2.2.2 Un commerce extérieur déficitaire
L'évolution des échanges commerciaux entre le
Burkina Faso et le reste du monde est marquée par un déficit
commercial structurel, qui s'auto-entretient. Si les importations
d'équipements et de biens d'investissement peuvent et doivent soutenir
une croissance ultérieure qui boosterait le secteur des exportations,
force est de constater qu'au Burkina Faso, le déficit va grandissant en
observant les séries longues du commerce extérieur.
Impacts des politiques fiscales sur l'économie
burkinabè: Simulation à l'aide d'un MEGC 24
FIG. 2.5 - Évolution de la balance commerciale
L'examen de la figure 2.5 montre que le déficit
commercial du Burkina Faso, a connu sur la période 1980 à 1993,
une situation de stabilité. En 1994, année de la
dévaluation de la monnaie commune aux huit pays de l'UEMOA, le franc
CFA, la stabilité constatée à la période
précédente est remise en cause. En effet, le déficit
commercial s'est davantage creusé dans le temps, passant de moins de 100
milliards de FCFA en 1994 à plus de 700 milliards de FCFA en 2008. Or,
un des objectifs d'une dévaluation serait de dynamiser le secteur des
exportations en rendant plus compétitifs les produits domestiques. Ainsi
serait-on tenté de conclure que la dévaluation du franc CFA en
1994 a contribué à accentuer le déficit commercial du
Burkina Faso. En analysant de près les deux composantes du
déficit commercial, le constat suivant se dégage : sur la
période allant de 1980 à 1994, les exportations tout comme les
importations sont restées à un niveau relativement faible et
stable alors qu'à partir de 1994, le rythme de croissance des
importations a été plus rapide et le secteur des exportations est
resté peu compétitif.
2.2.3 Un pays agricole à inflation rampante
Le secteur primaire du Burkina Faso est encore rudimentaire,
seules quelques exploitations utilisent les techniques modernes de culture. Ce
qui expliquerait une faible productivité agricole. En effet ce secteur
occupe pourtant 67,4%7 des travailleurs du Burkina Faso et ne
contribue à la formation du PIB qu'à hauteur de
35,29%8 en 2005. Dans ce contexte, le surplus agricole sera
insuffisant pour financer et développer le secteur industriel. La
production céréalière couvre globalement les besoins en
céréales. Ceci est visible au travers la lecture de la figure
2.6, qui représente le surplus céréalier par rapport aux
besoins alimentaires.
7Annuaire Statistique 2008, Chapitre 7, INSD
8Annuaire Statistique 2008, Chapitre 26, INSD
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FIG. 2.6 - Évolution du surplus
céréalier
La campagne agricole de 2003/2004 affiche un excédent
céréalier de plus de 25% alors que la campagne 2004/2005 s'est
soldée par un excédent de moins de 5%. Le résultat de la
campagne de 2008 n'étonne guère : un choc climatique
négatif a engendré une faible production qui s'est
métamorphosée en une crise alimentaire. Ces variations de l'offre
de produit agricole ont des conséquences en termes de maîtrise de
l'inflation.
FIG. 2.7 - Évolution de l'indice annuel des prix
La hausse du niveau général des prix n'est pas
un phénomène nouveau au Burkina Faso. Depuis les années
1996, année de base de l'indice annuel des prix, l'indice des prix n'a
cessé d'augmenter (confère figure 2.7). Mais cette
évolution est loin d'être uniforme. En effet, à la tendance
haussière est heurtée une légère baisse en 2000,
2004 et 2007. De plus une hausse vertigineuse est observée entre 2007 et
2008, résultat de la crise alimentaire qui a secoué le Burkina
Faso à cette période. La variation du niveau
général des prix est loin d'être maîtrisée.
C'est du reste le constat qui se dégage de l'analyse de la figure 2.7
sur la décennie passée.
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burkinabè: Simulation à l'aide d'un MEGC 26
Peuvent constituer des raisons d'un manque de stabilisation
des prix, les chocs exogènes qui affectent l'économie du
Burkina Faso : les sécheresses et les fluctuations du prix du
pétrole.
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