4.2 Résultats d'enquête qualitative des
solutions proposées par les ménages et les groupes humains
4.2.1 Solutions préconisées par les focus
group pour la protection des milieux récepteurs : air ; eaux, sols.
En général trois catégories de solutions
sont proposées par les ménages pour réduire la pollution
des milieux récepteurs par les déchets solides et leurs
sous-produits :
a) les solutions techniques
b) les solutions administratives et politiques
c) les mesures éducatives liées à la
sensibilisation et au changement des perceptions.
Dans la première rubrique des solutions, plusieurs
approches techniques sont suggérées par les ménages, sans
autres informations sur leurs conditions de faisabilité, encore moins
sur les coûts potentiels de leur mise en oeuvre.
Il s'agit de : dégager les ordures des caniveaux, drainer
des eaux usées, trier et récupérer les plastiques,
confectionner des poubelles, composter les ordures biodégradables, curer
les lits des cours d'eau, freiner l'érosion, mener la lutte
anti-vectorielle systématique, employer des camions vidangeurs des
fosses et latrines, et procéder au traitement des eaux de consommation
dans le milieu urbain.
La plupart de ces solutions techniques figurent dans le Projet
d'assainissement des capitales régionales dont les études de
faisabilité ont été menée à bien de 1999
à 2002 par SNC-LAVALIN/ SOGEDEG avec la participation du CERE. Mais ce
projet n'a pas encore vue sa réalisation à cause des
difficultés énormes de mobiliser les financements de
l'assainissement, qui ne semble pas être de
manière évidente un secteur de production de revenus,
malgré les multiples possibilités de valoriser les déchets
urbains.
De plus en plus le pays doit faire prévaloir
l'assainissement par micro-projets facilement bancables, avec une forte
participation communautaire, non seulement au financement initial, mais
également au fonctionnement par les abonnements. Ce point de vue a
toujours été défendu par le CREPA et sa
représentation en Guinée.
La deuxième rubrique de solution comprend les idées
suivantes provenant des ménages : décentraliser l'assainissement
de la commune vers les quartiers, responsabiliser les locataires au même
titre que les propriétaires par rapport aux déchets dans les
concessions, appliquer des mesures coercitives contre les concessions sales y
comprises des amendes, mettre en place la police des agents de
salubrité, abonner obligatoirement les ménages aux PME
d'assainissement, améliorer la responsabilité des
autorités communales.
Ces solutions se ramènent pour l'essentiel à une
meilleure organisation de l'assainissement par la mairie, c'est-à-dire
à créer et rendre opérationnelle une structure communale
de coordination des actions d'assainissement en partenariat avec les ONG, les
PME, l'Université, les autres intervenants
de la région et de la préfecture. La mise en place
d'une telle structure, appelée Comité communal d'assainissement
avec des Comités locaux de gestion des ordures ménagères
aux niveaux des quartiers est en cours à
N'Zérékoré. Sa composition, son fonctionnement et toute sa
dynamique interne et externe sont encore à l'essai. C'est dans la
conception et la réalisation de ces structures que l'Université a
un plus grand rôle à jouer, par des consultations, des recherches
appliquées et des rencontres de restitution des résultats aux
communautés.
La troisième rubrique de solutions relève du
domaine de changement des perceptions, des habitudes et des mauvaises pratiques
environnementales des citoyens. Celles qui sont proposées par les
ménages sont les suivantes : promouvoir une approche participative des
populations à l'assainissement, informer et sensibiliser sur les
maladies dues à l'eau, aux déchets et à
l'insalubrité, sensibiliser les agriculteurs pour l'usage du fumier de
ferme et du compost, former les agriculteurs à l'usage
rationnel des déchets et des excrétas des animaux
de ferme en agriculture.
La mise en oeuvre de ces solutions relève des programmes
d'activités des ONG chargées de l'assainissement urbain. Ce sont
en effet ces ONG qui effectuent la mobilisation sociale, organisent la
formation des PME, et surtout procèdent à des animations dans la
population pour le changement de comportement des citoyens et la prise en
charge des secteurs et quartiers en matière d'assainissement
collectif.
Il ressort de cette analyse des solutions proposées par
les ménages, que pour freiner la pollution de l'air, des eaux, du sol et
des autres milieux récepteurs (paysages, organismes vivants), il y
encore trop à faire et la ville de N'Zérékoré ne
possède pas encore de structure et d'organisations fiables pour mener
correctement toutes ces activités. C'est pourquoi il est question dans
ce mémoire de concevoir les stratégies à mettre en oeuvre
pour la lutte contre ces pollutions de la ville.
La recherche de ces stratégies a été faite
par entretien semi dirigé avec des groupes ciblés dans plusieurs
strates de la société, depuis les jeunes jusqu'aux confessions
religieuses en passant par les groupements de producteurs et les ONG.
Les avis de ces groupes, dénommés Focus groupes,
sont consignés dans le paragraphe suivant.
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