4.2.3 Critiques des solutions proposées par les
populations de N'Zérékoré
Il est remarquable qu'aucune des solutions proposées ne
mentionne la participation effective de chaque citoyen, de chaque ménage
et de chaque secteur de quartier à l'assainissement urbain. En effet,
toutes les actions à entreprendre selon les ménages et les Focus
groupes relèvent de l'intervention des autorités civiles,
administratives et politiques. Ce que chaque ménage pourrait faire
d'autre que s'abonner à une PME ne ressort d'aucun entretien semi
dirigé. Or, c'est sur le budget familial que pèsent le plus les
impacts négatifs du manque d'assainissement. La nécessité
du renversement de cette situation de perception des populations inactives par
rapport à l'assainissement urbain est l'un des principaux
résultats auxquels conduisent les solutions proposées. Sans quoi,
il est difficile sinon impossible d'organiser avec succès une quelconque
campagne d'assainissement, dénommée « opération coup
de balai » une fois par an comme le propose le Guide d'hygiène
publique de la section hygiène et environnement du Ministère de
la santé (1992).
les ménages et les groupes n'ont pas non plus fait cas des
lois et des règlements existants, qu'il faut appliquer. C'est le cas de
la loi L/94/005/CTRN portant code de l'eau dont les articles 30, 31 et 32
interdisent, sous réserve d'une autorisation du ministre chargé
de l'environnement en concertation avec le Ministre chargé de
l'hydraulique, d'immerger ou de déverser dans les eaux, à la
surface du sol, des déchets ou toute matière pouvant
entraîner une pollution.
Seule l'OCPH a mentionné l'absence de décharge
publique de déchets urbains à N'Zérékoré.
Or, selon Robert HAUSLER et Frédéric MONETTE (1997), le site
d'enfouissement est un maillon important dans la gestion des déchets. En
effet, l'enjeu principal des sites d'enfouissement est de réaliser une
adéquation entre la protection de l'environnement et la croissance
économique et sociale d'une région, en changeant la perception de
la société en général face aux déchets, et
aux sites d'enfouissement. Ces auteurs ont développé l'approche
moderne des 4R-VD (Réduction à la source,
récupération, réutilisation, recyclage, valorisation et
disposition finale).
Cette approche est la base rationnelle d'une gestion
intégrée des déchets solides et des ordures
ménagères. Elle permet, pour chaque ville, de concevoir les
stratégies les mieux adaptées pour cette gestion
intégrée des déchets. Elle a été par
ailleurs baptisée assainissement écologique par Dr. S. G. DEMBELE
et al. (2002) et selon eux, elle consiste à tirer parti des
substances utilisables des déchets solides et liquides, à faire
des déchets des objets de valeur et non plus de nuisance, à
concevoir un système intégré et de proximité des
déchets. Il s'agit comme au Mali ;
de :
1° Production de granulats ou d'agglomérés
à parti des déchets en plastique
2° fabrications des composts à partir des
déchets organiques 3° fabrications des briquettes de chauffe
4° fabrications d'objets d'art et d'artisanat.
5° productions de fertilisants à base d'urine et
d'excréta.
Evidemment, il ne suffit pas de choisir ou d'aménager
un site d'enfouissement pour que l'assainissement écologique ou encore
la planification écologique de la gestion des déchets soit
réalisable. Par exemple, la capitale de la république de
Guinée dispose d'un centre
d'enfouissement technique (CET) au quartier Dar Salam II depuis
les années 80, mais jusqu'à présent il n'y a qu'une
collecte et évacuation sans traitement du lixiviat à la mer, avec
des vidanges des latrines apportées à la décharge par les
camions vidangeurs, ce qui représente une grave source de pollution
physique, chimique et microbiologique du milieu marin côtier. Or, c'est
de la baie de Sangaréah ainsi contaminée que provient une grande
partie des poissons consommés à Conakry.
Il faut développer une stratégie de gestion
intégrée des déchets solides, des ordures
ménagères, et des eaux usées pour réussir
l'assainissement écologique ainsi proposé.
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