4.2.2 Solutions préconisées par les «
Focus group » pour l'assainissement de N'Zérékoré
Les idées préconisées par ces
différents intervenants, leaders d'opinion et autres acteurs sociaux
sont représentées dans le tableau III (annexe IV).
il ressort de ce tableau que les principales causes de
l'extrême insalubrité de la ville de
N'Zérékoré sont de quatre ordres :
1° Surpopulation et multitude d'activités
génératrices de déchets sans aucune mesure de
contrôle et de taxation ;
2° Absence totale de PME de ramassage, exceptées les
balayeuses des marchés et de la gare routière ;
3° Irresponsabilité des autorités de la
commune par rapport à la gestion rationnelle des déchets urbains
;
4° Ignorance des populations sur les risques et les dangers
de vivre avec les déchets et ordures dans les milieux récepteurs
;
Les actions à mener qui ressortent de cette analyse sont
également de cinq ordres :
1° création d'une décharge publique
contrôlée où acheminer les déchets hors de la ville
de N'Zérékoré ;
2° créer des PME de collecte, transport et traitement
des déchets urbains selon leurs catégories ;
3° informer, éduquer et Sensibiliser les populations
pour qu `elles s'abonnent aux PME en payant 3000F/mois/ménage ;
4° créer une police de salubrité, un
Comité communal d'assainissement qui coordonne cette activité et
laisser les sociétés privées et les ONG se
développer dans le domaine de l'assainissement (décentralisation)
;
5° mobiliser toutes les sources possibles de financement
des activités d'assainissement pour que les PME aient les
matériels et équipements nécessaires en quantité
suffisante.
Le fait que les tas d'ordures et les flaques d'eaux usées
dégagent des gaz nauséabonds dans tous les secteurs et tous les
quartiers de la ville de N'Zérékoré découle de leur
nature commune de milieux réactifs anaérobie, siège des
réactions d'hydrolyse, d'acidogénèse,
d'acétogénèse, de
méthanogénèse, de réduction de sulfate en sulfure
d'hydrogène et de nitrates et nitrites en ammoniac.
Les mauvaises odeurs qu'on rencontre dans tous ces milieux
proviennent des alcools, des mercaptans, du sulfure d'hydrogène, de
l'ammoniac, de l'acide gras volatiles etc. Contenus dans ces émanations
gazeuses. Les plaintes des ménages relatives à cette pollution de
l'air sont fondées, car ces gaz présentent des risques pour les
humains. Ils contiennent des substances toxiques, des produits asphyxiants, des
gaz inflammables. Ils engendrent le smog et la mauvaise visibilité sur
la ville, à cause du mélange des aérosols avec les
fumées. Enfin ils contiennent le méthane et le gaz carbonique,
qui engendrent l'effet de serre.
L'impact le plus général sur la qualité de
la ville est l'intensification des mauvaises odeurs et la qualité
médiocre de l'environnement; nuisances ayant un impact très
négatif en santé publique.
Selon Lardinois et al. (1999)
le caractère bio-réacteur des décharges d'ordures croit
avec l'humidité de cette décharge et du sol.
En effet selon ces auteurs, la majorité des villes
localisées dans la zone climatique tropicale humide et
équatoriale (comme N'Zérékoré). Présentent
des bilans hydriques particulièrement favorable à une
évolution biochimique des décharges, surtout que les
périodes d'humidité du sol y sont habituellement longues (7
à 10 mois). La biométhanisation y serait observable dans les
moindres tas d'ordures. C'est pourquoi dans les quartiers des ménages se
plaignent des mauvaises odeurs.
Les lixiviations ou eau de percolation des décharges
d'ordures de la ville sont à la fois très chargées des
micro-organismes et de substances chimiques minérales et organiques. Ils
contaminent qualitativement et quantitativement autant les eaux de surface que
les eaux souterraines.
Ces lixiviats propagent ainsi dans le sol et dans les eaux les
éléments écotoxicologiques, dangereux pour la santé
humaine. Les impacts évidents des lixiviats sont l'intoxication des
hommes et des animaux par les eaux de boisson contaminées par eux, les
épidémies ainsi que la destruction de la flore.
Les tas d'ordures dans les quartiers, les odeurs
nauséabondes et leurs lixiviats ont un impact très nocif sur la
sécurité dans la ville, sur la qualité esthétique
des paysages, et par voie de conséquence sur le tourisme et la
convivialité des citoyens.
Le rejet direct des déchets solides, les restes des
matériaux de construction et les ordures ménagères dans
lit majeur des cours d'eau urbains, les ravins engendrent le soulèvement
de poussières, d'objets volants d'une part et de l'autre l'obstruction
des cours d'eaux, les inondations, allant jusqu'à mélanger les
eaux courantes avec les eaux des latrines mal bâties.
Les effets directs de cette forme de gestion des déchets
sont la prolifération des vecteurs des maladies, le péril
fécal, les accidents, l'érosion accélérée
des berges, etc.
Ces effets sont aggravés par l'épandage direct des
déchets et des excréments d'animaux sur les buttes dans les
bas-fonds, sans compostage préalable. Or, près que tous les
ménages interrogés croient que la fertilité des sols s'en
trouve améliorée. En réalité, les sols sont ainsi
contaminés par des métaux lourds provenant surtout des piles, des
hydrocarbures, des huiles et graisses plus ou moins saponifiées, des
colorants, etc.
L'impact de cette gestion des déchets est
reflété par les statistiques sanitaires recueillies au sein des
structures de santé et les déclarations de maladies vécues
par les ménages dans les quartiers échantillons. Les
dépenses pour les soins de santé sont énormes et il n'y a
pas de remède à cela pour un proche avenir.
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