Facteurs limitant la régularité du suivi médical des travailleuses du sexe à Ouagadougou( Télécharger le fichier original )par Madi KABORE Ecole nationale de santé publique (Burkina Faso) - Attaché de Santé 2006 |
I-PROBLEMATIQUE
1.1 EXPOSE DU PROBLEMELongtemps considérées comme des affections de préoccupation secondaire, les IST sont devenues depuis l'avènement du SIDA, un véritable problème de santé publique. En effet, elles constituent non seulement des facteurs favorisant la transmission du VIH compte tenu des lésions qu'elles occasionnent, mais aussi, figurent parmi les affections opportunistes du SIDA les plus fréquentes. Selon l'OMS, le nombre de personnes infectées par une IST chaque jour est estimé à environ 685 000 dans le monde. En Afrique subsaharienne, environ 69 millions de personnes sont infectées par une IST chaque année4(*). Au Burkina Faso, 84 612 cas d'IST5(*) ont été recensés par les formations sanitaires au cours de l'année 2005 dont près d'un quart provenait de la région sanitaire du centre qui abrite la ville de Ouagadougou. Ces infections se rencontrent à des proportions plus importantes au sein de certaines populations à risque comme les T.S. Selon R. Morisset6(*), la prévalence annuelle globale des IST chez les TS dans les pays en voie de développement, est de 20 à 80%. A Ouagadougou, une étude menée en juillet 20057(*), a révélé une prévalence du VIH de 16% et celle des IST causées par Chlamydiae trachomatis et Neisseria gonorrhoae de 14,4%. Au regard de l'ampleur de ces infections au sein de cette population vulnérable, et de leur lien avec le SIDA, l'ONUSIDA8(*) a préconisé la prévention et le traitement des IST chez les TS, comme des stratégies essentielles de la lutte contre le VIH/SIDA. Au Burkina Faso, ces stratégies ont consisté en la création de services adaptés pour le suivi médical des TS et de leurs clients. Ce suivi consiste en des visites bimestrielles au cours desquelles les TS bénéficient de prestations sanitaires intégrant des interventions curatives avec la promotion de comportements sexuels à moindre risque. Pour améliorer le suivi médical dans ces services adaptés, de nombreuses actions ont été menées : Il s'agit de la formation des prestataires de soins de ces services, pour la prise en charge des TS, de la supervision des activités de suivi médical, de l'aménagement des horaires d'ouverture et de fermeture des services. Au niveau communautaire, des organismes relais (O.R) ont été mis en place ainsi que la formation de pairs éducateurs pour assurer la sensibilisation des TS et leur orientation vers les services adaptés. A l'issu des visites, des kits IST sont mis à la disposition des malades à des prix abordables, grâce aux subventions de l'Etat et à l'appui du projet SIDA 3. Cependant, malgré tous ces efforts, on constate que la fréquentation des services adaptés de la commune de Ouagadougou par les TS, n'est pas régulière. En effet, au cours de l'année 2005, ces deux structures (secteurs 12 et 15) ont reçu 782.(*)9(*) nouvelles TS pour 1171 visites de suivi. Seulement 16 de ces TS ont effectué au moins les 6 visites attendues, soit une régularité de 2%. Ces résultats sont confirmés par le rapport d'activités d'intervention de l'OR de la Direction de l'Action Sociale et de l'Education (D.A.S.E) de la commune de Ouagadougou, qui relève : "Il a été constaté que certaines TS, après la première visite, ne retournent plus jamais se faire consulter"1(*)0. En somme, des efforts ont été consentis afin de réunir les conditions d'une bonne fréquentation des services publics adaptés pour le suivi médical des TS. Mais force est de constater que malgré ces efforts, les TS ne fréquentent pas régulièrement ces structures. Cette situation pourrait être en rapport avec des facteurs liés aux services, aux prestataires de soins et/ou aux bénéficiaires. Pourtant, la persistance d'une telle irrégularité du suivi médical dans les services adaptés, pourrait avoir comme conséquences : Pour les travailleuses du sexe
* 4 WHO (2001). Global prevalence and incidence of selected curable sexually transmitted infections * 5 Ministère de la santé, D.E.P (2006), Annuaire statistiques, 2005 * 6 R. Morisset, et coll. (1990), Reconnaître, comprendre, traiter les MTS P 485-488 * 7 Projet Sida3 (2005), 2ème mesure Surveillance de seconde génération (SSG) * 8 ONUSIDA, Commerce du sexe et VIH/SIDA, Mars 2003 20 pages * 9 Projet Sida 3 Bilan des interventions, 26 pages, 2006 * 10 Commune de Ouagadougou,D.A.S.E, Rapport général d'activités d'intervention en IST/VIH/SIDA2005 |
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