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La gestion des biodéchets à  Bruxelles. Etat des lieux, analyse et perspective

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par Laurent Dennemont
CUNIC IAP - Conseiller en Environnement 2012
  

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II.2. Les impacts sur l'environnement

II.2.1. La prévention des biodéchets (Niveau 1)

Une priorité absolue en matière de prévention des déchets doit être mise en place à Bruxelles comme partout en Europe. D'ici 2013, chaque état devra produire un programme national de prévention des déchets fixant des points de référence et proposant une série d'indicateurs. D'ici là, la Commission pourrait proposer des orientations spécifiques sur la prévention des biodéchets. Il n'existe toutefois aucune solution aisée, les actions envisageables étant généralement liées à un changement dans le comportement des consommateurs et dans la politique de la vente au détail. Une prévention efficace des biodéchets c'est :

· Moins de déchets à traiter (47% de la poubelle des ménages à Bruxelles) ;

· Donc moins de trajets pour les camions poubelles

·

Au Royaume-Uni, 6.7
Mt de denrées
alimentaires sont
gaspillées chaque
année. La prévention
de ce volume
permettrait d'éviter des
émissions de 15Mt
équivalent CO2/an

Donc moins de biodéchets à incinérer ;

· Donc une meilleure efficacité de l'incinérateur ;

· Donc moins de dégagement de GES ;

· Donc moins d'émanations fumées et une amélioration de la qualité de l'air ;

· Donc moins de déchets ultimes dangereux à gérer ;

· Moins de gaspillage alimentaire ;

Cela se traduit aussi par :

· Plus de compostage individuel (au jardin ou en vermicompostière)

· Plus de composts de quartier

· Plus de maîtres composteurs

· Plus de compost à utiliser pour améliorer la qualité des sols

· Plus de fruits et légumes cultivés en agriculture urbaine (sic !)

· Plus de sensibilisation, d'accompagnement aux changements de comportements

· Plus de responsabilisation des consommateurs

· Plus de responsabilisation des professionnels (maraichers, Horeca, etc.)

Il faut pouvoir manier avec équité les outils de taxation pour pénaliser les comportements déviants et encourager les attitudes

Composition (N,P,K)
moyenne d'un compost
issu de déchets de
cuisine :


·

1% - N


·

0.7% - P2O5


·

6.5% - K2O

positives et responsables. II.2.2. Le traitement des biodéchets (Niveaux 3, 4, 5) Le compostage tout comme la digestion anaérobie, produit des émissions de GES. Néanmoins, les avantages de cette technique de traitement sont d'ordres

agronomiques et résident surtout dans l'utilisation du compost en tant qu'amendement de sol ou engrais. Il améliore la structure des sols, les infiltrations de l'eau, la capacité de rétention de l'eau, les populations de microorganismes du sol et l'apport de nutriments. Il peut donc ainsi limiter les apports d'intrants phytosanitaires minéraux. Il facilite le travail des sols, peut contribuer à enrayer la désertification des sols européens et à prévenir les inondations. Enfin, le compost permet de lutter contre l'appauvrissement progressif des sols en matières organiques dans les régions tempérées30.

Pour autant, le risque principal lié au compost peut être une pollution des sols due à du compost de mauvaise qualité ! Les biodéchets étant facilement contaminés lors de la collecte des déchets mixtes, une priorité absolue doit être définie sur l'exigence d'un contrôle des flux entrants de biodéchets, que ce soit pour les filières de compostage ou de biométhanisation. Dès lors on comprend mieux les réticences liées à l'utilisation des techniques de TBM qui évitent l'organisation des collectes séparées et proposent un coût moindre pour la collectivité. Les métaux lourds, les impuretés (débris de verre), les PCDD/F, PCB ou HAP sont des contaminants typiques des composts issus de TBM.

De son coté, le compostage à domicile épargne en plus, les émissions et coûts liés au transport, assure un contrôle de la matière entrante et sensibilise davantage les utilisateurs à la problématique de l'environnement.

Au final, la qualité du compost est donc essentielle et dépend aussi bien du contrôle du gisement de biodéchets, de la maîtrise des processus que du développement des débouchés économiques.

L'unité de biométhanisation, grâce à une digestion anaérobie se déroulant dans des réacteurs fermés, réduit considérablement les émissions de GES. Chaque tonne de biodéchets qui subit un traitement biologique peut produire entre 100 et 200 m3 de biogaz. Compte tenu de la valorisation énergétique du biogaz et du compostage à posteriori des résidus, cette solution peut souvent représenter la technique de traitement la plus intéressante sur le plan environnemental et économique.

L'incinérateur exerce une pression sur l'environnement dans la mesure où il rejette
dans l'atmosphère différents polluants (métaux lourds, dioxines etc.), certes en
moindre mesure grâce au respect des dispositions légales, et participe donc aux

30 Une étude de l'UE démontre que l'utilisation du compost issu des biodéchets permettrait d'amender entre 3 et 7% des sols agricoles appauvris dans l'UE tout en traitant le problème de la dégradation de la qualité des sols - COM(2010)577

émissions de Gaz à Effet Serre. De plus, l'incinération des biodéchets réduit inexorablement le rendement énergétique mais surtout soustrait à d'autres filières bien plus efficaces, toute ces quantités de matières organiques et autres ressources contenues dans la biomasse. La question de l'élimination des cendres et scories comme déchets dangereux pèse aussi sur la qualité globale de l'environnement.

La mise en décharge (CET) est donc malheureusement le traitement des déchets le plus pratiqué au sein de l'UE et ce pour une raison très simple, c'est la technique la moins couteuse à partir du moment où les coûts de fermeture et d'assainissement du sol ainsi que les coûts indirects liés à la santé et l'environnement ne sont pas pris en compte. La décomposition des biodéchets dans une décharge, sous la pression et le poids des déchets, abouti à l'émission de méthane, un gaz dont l'effet de serre est 23 fois plus puissant que celui du CO2, et à l'écoulement d'un lixiviat potentiel contaminant du sol et des eaux souterraines. Longtemps utilisées comme la panacée en matière de gestion des déchets, les décharges produisent aussi des nuisances olfactives et visuelles non négligeables. Elles représentent en outre, une perte irrécupérable de ressources et de terres. L'UE considère cette solution comme non viable et non recommandée.

Pour conclure sur les impacts environnementaux et au vu des différentes approches abordées à travers ce chapitre, certains leviers semblent évidents à investir pour améliorer sensiblement à la fois la réduction et le traitement des biodéchets. Même si l'on s'aperçoit que les conditions environnementales, démographiques, urbanistiques, culturelles, etc. peuvent influencer le choix des outils à mettre en oeuvre pour gérer les biodéchets, la réduction des volumes par le biais de la prévention associée à un traitement biologique efficace favorisant la valorisation et le recyclage des ressources sont les solutions fortement recommandées par l'UE.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle