1-9.Construction du modèle d'analyse
Selon Jean Michel BERTHOLOT : « il ne peut avoir en
sciences sociales de constations fructueuses sans l'élaboration d'un
cadre théorique de référence »40
Par ailleurs, un fait social doit être « conquis,
construit et constaté », voila trois instances que la sociologie en
particulier et la science en générale ne peuvent aucunement
laisser en rade. En effet après avoir conquis notre fait, il est alors
le moment de le construire. C'est ce qui fera l'objet de cette partie. Il
nécessite, en substance, de mobiliser nos hypothèses de recherche
à travers les schèmes d'intelligibilité du social en vue
de mieux les cerner. Pour ce faire, grâce à la nature de notre
étude, nous nous referons aux schèmes causal et
herméneutique.
1-9-1. le schème causal
Comme le précise, en substance, DURKHEIM dans Les
règles de la méthode sociologique(1895) : la cause
déterminante d'un fait social doit être recherchée parmi
les faits sociaux antécédents .En d'autres termes, le fait social
s'explique par le fait social c'est-à-dire qu'un fait de
société doit être expliqué par un autre fait de
société. Donc ce schème causal a pour but de faire
ressortir les relations de causalité, les rapports d'indépendance
ou d'interdépendance d'un phénomène particulier à
un autre.
Sa formule mathématique est : :(ApB)=B= É(A)). Elle
s'explique ainsi :
A est la cause de B et l'on ne puisse avoir B sans A qui est
chronologiquement et logiquement antérieur à B.
Appliqué à notre objet, nous aurons :
A= velléité politique linguistique de l'Etat du
Sénégal ou des décideurs politiques due aux
représentations sociales et à la violence symbolique
linguistique.
40 Berthelot, 1990, L'intelligence du social,
paris, PUF, p39.
B= blocages de l'introduction des LN dans l'enseignement
formel.
Ainsi, la non-introduction des LN dans l'enseignement formel
(B) est produite par un fait qui lui est antérieur, à savoir un
manque de volonté politique linguistique des décideurs politiques
de l'Etat du Sénégal causé par les systèmes de
représentation et la reproduction de la violence symbolique linguistique
(A).
En effet, nous pouvons envisager que la cause
déterminante des blocages de l'introduction des LN est en grande partie
liée à l'absence d'une politique linguistique ferme et durable de
l'Etat du Sénégal qu'est une résultante des
représentations sociales des LN et de la violence symbolique
linguistique.
1.9.2. Le schème actanciel
Le schème actanciel veut rendre compte d'un
phénomène en se référant aux actions et aux
intentions d'un agent, d'un acteur social, d'un individu. Les valeurs de
référence, les visions du monde, les logiques et
stratégies d'action, les décisions des individus ou groupes sont
convoquées comme principes explicatifs. Les acteurs y sont reconnus dans
leur rationalité comme dans leur subjectivité.
Sa forme logique est la suivante ;
A p B) = (B € S, S {? a??
e} ?B ?S)
? a = ensemble des acteurs
?e = ensemble des effets de leurs actions
B = la résultante des comportements des acteurs
impliqués
S= une situation, un champ ou un système d'action.
Cette forme logique signifie qu'un ensemble d'acteurs adopte
des comportements individuels ou collectifs dont l'agrégat produit un
phénomène émergent (B) qui à son tour
rétroagit sur le système.
Appliqué à notre objet nous aurons :
? a =ensemble des décideurs politiques et
des sénégalais en général
?e = représentations sociales des LN et
violence symbolique linguistique à travers la société
sénégalaise
B= politique timorée et blocage de l'introduction des LN
à l'école. S = système éducatif formel (SEF)
La violence symbolique linguistique et la
représentation sociale de LN chez les sénégalais
(?e) produisent des comportements velléitaires chez les
décideurs politiques (? a) concernant les politiques
linguistiques de ces dites langues. Ces comportements rétroagissent
à son tour sur le SEF(S) dont la résultante constitue la non-
introduction des LN dans ce dit système(B).
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