4.1.4 Etat de santé des populations suite à
la pollution de la ville par les déchets
Selon la méthodologie bien établie de Pierre
Aïach et Dominique Cébe (1999), la santé d'une population ne
peut être évaluée de manière relativement certaine
que par une double enquête dans la population et auprès des
structures de santé, car, ne l'oublions pas, en région
forestière surtout, beaucoup de malades ne fréquentent pas les
structures de santé et s'en tiennent à la pharmacopée
traditionnelle.
Il résulte de ces constats que les quartiers les plus
pollués où se rencontrent les plus grands nombres de cas de
maladies d'origine hydrique ou insalubre sont Commercial, Dorota I,
Félix Roland Moumié, Nyèn III et Kpoyéba. Dans ces
quartiers le coût de la santé pèse le plus sur le revenu
des ménages à cause de la mauvaise gestion des déchets.
Ce faisant, les nombres de cas décroissent en passant du
paludisme à la fièvre typhoïde en passant par les
helminthiases intestinales, les diarrhées sanguinolentes et non
sanguinolentes, les dermatoses, la dysenterie amibienne.
Les statistiques sanitaires des structures de santé
montrent la prolifération des mêmes maladies, mais par
fréquence temporelle. les maladies dues à l'eau, aux
déchets, et à l'insalubrité sont répandue toute
l'année.
Le paludisme simple ou grave dépasse toutes les autres
maladies en nombres de cas, et ce nombre croit de janvier à mai, puis
à nouveau de juin à août, et ensuite décroît
jusqu'en décembre. Cela s'explique par l'apparition de nombreux
gîtes larvaires lors du tarissement des eaux de janvier à mai et
aussi au débordement des fosses simples et autres latrines mal tenues de
mai à août en période pluvieuse, en plus des terrains
humides dus à l'agriculture urbaine (champs de maïs aux
fenêtres).
Les helminthiases intestinales, par contre, augmentent
progressivement de mai à août et décroissent de septembre
à décembre, en restent minimales de janvier à avril. Cela
s'explique par le fait que les
kystes et les oeufs sont drainés dans les eaux surtout
pendant la période pluvieuse où l'infiltration dans la nappe
phréatique et le ruissellement dans les cours d'eau atteignent leur
maximum.
En effet, les maladies hydriques et insalubres qui provoquent
plus d'effets sur la santé de la population sont
représentées dans les figures (A à G) voir annexe III.
4.1.5 Evacuation et traitement des déchets :
Dans l'ensemble de la ville de N'Zérékoré,
les efforts de gestion rationnelle des déchets solides et des ordures
ménagères ont beaucoup diminué depuis 2002, où le
Prix Général Lansana Conté pour la protection de
l'environnement a été décerné à cette
Commune, grâce à l'organisation de collecte et d'évacuation
mise en place par l'ONG VISFAD. Actuellement, parmi les 10 quartiers
échantillons que nous avons soumis à l'étude, comme
l'indique la figure, ce sont les quartiers de Dorota I, Ossud, Commercial et
Félix Roland Moumié qui connaissent un renouveau de ramassage ou
de transport dans une décharge, ou d'incinération vue l'absence
quasi totale de PME d'évacuation et de traitement des déchets.
En réalité le taux moyen de gestion de
déchets dans les quartiers est de 46%. Cela montre qu'au moins 54 % des
ménages ne s'occupent pas de gestion des déchets de quelque
manière qu'il s'agisse, à moins de polluer directement les
milieux récepteurs avec leurs ordures ménagères.
Le cas des quartiers de Kpoyéba, Nyèn et Horoya est
plus remarqué, même par les autorités de la commune et de
la préfecture. Les ordures de Kpoyéba sont celles issues du
commerce de Kola depuis des siècles, avec les mêmes traditions de
mauvaise gestion des résidus de cola, de feuilles d'emballage et de
pesticides.
Cela pose le problème pertinent de la gestion
intégrée des déchets biodégradables avec la
participation des populations qui polluent, comme c'est le cas de ces
commerçants de Cola.
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