3) L'étude F. TRAORE
Cette étude visait à évaluer l'impact
éventuel des subventions américaines sur le prix mondial du
coton. Les principaux résultats qui s'en sont dégagés
peuvent être résumés comme suit :
· d'un point de vue purement
économétrique, l'approche par les modèles vectoriels
autorégressifs Bayésiens donnent des résultats plus
précis par rapport à l'approche classique notamment en palliant
le problème de nombre de degrés de libertés;
· l'analyse des fonctions de réponse impulsionnelles
montre un impact négatif, mais limité des subventions
américaines sur le prix mondial du coton.
Cependant, un certain nombre de limites demeurent.
La variable de subventions n'est certainement qu'un proxy des
soutiens accordés aux producteurs cotonniers américains. Il
conviendrait de chercher d'autres variables pertinentes comme les
différentes formes d'aides accordées par les États
respectifs à leurs producteurs. Les garanties de crédit à
l'exportation pourraient également être prises en compte. En
effet, l'identification de l'impact des subventions reste tributaire de la
variable retenue, d'où la nécessité d'isoler parmi les
mesures de soutien domestique celle étant la plus à même
d'influer sur la production.
Une recherche future devrait également concerner
l'évaluation de la performance du modèle en termes de
prévision, à travers notamment des statistiques comme la moyenne
du carré des erreurs ou la moyenne des erreurs absolues.
Les chocs simulés ont été
orthogonalisés par la méthode de Cholesky. Il pourrait être
intéressant d'introduire, en réponse à la critique de
Bernanke (1986), d'autres contraintes identifiantes structurelles, tenant
beaucoup plus compte des aspects théoriques, notamment en distinguant
les effets de court terme de ceux de long terme. A cet effet, les nouvelles
méthodes développées notamment par Villani et Warne (2003)
pour l'estimation des modèles Bayésiens structurels pourront
être mis à profit.
Enfin, comme toute variable simulée, un certain
degré d'incertitude reste lié à la fonction de
réaction du prix du coton et ce malgré la tendance marquée
à la baisse.
4) L'étude de C .A.bonjean, S .Calipel et F
.Traoré(2006)
Une étude récente a était mené par
ces chercheurs du Centre d'Etude et de Recherche sur le Développement
International (CERDI) en Mai 2006 intitulé :
46
L'impact des aides américaines et européennes
sur le marché du coton : résultats d'un modèle
d'équilibre partiel dynamique
L'objectif était d'évaluer l'impact des
subventions américaines et européennes sur le marché
international du coton à partir d'un modèle d'équilibre
partiel dynamique.
Après avoir analysé les études empiriques
antérieures portant sur ce thème, les auteurs ont
constatés que certains de ces études aboutissent sur le fait que
les subventions ont un impact sur le cours mondial du coton mais avec des
niveaux d'influences différentes.
En effet l'étude qui sert de base aux revendications du
Groupe africain estime à 12% l'impact sur le prix mondial de la
suppression des aides américaines, européennes et chinoises
(Goreux, 2003).D'autre part au Brésil: les estimations produites par le
Brésil, bien que basées sur une modélisation du
marché mondial radicalement différente, sont du même ordre
de grandeur (Sumner, 2003). Cependant des études récentes
conduites à la FAO (Poonyth et al., 2004) et aux Etats Unis (Pan et al.,
2004) font apparaître un impact beaucoup plus faible des subventions,
inférieur à 3 %.
Ainsi l'objectif de leur travail est de clarifier et
d'informer le débat sur la question de l'influence des politiques
américaine et européenne sur le marché international du
coton. L'outil privilégié est un modèle d'équilibre
partiel du marché du coton, permettant d'effectuer des analyses
comparatives statiques et dynamiques de l'impact relatif des aides
américaines et européennes.
La modélisation repose sur une analyse
détaillée de la nature et du montant des aides accordées
par chaque pays au secteur cotonnier. Six mesures de soutien sont prises en
compte pour les Etats Unis : les aides directes, les aides contracycliques, les
marketings assistance loans et loan deficiency payments, les aides à
l'exportation (Step 2) et les subventions sur les primes d'assurance.
Pour l'Union Européenne, le modèle permet de
simuler la modification du système d'aides qu'entraîne la
réforme de la PAC à partir de la campagne 2005/06.
Deux campagnes de référence sont retenues : ,une
marqué par un bas prix international (56 cts/livre en moyenne) et un
niveau d'aide élevé aux USA 2002/03 , et celle de 2003/04
caractérisée par un prix international relativement
élevé (69 cts/livre) et un niveau d'aide plus faible.
De plus ils ont pris en compte le risque de prix au niveau de
l'offre, et l'estimation économétrique des fonctions d'offre, de
demande et de stockage pour les principaux pays producteurs et consommateurs de
coton.
Le marché modélisé est celui de la fibre
de coton, type Middling 1-3/32 pouces et comprend trente pays producteurs et/ou
consommateurs.
Pour pouvoir bien mener une comparaison des aides
américaines et européennes au secteur coton, les auteurs ont
présentés les principales mesures de soutiens appliqués
aux états unis et en union européenne.
Ainsi les résultats sont que La comparaison des aides
américaines et européennes au secteur coton fait ressortir le
caractère contracyclique des aides américaines.
Alors que le volume des aides européennes est
relativement constant dans le temps, de l'ordre de 1 milliard de dollars, les
aides américaines fluctuent entre 1 et 4,5 milliards de dollars. Elles
sont particulièrement élevées en 1999/00, 2001/02 et
2002/03, trois campagnes pendant lesquelles le prix international du coton est
particulièrement bas. En 2004/05, cependant, le montant total des aides
américaines atteint un record de 4,5 milliards et paraît
anormalement élevé par rapport au prix mondial qui se stabilise
au niveau de 2003/04.
Rapportées à la production, les aides
européennes sont en moyenne très nettement supérieures aux
aides américaines : plus de dix fois supérieures en 1996/97
année où le prix mondial est relativement élevé,
mais « seulement » 1,5 fois supérieures en 2001/02
année où le prix mondial est au plus bas. En 2003/04, l'aide
reçue par les producteurs européens est de 2,26 $ contre 0,44 $
aux Etats Unis
Ainsi la modélisation passe d'abord du coté de
l'offre pour chaque pays puis de la demande :
Du coté de l'offre de coton, la production
américaine est désagrégée en six régions.
Les producteurs effectuent leurs choix de production en fonction
de leur revenue net espéré qui dépend des
différentes formes d'aides et de leur taux de découplage. Le
modèle d'offre européen distingue deux régions de
production, la Grèce et l'Espagne. Dans le nouveau système d'aide
européen, les producteurs reçoivent une aide à l'hectare,
dégressive au-delà d'un seuil fixé à l'avance, et
une aide directe qui peut être considérée comme ayant une
influence nulle, partielle ou totale sur l'offre. Par ailleurs, le
modèle autorise différentes hypothèses sur la forme des
anticipations des producteurs et prend en compte l'impact sur le risque de prix
sur l'offre.
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Du coté de la demande, la concurrence des fibres
synthétique (polyester) est intégrée. Le prix de la fibre
synthétique est modélisé comme une fonction du prix du
pétrole brute. Le modèle intègre également le jeu
des stocks au niveau de chaque pays. Enfin, la modélisation des
échanges extérieurs pour chaque pays prend en compte, le cas
échéant, la non homogénéité du coton local
par rapport au coton échangé internationalement.
Le modèle est utilisé pour simuler la
réforme du système d'aides communautaires et la suppression des
aides américaines et(ou) européennes. Parmi les variables de
résultat, les auteurs s'intéressent plus particulièrement
à l'impact de la suppression des aides sur le prix mondial de la fibre
de coton (indice A du cotlook), les quantités produites et
commercialisées par les états unis, l'Europe et les pays
d'Afrique de la zone franc.
Les résultats montrent le rôle critique
joué par le choix de l'année de référence dans
l'évaluation de l'impact des aides. Du fait de leur caractère
contracyclique, l'impact des aides américaines sur le prix mondial
varie, en moyenne, de 3 % (base 2003-04) à 7% (base 2002-03). En
revanche, l'impact des aides européennes, dont le montant global est
stable, est de l'ordre de 2% quelque soit l'année de
référence.
Les calcules montrent aussi une forte sensibilité des
résultats par rapport à la valeur des élasticités
de l'offre, à la perception que les producteurs ont du caractère
plus ou moins découplé des aides et aux hypothèses
concernant les couts de production.
Au total, l'augmentation du prix mondial consécutive
à la suppression de toutes les aides est, pour (moyennes) sur la valeur
des élasticités et des couts de production, de l'ordre de 5%,
base 2003-04, proche de 10% base 2002-03.
Cet impact est beaucoup plus élevé si l'on
considère que les couts unitaires de production se maintiennent à
leur niveau initial. Dans ce cas, par exemple, la production américaine
chute de prés de 60% et l'augmentation du prix mondial est proche de
17%. D'autres études notamment (Poonyth et al, 2004) essaient
également d'évaluer l'impact des subventions- de tous les pays
subventionneurs cette fois-ci- sur le prix mondial et les volumes
échangés du coton. Cette dernière tentative utilise le
modèle ATPSM (Agricultural Trade Policy Simulation Model)
développé conjointement par la FAO et la Conférence des
Nations Unis sur le Commerce Et le Développement (CNUCED).
Les auteurs trouvent qu'une réduction complète
des subventions dans tous les pays aboutirait à un relèvement de
3,1% à 5% du prix mondial suivant les valeurs des
élasticités de l'offre et de la demande.
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