Il est logique de croire qu'un agent économique qui
paie un impôt ajustera son comportement. L'individu peut jouer au
«passager clandestin», ce qui lui permet de bénéficier
des services publics «gratuitement». Il peut aussi modifier son
comportement pour réduire la charge fiscale. Les ajustements que
l'individu peut opérer concernent la répartition de son temps
total entre le travail et loisir et le partage de son revenu entre
l'épargne et la consommation.
En ce qui concerne l'arbitrage entre le travail et le loisir,
un impôt sur le revenu des travailleurs a deux effets principalement : un
effet de substitution et un effet revenu. Lorsque l'individu paie des
impôts, chaque heure de travail rapporte moins en termes de revenu net,
ce qui,toutes choses égales par ailleurs, accroît la valeur
relative du loisir. In fine, l'agent économique réduira son offre
de travail (effet substitution). Par contre, la baisse du revenu disponible
qu'implique un impôt, peut inciter l'individu à offrir plus de
travail dans l'objectif de combler cette réduction du revenu (effet
revenu). Ainsi, l'impact d'une taxation du revenu sur l'offre de travail
dépendra de l'ampleur relative de ces deux effets. Si l'effet de
5Voir "The General Theory of Employment, Interest,
and Money", John Maynard Keynes (1935) 6Voir «Tax and
Development», Robin Burgess and Nicholas Stern (1993)
Impacts des politiques fiscales sur l'économie
burkinabè: Simulation à l'aide d'un MEGC
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substitution l'emporte sur celui de revenu, l'impôt se
traduit par une baisse de l'offre de travail. Par contre si l'effet revenu
l'emporte sur celui de substitution, l'imposition engendre une hausse de
l'offre de travail.
L'arbitrage entre l'épargne et la consommation,
c'est-à-dire le choix entre la consommation présente et celle de
demain, trouve son fondement microéconomique dans la théorie de
cycle de vie de Modigliani7. L'épargne d'aujourd'hui finance
les dépenses de consommation de demain selon les prédictions de
cette théorie. Formellement, on considère un individu vivant sur
deux périodes : jeunesse et vieillesse. A la première
période, l'individu tire ses revenus de son travail et il en consacre
une partie pour financer les dépenses de la seconde période. Si
l'État introduit une taxation du revenu de l'agent, on aboutira à
une double imposition car le revenu de la seconde période (qui est
taxé) n'est autre que le fruit de l'épargne du revenu de la
première période (qui est également taxé). Cette
double imposition peut décourager l'épargne.
Les effets attendus d'une modification des taux de taxation
peuvent être résumés à travers le graphique 1.1.
FIG. 1.1 - Les effets économiques d'une modification
des taux de taxation
Grosso modo, une modification des taux de taxation agit
directement sur les ressources de l'État, influence au niveau
microéconomique l'efficacité de la répartition des
ressources et au niveau macroéconomique, modifie le volume de la
production et de l'emploi.
Pour ces différents effets, on se pose la question de
l'existence d'une taxation optimale. C'est l'objet de la section suivante.
7Voir "The Life-Cycle Hypothesis of Saving: Aggregate
Implications and Tests" Albert Ando and Franco Modigliani, The American
Economic Review, 1963
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