III.1.2.2. LES ÉTUDES EN AFRIQUE ET DANS LA ZONE
CEMAC
L'Afrique n'est pas restée en marge face à
l'étude de la rentabilité bancaire. Certes, il faut souligner que
les analyses liées à cette mesure se sont approfondies dans les
domaines comptables et de gestion avec notamment les aspects de la performance
bancaire. Sur le plan économique, il est reconnu à Tanimoune
(2001) dans un article ayant pour titre « Les déterminants de
la productivité des banques dans l'UEMOA », paru dans le
Document de recherche du Laboratoire d'Economie de l'Université
d'Orléans, d'être parmi les pionniers à aborder la
question.
Cet auteur capte la rentabilité bancaire selon deux
dimensions : la marge nette d'intermédiation dont le synonyme est
la rentabilité des actifs et la marge nette d'intermédiation
élargie qui mesure les marges d'intérêt. Il travaille sur 7
des 9 pays que compte la zone UEMOA (Benin ; Burkina-Faso ; Cote
d'ivoire ; Mali ; Niger ; Sénégal et Togo). Ses
variables explicatives sont entre autres : le ratio crédit à
la clientèle sur total actif des bilans bancaires ; le ratio
dépôts à la clientèle sur total actif ; le
ratio frais généraux sur le total de l'actif ; le ratio
créances douteuses sur le total actif ; le PIB et l'inflation. Il
trouve une influence positive des frais généraux et
négative pour toutes les autres variables.
Mansouri et Afroukh (2008) ont orienté leurs travaux
sur les déterminants de la rentabilité des banques au Maroc. Ils
considèrent deux mesures de la rentabilité bancaire : la
rentabilité des actifs et les marges d'intérêt. Ils jaugent
le profit bancaire à travers des variables managériale, macro
financière et macroéconomique. Les variables managériales
(charges d'exploitation bancaire, crédits bancaires, taille de la banque
et capitaux propres) dans leur majorité influencent de façon
positive la profitabilité des banques. Sauf la taille de la banque qui a
tendance à amenuiser la rentabilité bancaire. Parmi les variables
macro financières, la concentration et l'évolution du
marché financier ont un impact positif sur la rentabilité des
actifs. L'inflation et la croissance économique (variables
macroéconomiques) favorisent la rentabilité bancaire. Selon ces
auteurs, la croissance économique accroît la profitabilité
des établissements de crédit à cause de l'augmentation des
crédits qui elle-même influence positivement les profits des
banques. Cette expérience des banques marocaines décrit en
général le comportement des systèmes bancaires des pays du
Maghreb.
En Afrique Centrale, la seule étude à la limite
de nos lectures a été réalisée par Nembot et
Ningaye (2007). Ceux-ci ont capté l'influence des réformes
financières sur la rentabilité du système bancaire des
pays de la CEMAC. Ils prennent en considération une seule mesure de la
profitabilité bancaire : la rentabilité des actifs. Ils
utilisent 7 variables explicatives (l'indice de concentration ;
l'indice de risque ; la structure du capital ; la gestion du
capital ; le différentiel d'intérêt ; la
dépréciation des crédits et une variable dummy). Ces deux
auteurs se situent dans une dimension statique des réformes et
aboutissent aux principaux résultats suivants : la concentration
bancaire en zone CEMAC réduit le taux de rentabilité des actifs
d'où l'encouragement du processus de concurrence qui viendrait alors
retourner la tendance. Les autres variables gardent un caractère positif
avec la rentabilité des actifs malgré la différence
enregistrée dans le degré de significativité.
La présente étude prolonge les travaux d'Ary
Tanimoune (2001), Mansouri et Afroukh (2008) et surtout de Nembot et Ningaye
(2007). Elle prend en compte les trois catégories des variables de la
rentabilité bancaire : variables managériales, macro
financières et macroéconomiques et analyse l'influence des
réformes financières sur un plan dynamique.
Pour mener à bien notre analyse, il importe à
présent de vérifier empiriquement notre hypothèse.
|