Cette étude visait à évaluer l'impact
d'une réduction des seules subventions américaines sur le prix
mondial du coton. Cependant, contrairement à l'étude
précédente, celle-ci fait plutôt appel à l'outil
économétrique.
En effet l'étude de B. Shepherd conduit à des
résultats complètements opposés. Le cadre de son analyse
est un model vectoriel autorégressif standard (VAR) dans lequel les
variables retenues sont les prix mondiaux du coton, les stocks mondiaux de
coton, les subventions américaines (et uniquement elles), la production
mondiale et la consommation mondiale de coton.
Le résultat de ses régressions va a l'encontre
de ce que l'analyse de L. Goreux montrait : les subventions agissent plus sur
la production mondiale que sur les prix.
Autrement dit, l'auteur trouve que les subventions
américaines agissent beaucoup plus sur la production et les stocks que
sur les prix. De plus en décomposant la variance, B.
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Shepherd montre que les variations de prix sont plus dues
à la variation de la demande, plutôt qu'a un quelconque effet des
subventions. La conclusion de L. Shepherd est que l'abandon des subventions
aurait un impact quasi nul sur les prix.
Car avec différents scénarios de
réduction du volume des subventions (10%,50% et 90%), il aboutit au
résultat plutôt surprenant que même une réduction de
90% des subventions n'aurait qu'un effet limité, voire nul, sur les
prix.
Toutefois, force est de noter que pour apprécier les
relations de causes à effets entre les variables en scène, B.
Shepherd s'est penché sur la causalité à la
Granger23 et a effectué des simulations à l'aide des
fonctions de réponses impulsionnelles de l'effet de réduction des
subventions sur les autres variables considérées. Il ne s'est
donc pas intéressé à l'analyse multivariée de la
cointégration à la Johansen. Pourtant cette approche est
réputée comme étant mieux adapté aux VAR
puisqu'elle prend en compte les interrelations entre les variables et permet si
les conditions sont réunies d'établir le MVCE.
En outre, Shepherd avait approximé le prix mondial du
coton par l'indice de Liverpool qui ne nous semble pas être le meilleur
indicateur du marché mondial du coton.
De plus la prise en compte des variations de stocks dans le
modèle pourrait conduire à un double emploi car la consommation
n'est rien d'autre que la production +/- les variations de stocks. Or le
modèle prend déjà en compte la production et la
consommation. Ensuite, le marché cotonnier a été
traité comme étant indépendant des autres marchés,
en particulier celui des produits concurrents (la fibre synthétique).
C'est donc ce qui justifie la prise en compte du prix du polyester dans le
modèle finalement retenu.
Pour F. Traoré, ces résultats sont dus à
la méthode même qu'a choisie L. Shepherd : le modèle
vectoriel autorégressif standard présente des résultats de
simulations incertains, car les intervalles d'erreurs sont très
grands.
De plus, bien que se modèle présente l'avantage
de simplifier la spécification des estimations, il manque de fondements
théoriques testables, c'est pourquoi dans un article intitulé :
"L'impact des subventions américaines sur le prix mondial du coton :
une approche par les modèles vectoriels autorégressifs
Bayésiens", il préconise une l'utilisation de modèles
autorégressifs de Bayes.
23 Les variables sont prises deux à deux