Conclusion générale : perspectives de
recherches doctorales
En somme, cette étude dont l'objet consiste à
analyser les facteurs de blocage de l'introduction des LN dans l'enseignement
élémentaire formel nous a permis d'aboutir à un certain
nombre de résultats.
Rappelons que le Sénégal, à l'instar des
autres pays d'Afrique, a longtemps entrepris la bataille de la promotion
linguistique qui se traduit par un essai d'utilisation des LN comme
médium de communication sociale et outils d'apprentissage scolaire dans
l'enseignement fondamental .Cependant, cette vision, présente depuis les
indépendances dans les politiques éducatives et linguistiques de
l'Etat du Sénégal, n'est jusque là appliquée ou
traduite en actes concrets. Les motifs de cet insuccès sont d'ordres
divers dont s'est consacrée notre étude afin de les visibiliser
et de les analyser.
Notre question de recherche était de savoir : Comment
expliquer les blocages liés à l'introduction des LN dans le SEF
sénégalais, nonobstant toutes les politiques linguistiques
entreprises depuis la fin de la colonisation jusqu'à nos jours ?
Pour ce faire, nous avons, par un truchement empirique
réussi à répertorier quelques blocages majeurs parmi
lesquels il faut noter:
De prime abord, il faut reconnaitre qu'il ya une absence de
volonté à l'endroit des décideurs politique qui sont
passifs à suivre les projets ou programmes d'introduction des langues
nationales dans l'élémentaire formel. Il ya dans ce cas rien
d'autre qu'un comportement velléitaire à l'endroit des
décideurs. Cette politique timorée est due aux
représentations sociales que les sénégalais font des
LN.
Ce blocage tantôt cité constitue une
résultante de la(mauvaise) représentation sociale de nos langues
qui sont considérées comme des éléments de
régression tant dans le domaine de la promotion sociale que dans celui
du développement intellectuel. Il est également le reflet de la
reproduction de la domination linguistique favorisée par les
colonisateurs par rapport à nos langues. En conséquence, les
sénégalais ont du mal à accepter un système
scolaire linguistiquement égalitaire. Cependant, il faut rappeler que
ces représentations et cette violence détectées par
l'enquête qualitative se perdent ou ne s'affichent pas facilement
lorsqu'il s'agit d'enquête quantitative.
En effet, après l'analyse des données obtenues
il apparait que nos hypothèses de départ sont confirmées
mais il faut signaler que d'autres facteurs de blocages sont découverts.
Cependant, les blocages sont d'ordre structurel mais ils sont toujours
déterminés par les facteurs majeurs qui ont constitué nos
hypothèses.
La non- présence de nos langues dans l'enseignement
formel est interprétée comme une carence de volonté
politique qui peut être considérée comme la cause de
deuxième degré dont les représentations sociales et la
violence symbolique linguistique constituent les causes efficientes.
Cependant, il faut reconnaitre que ses deux facteurs sont
producteurs de d'autres facteurs de blocages tels que la formation de maitres
et l'élaboration de supports didactiques en LN, la désinformation
des parents d'élève par rapport aux projets d'enseignement
bi-plurilingue etc.
Par ailleurs, notre hypothèse secondaire qui consistait
à vérifier si les parents refusent ou non l'enseignement des LN
dans les programmes scolaires, s'est quantitativement confirmée dans la
mesure ou, la majorité des PE interrogés acceptent que leurs
enfants apprennent leur langue maternelle ou locale.
En fin, pour une sociologie critique rappelons que notre
étude est loin d'être scientifiquement parfaite dans la mesure
où elle décèle des insuffisances et imperfections
théoriques, méthodologiques, empiriques et
épistémologiques. Cependant, des recherches futures sont
projetées dans le but de corriger certains biais et d'intégrer
d'autres éléments qui sembleront éminents.
Dans notre perspective de recherche doctorale nous envisageons
d'étudier la dynamique et la portée pédagogique de
l'enseignement des sciences sociales en langues africaines en Afrique
subsaharienne et australe : le cas du wolof au Sénégal et du
swahili en Tanzanie. En effet, ce choix porté sur cette
problématique n'est pas parti de rien. Si nous nous donnons cet objet de
recherche c'est parce que les deux pays et les deux langues sont actuellement
dans une posture quasi particulière par rapport aux autres pays et
langues africains. Au Sénégal, plus de quatre vingt pour cent (80
%) de la population sont locuteurs en wolof, ce qui fait que ce dernier est
largement utilisé dans les services administratifs publics et
privés. Pour sa part, la Tanzanie, à l'instar de très peu
de pays africains, a opté le swahili comme langue officielle qui
commence à avoir une tournure internationale notamment grâce
à sa médiatisation.
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