I.1.2.2. LES CAUSES ENDOGÈNES : LA
RESPONSABILITÉ DES BANQUIERS ET LE MANQUE DE VÉRITABLE
SUPERVISION
Pour ce qui est de la responsabilité des banquiers, on
relève :
1. une mauvaise gestion d'un point de vue technique qui se
manifeste par :
- l'inadéquation ressources-emplois qui consiste
à accorder des crédits dont les échéances sont
largement supérieures à celles des dépôts ;
- l'inefficacité des procédures de recouvrement
des créances et une évaluation trop optimiste des perspectives
des emprunteurs ;
- l'absence de contrôles internes qui demeure une des
causes les plus importantes des prises de risques bancaires
inconsidérés lorsqu'elles concernent les procédures
d'examen des crédits. Cette situation se manifeste par une absence de
comptabilité fiable dans certains établissements, une
organisation administrative non performante, un personnel peu qualifié
et enfin un manque de dispositif d'alerte tel que le contrôle de
gestion ;
2. une gestion de type maquillage qui consiste à
dissimuler les pertes passées ou présentes pour gagner du temps
et conserver ainsi le contrôle de l'établissement en retardant
l'adoption des solutions adéquates. On assiste ainsi à :
- un maquillage de la qualité du portefeuille.
Lorsqu'un banquier veut adapter les dotations aux provisions à un niveau
donné des bénéfices et des dividendes, il ne classe pas
les mauvaises créances comme telles. Il rééchelonnera
automatiquement le crédit en question sur de longues périodes et
les intérêts feront l'objet d'un refinancement. Il faut noter que
cette pratique est très répandue dans la zone CEMAC, ce qui
explique le fait que les montants des concours classés
en « douteux » lors d'enquêtes sur place soient
toujours largement supérieurs aux chiffres déclarés par
les banques ;
- la comptabilisation des produits fictifs. En
présentant comme produits des intérêts échus mais
irrévocables à percevoir sur les créances gelées,
le banquier ne fait que comptabiliser et distribuer des crédits
fictifs ;
3. la concentration excessive. Ce phénomène est
encore présent dans 18 établissements de crédits de la
zone BEAC. Il traduit le manque de concurrence dans le secteur ;
4. la répression financière. Comme
soulevé plus haut, le maintien des taux d'intérêt bas en
vue de favoriser les crédits étatiques s'est traduit par une
perte de rentabilité excessive. L'interventionnisme de l'Etat exerce des
effets pervers sur les marchés financiers dont les conséquences
sont le rationnement du crédit par le système financier, la
prépondérance des financements à court terme et de
certains secteurs jugés prioritaires ou stratégiques, des taux
d'intérêt réels faibles. Pour remédier à
cette situation il a été développé la
libéralisation financière.
En ce qui concerne le dispositif de surveillance, il
était presque inexistant. Il était institué par la BEAC
qui se contentait soit des enquêtes sur place, soit des enquêtes
sur pièces. Or, cette pratique présentait à la base une
inefficacité certaine. Car les documents présentés ne
reflétaient pas toujours le fonctionnement réel des institutions
financières.
Après avoir présenté les causes de la
crise bancaire, nous analysons à présent les manifestations et
les conséquences de cette crise.
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