II.3. Les perspectives pour une gestion durable des
ressources naturelles dans la commune de Matiacoali
Au regard du contexte physique et humain, nous estimons que
pour une gestion durable des ressources naturelles, il faut qu'un plan de
développement local qui intègre l'aménagement du
territoire communal soit élaboré et mis en oeuvre.
L'aménagement de l'espace communal doit intégrer
des actions comme les aménagements de zones de production agricole,
pastorale et forestière. Des programmes de sensibilisation et de
formation des populations sur la gestion durable des ressources naturelles et
sur les techniques d'intensification de la production devront être aussi
menés.
Pour mieux contrôler les impacts de l'agriculture sur
les ressources naturelles, les agriculteurs devront disposer de zones amenagees
et toutes les actions qui vont y être menees devront aller dans le sens
de l'intensification de la production et de la conservation des ressources
naturelles (eaux, sols, vegetation). Dans cette optique, la production de la
fumure organique qui n'est pas bien connue devra ~tre vulgarise ainsi que
d'autres techniques de conservation des eaux et des sols (cordons pierreux,
zaï, demi lune, etc.).
L'aménagement des zones inondables permettront
egalement de pratiquer les cultures de contre saison car le manque
d'activité agricole en saison sèche conduit les populations
à se tourner vers l'exploitation du bois et du charbon de
bois. Cette exploitation est très néfaste pour le
couvert végétal d'autant plus qu'elle se déroule sans
contrôle et s'intensifie au regard de l'accroissement de la demande dans
les grandes villes.
Toutes ces initiatives devront être suivi par un
processus d'équipement en materiels agricoles car cette insuffisance
comme les populations l'ont elles mrme reconnu est un grand frein à
l'intensification de la production. La resolution de ce problème
contribuera à augmenter les rendements, à atteindre donc
l'autosuffisance alimentaire et à contrôler les impacts de
l'agriculture sur les ressources naturelles dans la localite. Il faut egalement
travailler à une meilleure intégration de l'agriculture et de
l'élevage.
L'élevage constitue la seconde activité
économique dans la commune et est une source importante de devise. La
valeur marchande du cheptel bovin, ovin et caprin depassait 1,5 milliards de
francs CFA en 2005 (34 - SANOU, 2006). Mais le système d'élevage
extensif ne facilite pas son intensification. Matiacoali heberge egalement par
le système de la transhumance des troupeaux venant des regions voisines
et mrme d'autres pays comme le Niger. Tout cela ne facilite pas la gestion de
l'activité. L'amenagement de zones pastorales permettra donc
l'intensification de l'élevage ainsi que le contrôle de ses
impacts sur les ressources naturelles. L'aboutissement du processus
d'aménagement des 95.000 ha identifies depuis 1984 devrait de ce fait
être une priorite car il permettra de determiner les parcours du betail,
d'intensifier et de gerer l'activité ainsi que d'avoir un meilleur
contrôle de ses impacts.
Les besoins en bois énergie, en bois de service et en
bois d'oeuvre conduisent les populations à couper les arbres.
L'aménagement de zones forestières permettra de valoriser les
ressources fauniques, ligneuses et non ligneuses. Un sondage fait uniquement au
niveau du village de Matiacoali a permis d'estimer la quantité de
charbon de bois écoulée par mois dans les grands centres urbains
(Fada et Ouagadougou). Ce sondage montre que la quantite de charbon varie de 30
à 75 sacs de 100kg soit une moyenne mensuelle de 150 à 375 kg.
Cela procure un revenu moyen mensuel compris entre 75.000 et 187.500 FCFA par
exploitant (34 - SANOU,
2006). Une meilleure organisation de la production peut
être une excellente source de devises au regard de la demande sans cesse
croissante des besoins dans les grandes villes.
En dehors de l'aménagement pour l'exploitation du bois
et du charbon de bois, celui pour l'exploitation des ressources fauniques et
des produits forestiers non ligneux (le miel, les fruits, les amandes et les
gommes) permettra de mettre à la dispositions des populations des
ressources alimentaires et financières plus importantes. Il ressort de
la monographie de la commune que l'exploitation des zones villageoises de
chasse permet aux populations de bénéficier de près de 2
millions de FCFA par an.
L'approche gestion du territoire suppose que l'on ait une
concertation avec les populations en vue de concevoir et de mettre en oeuvre de
véritables programmes de développement prenant en compte les
conditions de vie, l'environnement socio-économique et culturel ainsi
que les aspirations légitimes des populations. Pour être des
partenaires capables de dégager les contraintes et de faire des
propositions de solutions, les populations doivent être
sensibilisées sur la problématique de la gestion durable des
ressources naturelles et être formées sur la mise en oeuvre des
solutions proposées. Pour se faire, l'organisation des populations en
groupements selon les filières de productions permettra de bien
coordonner les programmes de sensibilisation et de formation. Il existe
déjà dans la commune des organisations paysannes tels que l'union
des producteurs de céréales, le groupement des apiculteurs, le
groupement des éleveurs et bien d'autres. Mais d'une manière
générale, selon les autorités communales, ces
différentes structures manquent de dynamisme. Les programmes de
sensibilisation et de formation doivent concerner les techniques
d'intensification de l'agriculture et de l'élevage ainsi que la
production forestière et faunique. Des modules sur les techniques de
gestion des organisations paysannes (gestion des hommes, du matériel et
des ressources financières) pour accroître leur dynamisme et sur
la conservation des eaux et des sols devront être aussi associés.
Ceci permettra la participation efficace des populations dans une dynamique oil
elles sont les principales actrices et bénéficières.
Le contexte national est marqué actuellement par la
décentralisation intégrale, par l'élaboration du
schéma national d'aménagement du territoire et par la
réorganisation de la reforme agraire et foncière. Il est aussi
régit en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles par les
dispositions du code de l'environnement et celui forestier. Les perspectives
pour une gestion durable des ressources naturelles dans la commune de
Matiacoali doivent impérativement intégrer toutes les
dispositions préconisées par la loi sur la Réforme Agraire
et Foncière (RAF) et le Code Général des
Collectivités Territoriales. Elles doivent aussi intégrer les
dispositions du code Forestier, celui de l'environnement et le Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) pour être
très efficaces.
Ainsi, le schéma directeur d'aménagement devra
nécessairement être conforme et s'intégrer dans le
schéma provincial d'aménagement, puis celui régional et
enfin celui national. L'application effective de la loi portant
réorganisation agraire et foncière contribuera à
résoudre le problème de l'insécurité
foncière et cela permettra au propriétaires terriens de faire les
investissements nécessaires pour ouvrir la voie de l'intensification
agricole. Toutes les activités susceptibles d'avoir des effets sensibles
sur l'environnement devront être obligatoirement
précédées par une Etude d'Impact Environnemental (E.I.E).
Des comités de suivi environnemental devront également être
mis en place afin de suivre les impacts par des évaluations
périodiques ou continues.
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