Facteurs limitant la régularité du suivi médical des travailleuses du sexe à Ouagadougou( Télécharger le fichier original )par Madi KABORE Ecole nationale de santé publique (Burkina Faso) - Attaché de Santé 2006 |
II- REVUE DE LITTERATURE ET CADRE DE REFERENCE2.1 REVUE DE LITTERATURELes différents points qui feront l'objet de développement dans la revue documentaire sont: · Suivi médical des travailleuses du sexe. ; · Définition des différents syndromes IST ; · Les déterminants sociodémographiques de l'incidence des IST dans le travail du sexe · Le travail du sexe et IST ; · L'ampleur des IST dans le secteur du travail du sexe ; · La satisfaction des bénéficiaires par rapport aux prestations de soins ; · La politique nationale en matière de lutte contre les IST/SIDA chez les travailleuses du sexe. 2.1.1. Définition des conceptsFacteurs : C'est un ensemble d'éléments concourant à un résultat. Régularité du suivi Dans le cadre de cette étude, il s'agit de l'utilisation des services adaptés par les travailleuses du sexe (TS), selon une périodicité d'une fois tous les deux (2) mois, pour le suivi médical. Travail du sexe (T.S) C'est l'accomplissement d'un acte sexuel avec autrui, motivé par un intérêt pécuniaire. Pour l'ONUSIDA8(*), ce terme de travail du sexe s'est imposé sur celui de prostitution, car les intéressé(e)s pensent qu'il est moins stigmatisant et que la notion de travail qu'il recouvre correspond mieux à leur vécu. 2.1.2 Le suivi médical des travailleuses du sexePour le Petit Larousse 2005, le suivi médical se définit comme étant un "contrôle permanent de l'état de santé sur une période prolongée". Le suivi médical des TS est un ensemble de services de santé qui associe la prévention aux soins curatifs des IST. Selon l'ONUSIDA.8(*), pour être efficace, les programmes au profit des travailleuses du sexe doivent utiliser une combinaison de stratégies qui sont : - La promotion de comportement sexuel à moindre risque ; - La mise en place et la promotion des services de prévention et de prise en charge des IST ; - une action de proximité comprenant des services sanitaires, sociaux et juridiques ; - l'éducation par les pairs, pour les TS et leurs clients ; - un plaidoyer pour une réforme des lois et politiques au niveau national et local, et notamment pour le respect des droits de la personne. Les services sanitaires, pour être acceptés par les TS doivent aussi répondre à certains critères : Ils doivent être non stigmatisant et non pénalisant, les prestataires de soins doivent être compétents, sans jugement et non moralisateurs, le respect de la vie privée et de la confidentialité doivent être assurés. En plus, le temps d'attente ne doit pas être trop long. Les services de santé doivent aussi avoir l'équipement nécessaire pour l'examen médical, et être accessibles géographiquement et financièrement. Au Sénégal où le travail du sexe a été officiellement reconnu depuis 1969, des programmes au profit des TS existent. D'après L.Chrétien et coll, les femmes se livrant à cette pratique dans ce pays, doivent être enregistrées à partir de 21 ans, et en plus, fréquenter régulièrement les centres adaptés au nombre de quinze et situés dans les principales villes. Elles y bénéficient mensuellement de visites médicales qui incluent un examen génital, des essais en laboratoire, la consultation, des séances de sensibilisation et la remise de condoms. Selon cette même source, l'efficacité de ce système est censée avoir contribué au maintien de la séroprévalence du HIV dans de faibles proportions et à une réduction des IST. Cette séroprévalence dans la population générale, serait de 0,7% en 2006 selon le Professeur Papa Salif Sow, responsable du service des maladies infectieuses de Dakar au cours d'une émission diffusée le 10 août 2006 sur RFI. Dans la ville de Ouagadougou au Burkina Faso, le suivi médical des TS qui est réalisé dans deux unités de soins publiques, utilise les stratégies suivantes : - Le suivi médical bimestriel des TS ; - La prise en charge des IST chez les TS et leurs partenaires sexuels selon l'approche syndromique ; - la communication pour le changement de comportement et la promotion de l'utilisation du préservatif dans les unités de soins, sur les sites d'exercice et de résidence des TS. Au cours du premier semestre 2002, ces stratégies ont permis à 485 TS et 71 serveuses de bar de bénéficier de 626 visites de dépistage et de prise en charge des IST. Au cours de cette même période, 347 malades IST ont été prises en charge, soit 55% de l'ensemble des visites avec une efficacité du traitement prescrit, estimée à 98%. L'OMS.(*)2(*) affirme que de nombreuses actions de suivi médical au profit des travailleuses du sexe se sont révélées efficaces, ralentissant la propagation des IST et la transmission du VIH. Ces interventions qui se sont couronnées de succès ont été mises en oeuvre en République démocratique du Congo, au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Bénin. Une stratégie combinée ciblant aussi bien les TS que leurs clients, aurait un impact plus important. 2.1.1.1 La prise en charge syndromique des ISTLes IST doivent être diagnostiquées et traitées rapidement avec l'aide de laboratoires. Cependant, dans les pays en voie de développement, des laboratoires fonctionnels n'existent en général que dans les grandes villes. De plus le coût des analyses n'est pas accessible au plus grand nombre de patients. Ces différentes considérations ont amené l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) à proposer un traitement des IST selon l'approche syndromique. Cette stratégie est basée sur le regroupement des principaux symptômes et signes qui sont communs à certaines infections. Au Burkina Faso, cette approche a été adoptée depuis 1996. Les agents de santé qui pour la plupart, travaillent sans laboratoires d'analyses, traitent alors les IST sur la base de ces signes et symptômes sans faire d'examens bactériologiques. En plus du traitement des IST chez les malades, la prise en charge syndromique prend en compte le traitement des partenaires sexuels, ainsi que la communication pour un changement de comportement (C.C.C) afin de permettre l'adoption de comportements à moindre risque. § La communication pour un changement de comportement La communication pour un changement de comportement (CCC) vise à favoriser la prise de conscience et l'amélioration des connaissances de l'individu et des membres de la communauté sur les IST. Dans le cadre du suivi médical, les séances d'éducation sont assurées par les agents de santé au sein des services adaptés mais aussi par des organismes relais (O.R) sur les sites de résidence et d'exercice des TS. Ces OR sont des associations communautaires qui servent d'interface entre les TS et les unités de soins adaptés. Ils assurent l'orientation des TS vers les services adaptés. Ces séances de C.C.C sont des occasions pour faire la promotion de l'utilisation des services de suivi médical, des préservatifs, du dépistage volontaire du VIH, et de l'observance du traitement prescrit. § La prise en charge des partenaires sexuels La prise en charge des partenaires sexuels est aussi l'aboutissement de la C.C.C, qui aura permis aux malades de convaincre leurs partenaires à se faire examiner et traiter même s'ils n'ont pas de symptômes apparents d'IST. Dans le cas des TS, la multiplicité de leurs partenaires rend difficilement envisageable cette prise en charge. Des études menées à Dakar (Sénégal) par DIEYE A. M1(*)2. et coll , sur l'évaluation de l'efficacité du traitement des écoulements vaginaux selon l'approche syndromique chez les travailleuses du sexe, montre que cette approche est efficace. Les patientes qui présentaient une gonococcie, une chlamydiose ou une trichomonase étaient guéries à 92,1%. * 8 ONUSIDA, Commerce du sexe et VIH/SIDA, Mars 2003, 20 pages * .8 ONUSIDA, Commerce du sexe etVIH/SIDA, Mars 2003, 20 pages * . * 2 OMS Renforcement du contrôle des IST et prévention du VIH pour les populations vulnérables en Afrique 37 pages * 12 Réseau d'information francophone sur le Sida, SidaNet, 2005, N° 765 du Mardi 11 janvier 2005 |
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