SECTION II : Création d'emplois au
Sénégal :
L'équation des entreprises
formelles1
Chaque année près de 100000 personnes trouvent
un emploi au Sénégal. Or 3000 d'entre elles seulement
déclarent un emploi stable occupé dans une entreprise formelle ou
dans l'administration publique. Les autres travailleurs sont le secteur
informel, ce qui n'est pas surprenant ni dans les campagnes ni dans les villes
en raison de l'exploitation du commerce et des services domestiques.
Pourquoi n'y a-t-il pas davantage d'emplois créés
par le secteur formel de l'économie sénégalaise ? Comment
motiver ces entreprises à embaucher davantage ?
1) Une croissance économique
déséquilibrée :
La première réponse pointant à l'esprit
est que le faible développement de l'emploi dans le secteur formel
provient du manque d'expansion de ses entreprises. Pourtant, au cours de la
dernière décennie, leur croissance a dépassé en
moyenne 4%, à savoir pratiquement autant que celle du secteur informel.
Par conséquent, si les entreprises formelles sénégalaises
n'ont guère embauché (pour chaque point de pourcentage de
croissance, la hausse de l'emploi n'a été que de 0,06%), c'est
quelles ont préféré investir dans de nouvelles machines et
technologies, reflétant en cela la tendance de l'économie
mondiale. En d'autres termes, la croissance, meme si elle est
nécessaire, ne s'est pas avérée etre une condition
suffisante pour créer de nombreux emplois formels au
Sénégal.
Un examen plus attentif nuance quelque peu cette
première impression pour au moins deux raisons. D'abord, l'emploi a
montré, dans certains secteurs, une sensibilité relativement
forte à la croissance ou plutôt au manque de croissance. C'est
ainsi que la crise rencontrée dans le secteur industriel- restriction de
la SONACOS et du secteur textile a entrainé des pertes d'emplois
significatives dans le secteur formel au Sénégal.
La deuxième raison est que le développement de
l'emploi mentionné plus haut masque deux flux agissant en sens
inverse. Chaque année, le marché du travail a été
en mesure de créer 12500 nouveaux emplois formels, même si, en
parallèle, 9500 disparaissaient. Contrairement
1 Source : extrait du magazine : « les
échos de la Banque mondiale » n°6 novembre 2007.
à l'idée reçue, les travailleurs sont
des mobiles, au travers d'un mécanisme de « création
destructive », notamment dans les petites et moyennes entreprises (PME)
où la mobilité apparait deux fois plus importante que dans les
grandes entreprises. Ce n'est pas la mobilité au sein des PME qui
distingue le Sénégal d'autres pays émergents, mais bien le
poids marginal ne dépassant pas 20% aujourd'hui de ces dernières
au sein de l'emploi formel. La politique de relance de l'emploi devrait donc
viser la création de PME et leur développement par un
allégement des contraintes administratives tout en facilitant leur
accès au capital, à la technologie, à la formation et aux
réseaux d'information.
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