CONCLUSION
« L'identité n'est pas donnée une fois
pour toute, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence
»61. Elle se compose de différents sentiments :
sentiment d'unité, de cohérence, d'appartenance, de valeur,
d'autonomie et de confiance organisés autour d'une volonté
d'existence. L'homme veut et cherche à mieux se connaître et
à connaître son prochain, « l'autre », à
la fois objet de désir et douteux. L'autre demeure un mystere. Il
revient alors à l'homme de dévoiler le monde et de se
dévoiler aux autres hommes pour que ceux-ci prennent en face de l'objet,
ainsi mis à nu, leur entière responsabilité. C'est la
découverte de soi et de l'autre. D'ailleurs, les gens se
découvrent aujourd'hui de nouvelles formes d'identité
fondées sur telle ou telle considération d'une part, tandis que
d'autres se plaisent à nier une partie de leurs identités.
D'où l'écrivain d'aujourd'hui a un rôle plus important de
faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul non plus ne s'en
puisse dire innocent.
L'homme a toujours voulu laisser des traces tout au long de
son existence. Malheureusement, la vie humaine est courte. Ainsi, dans toutes
ses formes, elle offre à l'homme des possibilités de s'exprimer
et de s'expérimenter. D'ailleurs, la vie est-elle elle-même une
expérience. L'être humain se rendra alors compte des
réalités du monde changeant et dans lequel il vit. Il interroge
ainsi le passé, le présent et le futur. Il s'interroge aussi sur
sa propre histoire, sa propre vie. Cette dernière change au fur du temps
qui ronge inévitablement les années de la vie humaine. La vie
d'Omar-Jo, « L'Enfant multiple » en est l'exemple.
L'identité, qui a été au coeur de notre
travail et qui en est le corps même, demeure un theme d'actualité
qui nécessite une attention particulière. Surtout dans ce
XXIème siècle, où de nombreux phénomenes
comme celui de l'immigration, en particulier, s'intensifient. Lesdits
phénomenes font que de nouvelles formes d'identité voient le
jour. Ce theme englobe plusieurs éléments et sujets qui le
rendent complexe, voire plus insaisissable. C'est un champ vaste et
inépuisable, que l'on ne prétendrait pas mettre tout au clair.
D'ailleurs, il existe un combat perpétuel entre la tradition et la
modernité et/ou la postmodernité.
L'exemple du Liban qui a vu naître beaucoup d'auteurs
qui se sont exilés dans d'autres pays, à cause des guerres
dévastatrices et insaisissables : religieuses, politiques,
civiles, etc. est l'un des pays à « vrais » problèmes
identitaires. Parmi ces intellectuels, nous citerons,
inévitable ment et d'une façon plus particulière, Amin
Maalouf et Andrée Chedid qui, à travers leurs
61 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 30.
L'Enfant multiple, notre corpus d'étude, laisse
entrevoir les différents problèmes identitaires,
ce qu'il en résulte ainsi que ce que l'on peut en
faire. Andrée Chedid a connu personnellement le probleme
d'identité, en tant qu'ayant ses origines ancestrales égyptienne
et libanaise. Le Liban, alors son pays, connaît plusieurs confessions
religieuses et un certain nombre de langues. Ces deux éléments -
RELIGION et LANGUE - étant les éléments majeurs de
l'identité, selon Amin Maalouf qui précise :
« J'ai constamment insisté sur le fait que
l'identité est faite de multiples appartenances ; mais il est
indispensable d'insister tout autant sur le fait qu'elle est une et que nous la
vivons comme un tout. L'identité d'une personne n'est pas une
juxtaposition d'appartenances autonomes ; ce n'est pas un « patchwork
», c'est un des-sin sur une peau tendue ; qu'une seule appartenance soit
touchée, et c'est toute la personne qui vibre. »62
Enfin de compte, la question de savoir s'il peut y avoir une
culture qui soit universelle en vue de mettre fin aux problèmes
identitaires demeure posée.
62Idem, p. 34.
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