V.5 LES CAUSES DE LA MALNUTRITION (25,2,5)
Les 2 principales causes immédiates de la malnutrition
sont l'inadéquation de la ration alimentaire et la maladie. Leur
interaction tend à créer un cercle vicieux : l'enfant
malnutri résiste moins bien à la maladie, il tombe malade et de
ce fait la malnutrition empire.
Les causes de la malnutrition peuvent être
multiples : génétiques, métaboliques ou
environnementales. La malnutrition est en fait le résultat de toute une
combinaison de facteurs sous-jacents parmi lesquels on peut citer :
- La famine et les guerres.
- La sécurité alimentaire insuffisante au niveau
du foyer : les enfants consomment des aliments ne contenant pas
suffisamment d'énergie et de nutriments dont ils ont besoin.
- Le manque d'accès à l'eau et à un
environnement satisfaisant : l'insalubrité causant les maladies
infectieuse telles que la diarrhée qui à leur tour deviennent
cause majeure de malnutrition.
- La mauvaise qualité ou l'inaccessibilité aux
services de santé.
- L'inadéquation des soins aux mères et aux
enfants : les familles ne consacrent pas le temps et les ressources
nécessaires à la prise en charge de leur santé et de leur
alimentation.
- L'état nutritionnel des mères : la
malnutrition commence dès la conception.
- La discrimination à l'égard des femmes et des
jeunes filles : l'analphabétisme et la place réduite des
femmes sur le marché du travail sont des causes fondamentales de la
malnutrition, et les enfants nés des femmes n'ayant pas eu accès
à l'éducation ont deux fois plus de risque de mourir en bas
âge.
Toutes ces étiologies peuvent être
résumées dans la figure 2.
![](Donnees-anthropometriques-des-enfants-d-ge-prescolaire--Garoua-Cameroun4.png)
Figure 2: Causes de la malnutrition
V.6 CONSEQUENCES DE LA MALNUTRITION
La mauvaise alimentation entraîne
des problèmes de santé tant pour ceux qui ne mangent pas
suffisamment (sous alimentation) ou qui mangent trop (suralimentation) que pour
ceux dont le régime est déséquilibré et manquent
des nutriments pour une vie saine (21).
Le développement des enfants est affecté par des
facteurs biologiques et psychosociaux et par l'héritage
génétique. Les premières années de vie sont
particulièrement importantes parce que l'essentiel du
développement se fait dans tous les domaines. Le cerveau se
développe rapidement à travers la neurogenèse, la
croissance axonale et dendritique, la synaptogenèse, la
myélinisation, la gliogenèse. Les moindres perturbations dans ces
processus peuvent avoir des effets à long terme sur la structure et le
fonctionnement du cerveau (15).
La malnutrition affecte en
général tous les groupes dans une communauté, mais les
enfants et les nourrissons sont plus vulnérables à cause de leur
besoin nutritionnel élevé pour la croissance et le
développement (50).
L'impact des facteurs nutritionnels est
particulièrement marqué dans les phases de croissance rapide du
cerveau. Il a été démontré à partir
d'études longitudinales, que la malnutrition en période
néonatale et dans les premiers mois de la vie est certes à
l'origine d'anomalies précoces mais entraîne aussi des
conséquences à moyen et long terme sur le quotient intellectuel
et les performances scolaires (51,52). La malnutrition diminue
l'espérance de vie (augmentation du taux de mortalité des
nouveau-nés et des enfants de moins de 5 ans) ; elle entraîne
une sensibilité accrue aux infections, affecte la croissance physique,
réduit les capacités physiques et altère le
développement cognitif et les capacités intellectuelles.
Plusieurs études ont révélé que la
dénutrition chez les enfants de moins de 5 ans provoque une
altération du développement intellectuel conduisant à un
rendement scolaire faible (11). On observe une association
solidement documentée entre le défaut de croissance et le retard
du développement mental, ainsi qu'entre la détérioration
des indicateurs de croissance et l'insuffisance des résultats scolaires
et des réalisations intellectuelles (53,54,55). La
malnutrition est rapportée être un facteur sous-jacent dans de
nombreuses maladies chez les enfants et les adultes. Les enfants qui survivent
à un retard de croissance risquent de souffrir aussi de maladies pendant
l'adolescence et l'âge adulte et d'être moins productifs que la
moyenne des adultes, ce qui n'est pas sans conséquence sur la
productivité économique. De plus, une fillette mal nourrie est
à risque de devenir une mère mal nourrie et cette dernière
est à haut risque de donner naissance à un bébé de
petits poids, perpétuant ainsi le cercle vicieux de la malnutrition
(56,14). Ce bébé de petit poids
accusera un retard de croissance durant l'enfance et sera à risque de
morbidité et de mort précoce (50).
Le surpoids et l'obésité ont pour
conséquences à l'âge adulte le diabète, les
cardiopathies et les accidents cérébrovasculaires qui freinent le
développement économique car les enfants et les adolescents en
surpoids tendent à devenir des adultes également trop gros.
L'épidémie de surpoids et d'obésité inflige des
désavantages significatifs à la fois au niveau individuel et au
niveau de la société, c'est-à-dire augmente le risque de
maladie et de décès, les coûts de santé, et
réduit le statut social, les opportunités d'emploi
(57). La prévention de l'obésité
infantile devrait débuter dès la petite enfance. Le mode
alimentaire des tout premiers mois de vie influence l'évolution
staturo-pondérale à court, moyen et long terme. La figure 3
illustre bien ces propos.
![](Donnees-anthropometriques-des-enfants-d-ge-prescolaire--Garoua-Cameroun5.png)
Figure 3 : Conséquences de la
malnutrition (21)
|