CHAPITRE II : LES RÉFORMES
FINANCIÈRES EN ZONE CEMAC ET LA RÉSOLUTION
DE LA CRISE
Introduction
La résolution de la crise a nécessité
plusieurs actions. Celles-ci ont tourné autour d'un vaste programme de
restructuration bancaire qui a nécessité deux phases. La
restructuration bancaire est une opération qui a pour but non seulement
de résoudre les difficultés présentes du système
bancaire, mais aussi de prévenir les risques de fragilisation
ultérieure. Cela consiste d'une part à liquider les banques
insolvables et irrémédiablement compromises pour assainir le
système, et d'autre part à restaurer durablement la
solvabilité, la liquidité voir la stabilité des banques
restant en activité à travers les fusion-acquisitions (Mengue,
2002).
En 1990, parmi les réformes financières qui ont
été engagées, la supervision bancaire et la
restructuration ont pris une place importante. On a aussi noté des
mutations monétaires avec notamment la mise sur pied d'une nouvelle
politique monétaire caractérisée par la programmation
monétaire d'une part, et le marché monétaire d'autre part.
Le but principal de ces mesures était de stabiliser le système
bancaire en vue de renouer avec les équilibres macro-financiers.
Ce chapitre vise comme objectif de justifier le
bien-fondé des réformes sur la stabilité du système
bancaire. Ce qui nous permettra de vérifier l'hypothèse une
(H1 : l'influence des réformes financières sur
la stabilité des banques est positive en zone
CEMAC). Ainsi, la première section du chapitre
retrace les différentes réformes bancaires, monétaires et
institutionnelles engagées par les six Etats de la CEMAC. La
deuxième fait une analyse de l'héritage des réformes
financières sur la stabilité bancaire.
SECTION 1. LE CONTENU DES RÉFORMES
FINANCIÈRES
Dans l'ensemble des réformes financières
engagées par les Etats de la CEMAC, les mutations bancaires
marquées par le renforcement du dispositif de supervision bancaire et
les deux vagues de restructuration entreprises ont permis de retrouver la
stabilité du système bancaire de la sous-région. Ces
réformes visaient aussi la dynamisation de la politique monétaire
qui a bénéficié de deux innovations importantes : la
programmation monétaire et la création du marché
monétaire.
II.1.1. LE CONTUENU DES RÉFORMES BANCAIRES
L'analyse des réformes retient comme fondement
théorique l'approche gradualiste et la thérapie des chocs. Dans
le secteur bancaire, elle s'oriente au plan pratique vers un ensemble de
mécanismes visant à moderniser ce secteur : la
restructuration bancaire.
II.1.1.1 LES FONDEMENTS THÉORIQUES DES
RÉFORMES : L'APPROCHE GRADUALISTE ET LA THÉRAPIE DES CHOCS
DANS LA LIBÉRALISATION FINANCIÈRE
L'approche gradualiste des réformes s'appuie sur les
changements progressifs et appropriés des structures institutionnelles
à la fois d'ordres macroéconomique et microéconomique
(Avom et Eyeffa, 2007). McKinnon (1991) posait comme préalable à
la réussite de toute politique de restructuration bancaire et
financière, l'obtention de la stabilité macroéconomique.
Cette approche gradualiste s'inscrit aussi dans l'explication et dans les
fondements de la libéralisation financière.
La libéralisation financière est un processus
qui vise la flexibilité des taux d'intérêt,
l'intervention plus dynamique des banques dans le processus de financement de
l'économie. Fry (1997) établit cinq pré-requis
indispensables pour qu'une libéralisation financière
réussisse : (i) une supervision et une régulation
prudentielle des banques commerciales adéquates, (ii) un degré
raisonnable de stabilité des prix, (iii) une discipline
budgétaire de stabilité des prix, (iv) un comportement des
banques commerciales orienté vers la maximisation du profit et un
système fiscal neutre concernant l'activité
d'intermédiation.
Le gradualisme peut être spatial ou temporel. La
réforme gradualiste spatiale renvoie à l'intégration
progressive des entités liées à leur géographie.
Dans la sous-région CEMAC, cette approche n'a eu aucune influence dans
les politiques entreprises puisque la régionalisation l'avait
déjà précédée. L'approche gradualiste
temporelle est celle adoptée par les chefs d'Etat des pays de la
sous-région. Les décisions votées sont toujours suivies
d'un calendrier leur permettant une meilleure application. Cette méthode
décèle un avantage majeur : un cadre stratégique
évolutif en fonction des besoins et spécificités des pays.
La lenteur des procédures est un inconvénient majeur. Mais
l'inconvénient peut être le laxisme des chefs d'Etat si un
contrôle n'est pas effectué.
La thérapie des chocs quant à elle est la
deuxième catégorie de réformes. Elle consiste à
modifier à la fois toutes les structures ou secteurs et ce, de
façon brusque. Elle est abondamment utilisée par les pays
européens. Elle nécessite une très bonne maîtrise
des mécanismes de fonctionnement des économies et surtout des
moyens à la fois matériels, humains et financiers pour sa mise en
oeuvre (Saint-Etienne, 1987). Pour Baneth (1997), le débat sur le choix
de la réforme est improductif. Car il soutient que quel que soit le type
de réforme entrepris, l'essentiel est l'atteinte des objectifs
fixés.
A l'appui de ces fondements théoriques, un ensemble
d'instruments empiriques a été mis sur pied.
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