Chapitre III : LA QUESTION DE L'IDENTITE DANS LE
ROMAN
11i1 11 1 1111111111111, 1il11111i11111 1 111111l111111
1l111oeuvres1d'Andrée Chedid, nourri11 11 1 1 11l111111L1L11111i1111l11,
1111111L111i111s d'un humanisme profond. 1S'agissant11 1 1 11111 1 oeuvre
d'étude,1L'Enfant multiple, 11ll1 111L11111 1i11 11i11l1L1111l1
11 iL111i11 1i1 111i11i11. 1 H1111 11 imension s'y 111111 1j111ifi11
111111111i111111111 1: 1l11f1i, 1l1111ligi11, 1l1 1L11i1g1 1Lix11, 1 l'exil, la
mort, la1g11111, 1l1 1111111i11,1l'hospitalité ou l'accueil de l'autre,
1l1 11111111i11,11111 111 1 111 1111111111L1111111 1 111l1111. 1
H1 111iL1 11b111 , 111 L1111111q11 1l111i1111LHL1 111111
1111l1i111111 iL111i111i1 111i11i11. 1Fl111mè11 1 l1 111111111, en la
même personne qu'est Omar111, 11l11i1111111l11111. 1Ri11 111
1111111L111h1 1 alors d'affirmer qu'OmarIl1 111111l11i11l1111l. 1E1 11ff11,
1111 111L 11 111l1 11i11111 1 1l1i1 11 1111l1 1 111111U1il111L11111
1l1111111111musulmanes et chrétiennes. Il s'appellera plus tard Omaril1
1 HU11li111i1111 1comme son patron, qu'il appelait «1111l11(c)11iL1
1». 1«1Maintenant tu t'appelles Omar-Jo Chaplin-Lineau. Lineau
comme moi1dI. 1T1111111111L1111111l1 11111l1111 d'un long
processus, du à l'exil qui 1oblige inévitablement la
confrontation d'autres cultures et d'autres pe1sonnes. C'est dans ce
sensllà que l'enfant n'était pas du tout content de porter une
li111 11 1111L1, 11i1111111111111111111111111111111i111111
11111i1. 1Ei11i,111L1111111111111111 1
« De plus ces trois noms disparates - issus de pays et
même de continents différents - étaient la marque d'un
cosmopolitisme qui ne lui disait rien de bon »53.
P1111ill1111, 1il11111iL111111111 1 1111lig1111l1 1lib11
11h1ix 11 'appartenir à telle ou111ll1 1111i111, 111 1 qui contribuerait
à l'enrichissement mutuel, malgré les différences. Les
1111i1111111111ll111111L 111111l1111en elles un phénomene qui n'est pas
nouveau. 1H111i11111 1111, 1l111111111h1L1i111 font l'expérience de la
diversité 1la mobilité humaine n'est pas propre à notre
époque. C'est de
1111111111111111i111111l1111ll1 111111111111111
11111i11111i111111111111l111h1LL111à11 111111fli111
111E11 111111C1I1. 1Malheureusement, l'on assiste dans l'histoire
de toutes les conquêtes et
1111111l1111i1ili111i111, 1à11111f11L11i11 11i1bl111
111i1ili111i11111i11 1L11111 1l1 111f1111 1 1l1111lL ture, de la langue et
de la spécificité d'autrui visant à l'assimiler soilLIL11
1E1 1ff11,1111111 1 11l11111111111111111111i1i111111 1U11111
1111111111i1111111i1111111ll11-LêL11 1i1111i111 11 111 111 1
contexte donné. D'où, il importe de rappeler
qu'il n'y a aucune culture qui soit supérieure à 111 1111111
1Et que s'il y en a une qui prétend l'être, ce n'est qu'une
illusion ou une présom1-
PP1A11 111,1VP11 i1 , 1P1.1i1.,1PI 1I51
D
PPF1 1L, 1Pl 1v3. 1
32
tion dans le contexte actuel de l'approche des civilisations.
Il n'y a donc pas d'obligation à pratiquer telle ou telle culture, sauf
en cas de l'intégration qui suppose la participation active à la
société d'éléments variés et
différents, tout en acceptant la subsistance de
spécificités culturelles, sociales et morales. En outre, elle
n'est pas aussi un processus à sens unique ; elle sup
pose une réciprocité de la part de la société
d'accueil et des immigrants Malgré cela, une er-
tones d'une nation donnée. D'ailleurs, certains
prétextaient `apporter la civilisation' O
«Nous ne pouvons nous contenter d'imposer aux
milliards d'humains désemparés le choix entre l'affirmation
outrancière de leur identité et la perte de toute
identité, entre l'intégrisme et la désintégration.
[...J Si nos contemporains ne sont pas encouragés à assumer leurs
appartenances multiples, s'ils peuvent concilier leur besoin d'identité
avec une ouverture franche et décomplexée aux cultures
différentes, s'ils se sentent contraints de choisir entre la
négation de soi-même et la négation de l'autre, nous serons
en train de former des légions de fous sanguinaires, des légions
d'égarés. »54
Pour ce, l'adoption d'une attitude équilibrée ou
modérée en face de l'autre, en vue de se lais- ser
intégrer dans le groupe d'accueil permettrait de comprendre
une telle conjoncture. Toute- fois, ce processus d'intégration
ne se réalise pas du tic au tac, pour le fait qu'il nécessite
Omar-Jo qui est dans un état précaire, dans le
vrai sens du terme en tant qu'orphelin de pere et
néficie plus de générosité et
d'hospitalité de la part de son grand père
Joseph du couple chré tien vivant en France - Antoine
et Rosie, du forain Maxime à qui il promet l'amélioration de son
manège. « Je nettoierai ton Manège, je le ferai briller.
J'en ferai un vrai bijou ! »55 Il ajoutera par la suite :
« Ton manège est beau. Mais moi, j'en ferai le plus de la
ville. Le plus beau de tout le pays »56. Par ailleurs,
Maxime qui comptait offrir à Omar-Jo une prothèse était
déçu. Ainsi, Maxime « souhaitait qu'Omar-Jo soit
doté, le plus vite possible, de cet organe qui doublerait son
habileté ; et puis qu'on n'en parle jamais plus ! (..) De tout son
être, de
54 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 44.
D
55 Andrée, Chedid, Op.cit., p. 31.
D
56 Idem, p. 39.
tout son corps, Omar-Jo avait soudain rejeté
l'appareillage, cet organe artificiel qui se serait accolé à sa
chair mutilée, mais si vivante »57.
De ce qui précede, l'on remarque la responsabilité
de l'enfant multiple dans la prise de cer-
toujours refusé de s'affirmer d'une croyance que ce soit,
mettant ainsi en question les appar
tenances dans les différentes sectes religieuses. Il
affirme qu'« il n'y a qu'un Dieu,(...). Même
si les chemins ne se ressemblent pas. Mon père et
ma mère le savaient. Ils sont morts des mêmes violences, dans la
même explosion. Si je crois : c'est en un seul Dieu. Mais les hommes ne
veulent pas voir, ni savoir. Ils sont aveugles. Maxime se demandait si
lui-même avait la foi »58. Ceci semble se contredire
avec la conception d'Amin Maalouf qui présume que
« à l'heure actuelle, affirmer son
appartenance religieuse, la considérer comme l'élément
central de son identité, est une attitude courante ; moins
répandue, sans doute, qu'il y a trois cents ans, mais indiscutablement
moins répandue qu'il y a cinquante ans.(...) mais qu'est-ce qui fait
que, dans le monde entier, des femmes et des hommes de toutes origines
redécouvrent aujourd'hui leur appartenance religieuse et se sentent
pousser à l'affirmer de diverses manières, alors que ces memes
personnes, quelques années plus tôt, auraient
préféré mettre en avant, spontanément, d'autres
appartenances ? »59
Enfin, horm is tous ces gestes de générosité
et de reconnaissance, de respect et de l'acceptation
de l'autre tel qu'il est, dans sa personnalité, dans son
être, dans sa nature, dans sa tradition et
dans culture, la guerre qui a arraché à l'enfant
plus que la vie, c'est-à-dire ses parents et son
bras, restera marquée dans sa personnalité. Et
comme conséquence à toute société meurtrie
siens (les parents d'Omar-Jo), il a dû corrompre Asm a, la
gardienne des sépultures au cime-
tière.
« Il tendit une somme conséquente à la
gardienne avant de lui faire sa demande. Ne pouvant résister à
la vue de cet argent, celle-ci fourra les billets dans sa poche à
double fond, confectionnée en cachette de son vaurien d'époux. Le
vieil homme
D
57 Idem, pp. 132-133.
58 Idem, p. 71.
D
59 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 99.
lui montra ensuite la boîte portée par
Edouard, et réclama un modeste emplacement pour les siens. Il avait
repéré un coin, au bas du mur de clôture en partie
écroulé, qui donnait sur des champs ; puis, au loin, sur la mer
».60
La corruption permet alors d'accéder malhonnêtement
à certaines choses. Traditionnellement,
les deux corps qui devraient être séparés
lors de l'enterrement, à cause de la foi (musulmane et
chrétienne), étaient déposés dans un même
carré de terre. Bien qu'ils ne soient pas de la
même confession, Joseph avait décidé de ne
pas séparer ces deux êtres si « parfaitement unis
dans la vie ». Il les enterra en gravant sur la tombe les
deux initiales « A » et « O » entrelacées
afin de laisser la tombe reconnaissable, et pour lui, et pour le
petit Omar-Jo. C'est un geste
d'unité qui avait toujours marquée le couple et que
le vieux Joseph a voulu respecter, comme s'il leur avait fait la promesse.
34
60 Andrée, Chedid, Op.cit., P. 62.
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