CONCLUSION
La sécurité du patient est devenue un sujet de
préoccupation croissant pour les établissements de santé
en raison de la fréquence élevée des fautes
médicales et incidents associés aux procédures de soins.
En effet selon l'OMS, malgré les meilleures intentions des
professionnels de la santé, des patients reçoivent
quotidiennement des soins non optimaux dans les structures sanitaires.
Les chiffres les plus pessimistes, évoquent des actes
d'aggravation de la pathologie du malade, avec un taux annuel de
décès par faute médicale qui dépasserait de
très loin les décès occasionnés par les accidents
de la route aux USA. Il est en effet noté quelque soit le système
de santé, au moins 10% des admissions à l'hôpital
entraînent des événements indésirables pour les
patients hospitalisés, la moitié d'entre eux étant
considérés comme évitables. Ces événements
indésirables associés aux soins qui peuvent avoir des
conséquences sévères (décès, handicap) ont
un impact économique non négligeable. Des études montrent
que les dépenses médicales supplémentaires dues aux fautes
médicales, responsables de séjours hospitaliers prolongés,
de perte de revenus, d'incapacités et de procédures judiciaires
coûtent plusieurs milliards de dollars par an dans le monde55.
Il n'existe pas encore d'études économiques sur ces coûts
en Afrique de l'ouest, mais il est certain que ceux-ci représentent une
charge financière importante. Les fautes médicales peuvent causer
un grand nombre de lésions et de décès évitables
chez 4% à 16% de tous les malades hospitalisés, dont plus de la
moitié sont évitables avec des taux de prévalence
estimés à 10-1 concernant le risque médicamenteux,
à 5 à 10% (10 -2) pour les interventions chirurgicales majeures,
à 10-3 pour les patients en néonatalogie, à 10- 4 soit 1
patient sur 150 imputables à la seule anesthésie
générale, et à 10-5 pour la transfusion sanguine.
Les plateaux techniques obsolètes, les résultats
des examens para-cliniques peu fiables, la mauvaise utilisation des
équipements et des produits de santé (dispositifs médicaux
inappropriés, sang et dérivés, médicaments, greffes
biologiques, l'élimination des déchets médicaux
inadaptée, aiguilles et matériels de soins
réutilisés sans stérilisation), constituent d'autres
importantes sources de préjudices aux patients dans les
établissements de santé publique comme privé. Ainsi, la
problématique de la sécurité des patients et de
manière plus générale de
55 Forum régional sur l'implication des
patients et associations des établissements de santé dans la
promotion de la sécurité es soins dans les pays de l'Afrique de
l'ouest
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La notion de faute médicale en droit de la
responsabilité
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la sécurité sanitaire est extrêmement
sensible et devient un enjeu majeur de santé publique qui ne peut
être mise en place que lorsque les individus, les membres de la famille,
les prestataires de soins de santé et tous les gestionnaires jusqu'aux
décideurs de la haute administration travaillent conjointement.
Dans cette perspective, il est indispensable que les patients,
et notamment ceux affectés par des erreurs ou des
évènements indésirables au cours de soins, ainsi que leurs
familles, soient inclus dans l'effort pour améliorer la
sécurité des systèmes de santé dans le cadre d'un
partenariat positif avec les professionnels de la santé et les
décideurs qui sont désireux de s'engager aux côtés
des patients pour introduire le changement. En effet, en Afrique de l'Ouest, la
méconnaissance de cette problématique de la
sécurité des patients, l'absence de cadre institutionnels et
réglementaires appropriés à la gestion des
risques en milieu des soins, l'absence de mécanismes
d'évaluation des pratiques et des produits de santé,
l'insuffisance de personnes ressources compétentes, le non respect des
bonnes pratiques d'hygiène rendent la situation plus
préoccupante. D'oü la nécessité pour les
systèmes de santé en Afrique de l'Ouest de s'engager dans une
démarche d'harmonisation des pratiques professionnelles de soins et de
s'intégrer dans la dynamique de la promotion de la
sécurité hospitalière et la gestion des risques en milieu
de soins qui prend en compte l'implication des patients/et familles de
patients. Ainsi, la mise en place d'une politique de promotion de
l'hygiène hospitalière et de lutte contre les
évènements indésirables associés aux soins dont les
conséquences socioéconomiques sont considérables, va
nécessiter un partenariat multiple interpellant les Etats, la
société civile, les communicateurs, le secteur privé et
les institutions internationales. Dans cette perspective, l'OMS en partenariat
avec les organisations régionales, les structures d'appui techniques et
les partenaires au développement du secteur de la santé en
Afrique, pourrait jouer un rôle moteur dans la mise en place de
programmes nationaux opérationnels et adaptés
d'amélioration de la sécurité des patients et de gestion
de risques dans les établissements de santé.
Nous notons aussi le problème de l'application
effective des textes par le juge sénégalais, dans les pays
à législations médicales anciennes, la jurisprudence a
joué un rôle important dans la mise en oeuvre droit
médical.
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