IV.1.2.2. BREF APERÇU SUR LES TRAVAUX EXISTANTS
Les marges d'intérêt bancaires ont fait l'objet
de nombreuses études à travers le monde. Cette deuxième
dimension de la rentabilité bancaire indique le comportement de la firme
face au processus d'intermédiation. Les tout premiers travaux sont
l'oeuvre de Ho et Saunders (1981) qui ont analysé les fluctuations des
marges d'intérêt des banques européennes. Sur un panel de
16 pays, leurs travaux avaient pour horizon temporel 1970-1979. Les conclusions
de cette étude étaient les suivantes : les charges
d'exploitation, le degré du risque, la taille de la banque et
l'approfondissement financier influencent positivement cette variable. Le
caractère négatif des coefficients des dépôts et des
crédits à la clientèle traduit le développement des
marchés financiers qui attirent davantage les agents économiques.
D'où la quasi influence de la rentabilité bancaire.
Demirguç-Kunt et Huizinga (1999) orientent leur
recherche sur la concentration des établissements de crédit et
son effet dans les intérêts bancaires. En partant du paradigme
SCP, ils analysent le comportement des 25 banques commerciales
installées en Amérique latine avant l'éclatement de la
crise bancaire (1988 - 1996). Ayant reparti les banques en trois groupes
(petite, moyenne et grande), ils aboutissent à la conclusion selon
laquelle la taille du secteur bancaire et la taille de la banque
influenceraient positivement les marges d'intérêt. Ainsi, plus les
banques sont grandes, plus elles réalisent des bénéfices
importants.
L'une des premières études faites en Afrique sur
les marges d'intérêt vient de Tanimoune (2003). Il
s'intéresse aux pays membre de l'UEMOA et prend pour horizon temporel
1989-1999. Il aboutit à la conclusion selon laquelle les marges
d'intérêt sont positivement corrélées aux frais
généraux uniquement : preuve que les dépenses
sont entièrement couvertes par le coût du crédit. Mais les
autres variables telles dépôt de la clientèle,
crédit à la clientèle, inflation et PIB influenceraient
négativement le spread d'intérêt. Pour ce qui est de
l'Afrique occidentale, l'oeuvre de Mansouri et Afroukh (2008) demeure la plus
intéressante. Sur un panel de 5 banques marocaines, ils décrivent
l'évolution des marges d'intérêt à travers plusieurs
déterminants. Ils ne se limitent pas au simple différentiel
d'intérêt pour capter les marges d'intérêt mais
utilisent le ratio produit net bancaire sur total actif. Leurs résultats
sont les suivants : le volume des crédits, la concentration,
l'inflation et le marché financier influenceraient positivement les
marges d'intérêt. Cependant la taille du secteur bancaire, les
fonds propres et les charges générales renduisent ces marges.
En définitive, à la lumière de cette
ébauche, l'unanimité n'est pas établie quant à
l'influence de certaines variables sur les marges d'intérêt. A la
limite de nos lectures, il n'existe pas d'étude faite sur le
comportement des marges d'intérêt bancaires en zone CEMAC, preuve
de l'importance de cette étude. De ce fait, nous allons à travers
un test empirique, montrer l'impact des réformes financières sur
les marges d'intérêt.
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