II.2. Les impacts sur l'environnement
II.2.1. La prévention des biodéchets (Niveau
1)
Une priorité absolue en matière de
prévention des déchets doit être mise en place à
Bruxelles comme partout en Europe. D'ici 2013, chaque état devra
produire un programme national de prévention des déchets fixant
des points de référence et proposant une série
d'indicateurs. D'ici là, la Commission pourrait proposer des
orientations spécifiques sur la prévention des biodéchets.
Il n'existe toutefois aucune solution aisée, les actions envisageables
étant généralement liées à un changement
dans le comportement des consommateurs et dans la politique de la vente au
détail. Une prévention efficace des biodéchets c'est :
· Moins de déchets à traiter (47% de la
poubelle des ménages à Bruxelles) ;
· Donc moins de trajets pour les camions poubelles
·
Au Royaume-Uni, 6.7 Mt de
denrées alimentaires sont gaspillées
chaque année. La prévention de ce volume permettrait
d'éviter des émissions de 15Mt équivalent
CO2/an
Donc moins de biodéchets à incinérer ;
· Donc une meilleure efficacité de
l'incinérateur ;
· Donc moins de dégagement de GES ;
· Donc moins d'émanations fumées et une
amélioration de la qualité de l'air ;
· Donc moins de déchets ultimes dangereux à
gérer ;
· Moins de gaspillage alimentaire ;
Cela se traduit aussi par :
· Plus de compostage individuel (au jardin ou en
vermicompostière)
· Plus de composts de quartier
· Plus de maîtres composteurs
· Plus de compost à utiliser pour améliorer
la qualité des sols
· Plus de fruits et légumes cultivés en
agriculture urbaine (sic !)
· Plus de sensibilisation, d'accompagnement aux changements
de comportements
· Plus de responsabilisation des consommateurs
· Plus de responsabilisation des professionnels
(maraichers, Horeca, etc.)
Il faut pouvoir manier avec équité les outils de
taxation pour pénaliser les comportements déviants et encourager
les attitudes
Composition (N,P,K) moyenne d'un compost issu de
déchets de cuisine :
·
|
1% - N
|
·
|
0.7% - P2O5
|
·
|
6.5% - K2O
|
positives et responsables. II.2.2. Le traitement des
biodéchets (Niveaux 3, 4, 5) Le compostage
tout comme la digestion anaérobie, produit des émissions de GES.
Néanmoins, les avantages de cette technique de traitement sont
d'ordres
agronomiques et résident surtout dans l'utilisation du
compost en tant qu'amendement de sol ou engrais. Il améliore la
structure des sols, les infiltrations de l'eau, la capacité de
rétention de l'eau, les populations de microorganismes du sol et
l'apport de nutriments. Il peut donc ainsi limiter les apports d'intrants
phytosanitaires minéraux. Il facilite le travail des sols, peut
contribuer à enrayer la désertification des sols européens
et à prévenir les inondations. Enfin, le compost permet de lutter
contre l'appauvrissement progressif des sols en matières organiques dans
les régions tempérées30.
Pour autant, le risque principal lié au compost peut
être une pollution des sols due à du compost de mauvaise
qualité ! Les biodéchets étant facilement
contaminés lors de la collecte des déchets mixtes, une
priorité absolue doit être définie sur l'exigence d'un
contrôle des flux entrants de biodéchets, que ce soit pour les
filières de compostage ou de biométhanisation. Dès lors on
comprend mieux les réticences liées à l'utilisation des
techniques de TBM qui évitent l'organisation des collectes
séparées et proposent un coût moindre pour la
collectivité. Les métaux lourds, les impuretés
(débris de verre), les PCDD/F, PCB ou HAP sont des contaminants typiques
des composts issus de TBM.
De son coté, le compostage à domicile
épargne en plus, les émissions et coûts liés au
transport, assure un contrôle de la matière entrante et
sensibilise davantage les utilisateurs à la problématique de
l'environnement.
Au final, la qualité du compost est donc essentielle et
dépend aussi bien du contrôle du gisement de biodéchets, de
la maîtrise des processus que du développement des
débouchés économiques.
L'unité de biométhanisation,
grâce à une digestion anaérobie se déroulant dans
des réacteurs fermés, réduit considérablement les
émissions de GES. Chaque tonne de biodéchets qui subit un
traitement biologique peut produire entre 100 et 200 m3 de biogaz. Compte tenu
de la valorisation énergétique du biogaz et du compostage
à posteriori des résidus, cette solution peut souvent
représenter la technique de traitement la plus intéressante sur
le plan environnemental et économique.
L'incinérateur exerce une pression sur
l'environnement dans la mesure où il rejette dans l'atmosphère
différents polluants (métaux lourds, dioxines etc.), certes
en moindre mesure grâce au respect des dispositions légales, et
participe donc aux
30 Une étude de l'UE démontre que
l'utilisation du compost issu des biodéchets permettrait d'amender entre
3 et 7% des sols agricoles appauvris dans l'UE tout en traitant le
problème de la dégradation de la qualité des sols -
COM(2010)577
émissions de Gaz à Effet Serre. De plus,
l'incinération des biodéchets réduit inexorablement le
rendement énergétique mais surtout soustrait à d'autres
filières bien plus efficaces, toute ces quantités de
matières organiques et autres ressources contenues dans la biomasse. La
question de l'élimination des cendres et scories comme déchets
dangereux pèse aussi sur la qualité globale de
l'environnement.
La mise en décharge (CET) est donc
malheureusement le traitement des déchets le plus pratiqué au
sein de l'UE et ce pour une raison très simple, c'est la technique la
moins couteuse à partir du moment où les coûts de fermeture
et d'assainissement du sol ainsi que les coûts indirects liés
à la santé et l'environnement ne sont pas pris en compte. La
décomposition des biodéchets dans une décharge, sous la
pression et le poids des déchets, abouti à l'émission de
méthane, un gaz dont l'effet de serre est 23 fois plus puissant que
celui du CO2, et à l'écoulement d'un lixiviat potentiel
contaminant du sol et des eaux souterraines. Longtemps utilisées comme
la panacée en matière de gestion des déchets, les
décharges produisent aussi des nuisances olfactives et visuelles non
négligeables. Elles représentent en outre, une perte
irrécupérable de ressources et de terres. L'UE considère
cette solution comme non viable et non recommandée.
Pour conclure sur les impacts environnementaux et au vu des
différentes approches abordées à travers ce chapitre,
certains leviers semblent évidents à investir pour
améliorer sensiblement à la fois la réduction et le
traitement des biodéchets. Même si l'on s'aperçoit que les
conditions environnementales, démographiques, urbanistiques,
culturelles, etc. peuvent influencer le choix des outils à mettre en
oeuvre pour gérer les biodéchets, la réduction des volumes
par le biais de la prévention associée à un traitement
biologique efficace favorisant la valorisation et le recyclage des ressources
sont les solutions fortement recommandées par l'UE.
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