I.1.2. LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE : LES
MÉFAITS DE LA RÉPRESSION FINANCIÈRE
La littérature sur la firme bancaire laisse
apparaître plusieurs facteurs explicatifs des crises bancaires. Calomiris
et Mason (1997) et Dermirgüç et Detragiache (1998) soulèvent
comme facteurs explicatifs des crises bancaires : la situation
d'asymétrie d'information entre les banquiers et les épargnants,
la détérioration des avoirs bancaires, la fraude et la mauvaise
gestion des banques, un faible taux de croissance économique, des
taux d'intérêts réels élevés, un taux
d'inflation élevé, un accroissement des taux
d'intérêts internationaux, la chute des prix des actifs et la
détérioration des termes de l'échange.
Dans la zone CEMAC, ces causes sont subdivisées en deux
groupes : les causes exogènes et les causes endogènes.
I.1.2.1. LES CAUSES EXOGÈNES : LA
DÉGRADATION GÉNÉRALE DES ÉCONOMIES
Au cours de la première moitié de la
décennie 80, les pays de la zone CEMAC ont connu une crise de
liquidité créée par la baisse du prix des produits de base
exportés et sur lesquels était construite toute leur
stratégie de développement. Pour les pays exportateurs de
pétrole comme le Cameroun, la chute des cours des hydrocarbures a
amplifié la crise. La détérioration des finances publiques
qui en découla a eu des conséquences dramatiques sur la situation
des banques.
En matière de ressources, les dépôts de
l'Etat et des organismes publics ont fortement baissé, entraînant
une déperdition de trésorerie des banques. L'accumulation des
arriérés sur la dette intérieure a pour sa part,
contribué à réduire le niveau des dépôts
privés.
En ce qui concerne les emplois, l'Etat et ses
démembrements ne pouvaient plus faire face à leurs engagements.
De même, les arriérés intérieurs ont conduit
à l'immobilisation des concours à la clientèle alors
qu'augmentait parallèlement la proportion des créances
compromises. On note ici une baisse générale du taux de
croissance de tous les pays de la sous-région. Au Cameroun, on passe de
20,4% en 1985 à -6,7% en 1990 ; au Tchad de 26,7% à -4,7%;
en RCA de 2,8% à -2,1%, (Avom et Gbetnkom, 2003). Le retournement de la
conjoncture sur le front des matières premières, du fait d'avoir
entraîné le resserrement de la trésorerie des Etats,
principaux opérateurs économiques, était donc à la
base de l'assèchement de la liquidité bancaire et de la
dégradation de la qualité des créances portées sur
le secteur public.
A côté de cette « responsabilité
passive », l'Etat a aussi une « responsabilité
active » : la représentation de l'Etat au conseil
d'administration des banques et les pressions contestables sur la gestion et
l'orientation de la politique d'octroi de crédit des banques.
En outre, l'Etat actionnaire, même minoritaire, a eu
tendance, en qualité de puissance publique, à peser sur le
management, en imposant ses hommes à la direction des
établissements de crédit. Le contrôle du capital s'est
alors trouvé déconnecté de l'exercice des
responsabilités, ce qui a entraîné des conséquences
fâcheuses : relâchement dans la gestion, acceptation de
mauvais risques et alourdissement du poids des emprunteurs publics sur le
volume de crédits distribués.
Outre les causes exogènes, plusieurs facteurs internes
peuvent expliquer l'origine de la crise.
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