A la lecture du PLAN DECHETS, certaines
échéances sont proposées. Ainsi, de nombreuses
prescriptions sont faites en vue d'une meilleure organisation. Passons en revue
certaines d'entres elles et analysons la situation :
autant que leur rendement énergétique soit
égal ou supérieur à 0.60 pour les installations en
fonctionnement avant le 1er janvier 2009 et à 0.65 pour les
installations autorisées après le 31 décembre 2008.
L'alimentation de cette unité devrait s'effectuer via
une collecte séparée des biodéchets sur le territoire
bruxellois, comme cela se fait déjà dans d'autres grandes
villes.
· Prescription 22 - Les collectes
sélectives de déchets verts seront étendues à
l'ensemble du territoire bruxellois (2011). Cette décision ne s'est
pas concrétisée et nous amène à penser que
l'ensemble des 20.000T/an de déchets verts produits seront
digérés par le biométhanisateur.
· Prescription 23 -
L'évaluation, le développement et le soutien à toutes
les formes de compostage décentralisées. Au vu du travail et
de l'investissement fournis par l'asbl WORM, repris d'ailleurs comme facteur
clé de réussite dans le cadre d'une étude comparative de
pratique de compostage de quartier entre Paris et Bruxelles20, et de
la priorité absolue de l'UE de miser sur la prévention des
déchets, je ne doute pas de la reconduction et de l'amplification
données à cet élan. Peut-être faudrait-il mettre en
place plus d'une formation de maître composteur par an...
· Prescription 24 - Le
développement et l'accompagnement du compostage de quartier.
Bruxelles Environnement propose chaque année des bourses au compost de
quartier qui fonctionnent très bien. De plus, les initiatives de
quartiers durables ont largement contribué au développement des
composts de quartier.
· Prescription 25 - Afin d'assurer
un label de qualité au compost bruxellois, BE prendra les initiatives
législatives ad hoc comme c'est le cas des autres Régions.
Nous pensons qu'il s'agit de l'une des mesures les plus importantes pour
pérenniser une filière des biodéchets et du compost
à Bruxelles. Car si le traitement des biodéchets permettra la
réduction des déchets envoyés à
l'incinérateur, il est indispensable de penser aux
débouchés et à la distribution (commercialisation) du
compost produit. C'est d'ailleurs là une des conditions
nécessaires à la procédure EoW qui permettra à
l'avenir la commercialisation du compost en Europe. Actuellement, le compost
produit par Bruxelles-compost, s'il respecte les normes imposées, n'est
pas connu pour être d'une grande qualité. Un travail de promotion
du compost bruxellois avec un suivi et
20 Approche ethnologique de la pratique du
compostage collectif citadin, les vertus éco citoyennes à
l'épreuve de l'enquête - Véronique Philippot - Master
« Evolution, patrimoine naturel et sociétés »
spécialité de recherche « Environnement,
développement, territoires et sociétés » Parcours
« Anthropologie, environnement, agricultures »
une plus grande transparence des processus en cours pourrait
inverser la donne. Bien entendu, il serait judicieux de se tenir informé
des travaux entrepris par l'ECN et l'OVAM, très à la pointe en la
matière, tout en assurant une veille juridique au niveau de l'UE.
Peut-être même serait-il possible de trouver une solution à
la commercialisation des composts issus des composts de quartier ! La solution
se trouve peut-être dans l'imminent arrêté du gouvernement
de la Région bruxelloise, transcription de la directive cadre
européenne « déchets ».
· Presciption 44 -
Développer les collectes de biodéchets auprès des
marchés, de l'Horeca, de la restauration collective et des
ménages. Reste à savoir comment cela va se mettre en place et
à déterminer une date de mise en application.
Suite à cette présentation des
différentes législations d'application en matière de
gestion des biodéchets et face à la situation présente de
Bruxelles, il est juste de constater que de nombreuses actions et initiatives
sont déjà lancées et portent leurs fruits. La Belgique et
notamment la Flandre, est ainsi régulièrement citée au
niveau européen comme bon élève en matière de
gestion de ses déchets car « ayant largement recours à
l'incinération, accompagnée d'un taux élevé de
valorisation de matériaux et, souvent, de stratégies de pointe
favorisant le traitement biologique des déchets
21».
De plus, notamment en matière de prévention des
déchets, Bruxelles et la Belgique en général, peut compter
sur son réseau de maîtres-composteurs (ou guidescomposteurs ou
compostmeesters), connus dans le monde entier grâce au travail du
Comité Jean Pain depuis 1978 !
1 kg de biodéchets
valorisés en
électricité
permet par exemple
d'alimenter un
bon
téléviseur pendant
plus d'une heure ou
une
ampoule
économique pendant
plus de 10 heures!
Pourtant, Il est encore possible d'améliorer la
situation.
En matière de prévention, une
seule formation de maîtres composteurs est accessible chaque année
sur Bruxelles alors que la demande est de plus en plus pressente. Il suffirait
d'en organiser plusieurs en fonction des demandes.
Au niveau des installations de composts de
quartiers, leur
croissance est très forte22, mais
on est loin d'une politique à
21 Livre Vert sur la gestion des biodéchets
dans l'Union Euroipéenne - COM 2008-811
22
www.wormsasbl.org/carte;php?tar=carte
grande échelle comme à Bâle ou à
Zurich. Il serait peut être judicieux d'envisager comme à
Neuchâtel en Suisse23, une taxation contraignante pour ceux
qui ne trient pas leurs biodéchets. Le principe des poubelles à
puces et/ou le paiement de ses poubelles au poids seraient un excellent
incitant quand on sait que près de 50% de sa poubelle sont des
biodéchets !
Concernant la mise en service d'une unité de
méthanisation, et au vu des orientations stratégiques de
l'UE en matière de gestion des biodéchets et des ressources de
manière plus globale, il semble dans la logique des choses qu'elle
aboutisse le plus rapidement possible. Pourtant, même si elle ne sera pas
en service avant fin 2014, de nombreuses questions demeurent : comment sera
organisée la collecte séparée des biodéchets
auprès des ménages ? Se posera alors le problème de la
promiscuité des appartements bruxellois qui doivent déjà
disposer de 3 sacs (blanc, bleu, jaune) et qui devront faire avec un
déchet qui par définition est putrescible (problèmes de
fermentation anaérobie et d'odeurs). Pourquoi ne pas envisager dans un
premier temps, comme en France24, une responsabilisation des gros
producteurs de biodéchets ? Dans ce pays, « à compter du
1er janvier 2012, les personnes qui produisent ou détiennent des
quantités importantes de déchets composés majoritairement
de biodéchets sont tenues de mettre en place un tri à la source
et une valorisation biologique ou, lorsqu'elle n'est pas effectuée par
un tiers, une collecte sélective de ces déchets25
».
Dans ce contexte, l'avenir de
Bruxelles-Compost reste assez flou. S'il est admis
qu'il
restera en activité jusqu'au démarrage de l'unité de
méthanisation, pour le reste
cela dépendra des volumes de
biodéchets gérés par Bruxelles-Biogaz. Or comme
23 « Le recyclage des biodéchets stimulé par
la taxe au sac »
http://www.rtn.ch/rtn/Actualites/Regionale/20120111-Le-recyclagedes-biodechets-stimule-par-la-taxe-au-sac.html
24 « Biodéchets : toutes les pièces du puzzle
sont en place »
Actu-environnement.com
http://www.actu-environnement.com/ae/news/cadre-legal-biodechet-methanisation-14461.php4
25 Décret du 12 juillet 2011 portant
diverses dispositions relatives à la prévention et à la
gestion des déchets & la circulaire du 10 janvier 2012 relative aux
modalités d'application de l'obligation de tri à la source des
biodéchets par les gros producteurs (article L.541-21-1 du Code de
l'environnement)
aucune information n'a encore été
délivrée à ce sujet. Tout porte à croire que les
déchets verts seront orientés vers la filière de
méthanisation. Du moins dans un premier temps. Dans tous les cas, cette
capacité de gestion de 40.000 à 60.000T/an pourrait permettre la
collecte sélective des déchets verts sur toute la région
de Bruxelles-Capitale.
On constate que de nombreuses initiatives sont prises pour le
traitement des biodéchets, mais finalement peu d'informations sont
disponibles sur l'organisation de leur collecte. Or ce sont les «
producteurs » ou « détenteurs » de biodéchets
qu'il faut inciter à trier. Au-delà des ménages, pour qui
l'obligation de tri ne sera pas facile à organiser, ce sont surtout les
hypermarchés et leurs invendus, les industriels de l'agroalimentaire et
leurs rebuts de fabrication, les gros restaurants collectifs et leurs restes,
les plus grands marchés alimentaires et les services d'entretien des
espaces verts qui produisent des biodéchets en quantité !
Définir une obligation de tri pour tous ces producteurs aujourd'hui,
c'est assurer l'alimentation de la prochaine unité de
biométhanisation demain.
Prochaines étapes :
Les prochaines étapes prévues par l'Europe pour
une meilleure gestion des biodéchets comprennent les objectifs suivants
:
· La définition des critères
spécifiques pour la procédure de statut de fin de déchets
du compost ;
· La révision de la directive cadre sur les boues
;
· La révision, dès 2014, de la directive
cadre déchets concernant les objectifs de recyclage des
biodéchets ;
· La révision de la directive cadre sur les engrais,
incluant les engrais organiques ;
· L'évaluation et la révision du Plan
Déchets de Bruxelles d'ici 2013