
contribuable).
Les entreprises y compris l'auto-emploi ont compté pour
96% de la croissance de l'emploi entre 1995 et 2004. Le résultat
était étendu dans les campagnes où l'information est
quasi-universelle, alors qu'en milieu urbain il provient de la croissance de
l'emploi dans le secteur du commerce où plus d'un quart des emplois
crées ont pris place au cours de la période 1995-2004.
La prépondérance de l'emploi informel n'est pas
un phénomène propre au Sénégal car il se retrouve
dans la majorité des pays du continent. Il traduit en partie l'aspect
contre-cyclique de cette forme d'emploi qui a tendance à augmenter
lorsque les conditions économiques freinent l'embauche par les
entreprises formelles cette substituabilité entre l'emploi formel et
informel est mise en évidence dans la corrélation négative
entre ces deux variables dans la période 1980-2004.pour une diminution
de 10% de l'emploi formel, nous avons trouvé que l'emploi informel
augmente de 16%. Autrement dit, c'est quand les travailleurs sont incapables de
trouver des emplois dans des entreprises formelles qu'ils se réfugient
dans le secteur informel(en plus du chômage) comme l'ont suggère
les approches
théoriques sur le marché du travail qui mettent
l'accent sur la présence d'un « marche »de l'emploi dans les
pays en développement.
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