§2. Les instruments juridiques du droit interne
On distingue à ce niveau les textes généraux
d'une part, et les textes spéciaux d'autre part.
A. Les textes généraux
L'Accord d'Arusha, la Constitution et le Code foncier sont les
principaux textes de référence.
90 Art. 13 du même Pacte
91 Art. 4, section 5 de l'Accord tripartite Burundi-Tanzanie-HCR
sur le rapatriement volontaire des réfugiés burundais en Tanzanie
signé le 8 mai 2001 à Dar Es-salaam
1. L'Accord d'Arusha pour la paix et la
réconciliation au Burundi
Après sa signature le 28 aoilt 2000, l'Accord a
été ensuite adopté par la loi n°1/017 du
1er décembre de la même année92. Le
protocole IV du même Accord consacre 10 articles des 17 qu'il contient,
à la réhabilitation des sinistrés. Ainsi, il y est reconnu
le droit pour tout sinistré de pouvoir récupérer ses biens
et si une récupération est impossible, de recevoir une juste
compensation ou indemnisation. Il prévoit également le cadre
juridique et institutionnel de la mission de réhabilitation des
sinistrés.
2. La Constitution
L'article 36 de la Constitution du 18 mars 2005 stipule que
« toute personne a droit à la propriété et nul ne
peut être privé de la propriété que pour cause
d'utilité publique dans des cas et de manière établis par
la loi et moyennant une juste et préalable indemnisation ou en
exécution d'une décision judiciaire coulée en force de
chose jugée »93.
La meme Constitution reconnaît l'égalité
de tous les citoyens devant la loi qui leur assure une protection égale.
Elle reconnaît également à tous les citoyens le droit de
s'établir librement n'importe où sur le territoire national, de
le quitter et d'y revenir94. Par ailleurs, elle proclame le droit
pour toute personne engagée dans une procédure judiciaire ou
administrative, à ce que sa cause soit entendue
équitablement95. Et pour cause, nul ne peut être
soustrait, contre son gré du juge que la loi lui assigne.
Hormis ces droits fondamentaux96 reconnus aux
citoyens, la Constitution fait une obligation à l'Etat d'assurer la
bonne gestion et l'exploitation rationnelle des ressources naturelles du pays
tout en préservant l'environnement dans l'intérêt des
générations futures97.
92 Loi n°1/017 du 1er décembre
2000 portant adoption de l'Accord d'Arusha pour la paix et la
réconciliation au Burundi, B.O.B. n°12 quater/2000, pp.
1147-1448
93 Art. 36 de la loi n°1/010 du 18 mars 2005
portant promulgation de la Constitution de la République du Burundi,
B.O.B., n° 3 ter/2005, pp. 1-35
94 Art.33 de la loi n°1/010 du 18 mars 2005
précitée
95 Art.38 de la loi n°1/010 du 18 mars 2005
précitée
96 Voir Articles 21 à 61 de la loi
n°1/010 précité
97 Art. 35 de la loi n°1/010
précité
3. Le Code foncier
La loi n°1/008 du 1er septembre 1986 portant
Code foncier reste la principale référence légale en
matière de réhabilitation des sinistrés, surtout en ce qui
concerne le règlement des litiges fonciers et la gestion des terres.
Le Code foncier reconnaît et protège les droits
fonciers exercés par toute personne physique ou morale de droit
privé sur des terres non domaniales qu'ils soient constatés dans
un certificat d'enregistrement ou exercés en vertu de la coutume ou d'un
titre d'occupation98.
Ensuite le Code foncier détermine les autorités
compétentes pour accorder la cession ou la concession des terres
domaniales. Il s'agit :
- du gouverneur de province pour une terre
rurale dont la superficie est inférieure ou égale à 4
hectares ;
- du Ministre ayant l'Agriculture dans ses
attributions pour une terre rurale dont la superficie est comprise entre 4
hectares et 50 hectares ;
- du Ministre ayant l'Urbanisme dans ses
attributions pour une terre urbaine dont la superficie ne dépasse pas 10
hectares ;
- et du Président de la République
pour une terre rurale dont la superficie dépasse 50 hectares et la terre
urbaine de plus de 10 hectares99.
En vertu de son droit éminent de gestion du patrimoine
foncier national, l'Etat peut établir des plans d'aménagement du
territoire, installer les projets agricoles; reprendre les terres des
particuliers et les redistribuer à ceux qui acceptent de se conformer
à sa politique foncière et agricole. Le Code foncier
prévoit, en outre, l'expropriation pour cause d'utilité publique
moyennant une juste et préalable indemnisation. Il consacre
également le principe de prescription acquisitive mis en cause par les
réfugiés burundais de longue date dans certains cas. Il
régit enfin les droits réels principaux démembrés
de la propriété ainsi que les hypothèques.
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