Vécu de guerre, PTSD, mémoire et attention : étude comparative chez des enfants à¢gés entre 8 et 12 ans( Télécharger le fichier original )par Rachelle EL HASROUNY Universite Saint Joseph - Psychomotricite 2011 |
Hypothèses1- Les enfants qui ont vécus la guerre de juillet 2006, pourraient avoir des difficultés au niveau de l'attention (sélective, soutenue, auditive, visuelle). Tout comme l'apprentissage constitue probablement un mécanisme central lors de la récupération de fonctions après une lésion ou un trauma, l'attention constitue le pré-requis à un apprentissage adéquat (Moskovitch, 1994). L'attention est un pré-requis à toute autre fonction cognitive. D'après William James (1890), « l'attention est la prise de possession par l'esprit, sous une forme claire et vive, d'un objet ou d'une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles. Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres. » L'attention est un système complexe et hiérarchisé comprenant plusieurs fonctions impliquées dans un vaste réseau neuroanatomique. Posner (1971 ; 1987) distingue globalement quatre composantes attentionnelles : - L'alerte correspond à l'état général d'éveil de la personne et à sa disposition à traiter et à réagir aux stimulations extérieures. Deux types d'alertes peuvent être distingués : alerte tonique et alerte phasique. - L'attention sélective correspond au processus permettant de sélectionner et de traiter un stimulus ou une classe de stimuli particuliers parmi l'ensemble des stimulations de l'environnement. Ces processus impliquent donc l'inhibition des réponses aux stimulis non pertinentes pour la tache en cours. On distingue les capacités d'attention sélective sur matériel auditif et sur matériel visuel. - L'attention soutenue et la vigilance permettent de maintenir un niveau attentionnel suffisant pendant une période de temps assez longue. On distingue la vigilance de l'attention soutenue par la fréquence d'apparition des stimuli. Dans une tache de vigilance, les stimuli sont rares et il y a peu d'informations à traiter, à l'inverse dans une activité d'attention soutenue, un traitement beaucoup plus actif est nécessaire. - L'attention divisée correspond à la capacité à repartir ses ressources attentionnelles entre plusieurs taches ou sources d'informations. Des survivants qui ont des hauts niveaux d'exposition à la guerre, ont montré une déficience d'attention et de rappel immédiat de l'information, ainsi qu'un QI faible. Ils n'ont pas montré, cependant, une dépréciation de rappel verbal et de l'apprentissage. Donc, un QI plus faible et une baisse d'attention sont associés au vécu d'un trauma. Une faible attention peut avoir un rôle dans l'élaboration des souvenirs traumatiques (Brandes, D. ; 2002). Bien que les résultats soient équivoques, les études sur des adultes ont signalé des problèmes cognitifs chez des personnes après un trauma, en particulier dans les zones de concentration, de l'apprentissage et de la mémoire. En revanche, la fonction cognitive indexée par les performances neuropsychologiques par des instruments standardisés n'a pas été largement évaluée chez des enfants (Michael D. ; 2002). 2- Le vécu de la guerre israélo-libanaise du juillet 2006 a des répercussions actuelles sur la mémoire (à court terme, à long terme, auditive, visuelle) des enfants âgés entre 8 et 12 ans. La mémoire est l'ensemble des systèmes biologiques et psychologiques dont les fonctions sont : l'intégration (l'enregistrement, la fixation, l'inscription) de données, leur rétention (stockage, conservation), leur restitution (rappel, utilisation). Elle est ce qui autorise la persistance du passé dans l'instant présent, ce qui assure pour l'individu la continuité du monde, de son histoire et de sa personnalité. Tulving (1995) suggère l'existence de cinq systèmes de mémoire principaux : la mémoire à court terme, et quatre systèmes de mémoire à long terme : la mémoire procédurale, les systèmes de représentation perceptive, la mémoire sémantique, et la mémoire épisodique.
vocabulaire, du calcul, et des capacités de raisonnement et est donc nécessaire au bon déroulement des apprentissages scolaires.
En fait, le développement psychologique et le développement cognitif se font en parallèle ; chacun selon des exigences et des conditions indispensables. Ainsi, chaque interruption pendant un stade du développement perturbait le cheminement de tout le processus évolutif des enfants. Des écrits suggèrent également que le traumatisme subi pendant l'enfance, peut avoir un impact durable sur le développement cognitif, moral, ainsi que sur la personnalité, les relations sociales et les capacités de faire face (Arroyo & Eth, 1985; Terr, 1983; Pynoos & Nader, 1988 ; Sack et al., 1993). L'après-guerre est lié à des problèmes de traitement automatique et à une altération de la mémoire exécutive. Des dysfonctionnements observés dans la flexibilité mentale pourraient avoir un impact négatif sur le traitement cognitif de la mémoire traumatique, empêchant ainsi la récupération (Kanagaratnam P. et Asbjornsen A. ; 2007). En général, la personne souffrant de PTSD ne peut pas raconter l'événement traumatisant de manière complète et cohérente, ceci notamment parce que le cerveau a une difficulté fondamentale à l'intégrer avec les autres événements de la vie passée : Les souvenirs ordinaires s'estompent avec le temps, tandis que les souvenirs d'événements traumatisants gardent toute leur intensité, même après plusieurs années. C'est pourquoi le traumatisme paraît toujours être un événement récent. Les éléments rappelant le traumatisme peuvent favoriser l'apparition des symptômes du PTSD, flashbacks, pensées intrusives et cauchemars. ( www.psychom.ch ; avril 2011) |
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