1.6 Pauvreté et accès aux services de
santé en Afrique Centrale
L'Indice du Développement Humain (I.D.H) a
régressé dans les pays. (Par exemple, deux pays de l'Afrique
centrale ont enregistré en 1992 l'espérance de vie parmi les plus
faibles : il s'agit du Tchad (45 ans), de la République Centrafricaine
(47 ans). Les dirigeants des Etats de la sous-région se sont
engagés à élaborer des politiques en faveur de la
réduction de la pauvreté. La pertinence de ces politiques
dépendra de leur capacité à relever un certain nombre de
défis, dont principalement :
- la stabilité socio-politique. De ce fait, aucune
stratégie d'éradication de la pauvreté ne peut être
mise en oeuvre avec succès dans un contexte d'affrontements et de
violence ;
- une croissance économique compatible avec le taux de
croissance démographique. La forte croissance démographique en
Afrique centrale nécessite une accélération de la
création des richesses en vue de satisfaire les besoins de base des
populations et faciliter ainsi leur accès aux services sociaux de base
;
- une juste répartition des fruits de la croissance :
Il est urgent de renforcer les capacités des pauvres et de leur
faciliter l'accès aux facteurs de production en vue de valoriser leurs
efforts et leur force de travail. Il faudrait également valoriser la
main-d'oeuvre locale par des rémunérations objectives ;
- une prise en compte de l'opinion des pauvres. En effet,
lorsqu'elles sont isolées et dispersées, les populations
démunies n'ont pas de pouvoir d'influence sur les décisions qui
affectent leur existence.
L'accessibilité des populations aux services sociaux
essentiels tels que les soins de santé, l'éducation, l'eau
potable, l'électricité, etc. est une réelle
difficulté. En matière de santé, l'insuffisance des
revenus ne permet pas aux populations d'accéder aux soins et aux
médicaments essentiels. Pour l'ensemble des Etats de l'Afrique
subsaharienne, seulement 53% des populations ont accès aux soins de
santé pour la période 1990-1997. En Afrique Centrale, les
proportions sont en deçà de cette moyenne pour le Tchad et la
Centrafrique.
Elles sont respectivement de 30% et de 52%. Au Cameroun, et au
Congo, ces pourcentages sont respectivement de 80% et 83% (PNUD, 1997). Bien
que ces taux soient assez élevés par rapport à la moyenne
de l'Afrique subsaharienne, ils restent insuffisants par rapport aux
recommandations de l'OMS qui exige que tout individu ait accès aux soins
de santé. Les populations exclues des soins et médicaments
essentiels ont recours à l'automédication et aux tradi-praticines
qui offrent des prestations et des produits de qualité parfois
douteuse.
La faible accessibilité aux soins de santé
s'explique également par l'insuffisance du personnel, Le ratio
population/médecins pour l'Afrique subsaharienne est de 1 médecin
pour 18 514 habitants pour la période 1988-1991 au lieu d'une moyenne de
1 médecin pour 5 833 habitants pour l'ensemble des pays en
développement. Au Tchad et en République Centrafricaine, on
compte 1 médecin pour 33 333 habitants et 1 médecin pour 25 000
habitants respectivement. Le ratio population/infirmiers est de 1 infirmier
pour 6 584 habitants pour l'Afrique subsaharienne. En République
Centrafricaine, on compte 1 infirmier pour 11 000 habitants. La situation du
Tchad reste préoccupante avec 1 infirmier pour 50 000 habitants (PNUD,
1997). On note par ailleurs dans les Etats de la sous-région une
dégradation des infrastructures sanitaires qui manquent d'entretien.
Certains centres de santé manquent de matériel technique
d'exploitation (radiographie, laboratoire, salle d'opération, etc.).
Ceux qui existent sont en déphasage total avec l'évolution
technologique.
Toutes ces conditions limitent l'accès aux services de
santé, même aux populations disposant des revenus suffisants pour
se soigner. C'est l'une des raisons pour lesquelles de nombreuses naissances ne
sont pas suivies par le personnel de santé. Pour la période 1990-
1997, les proportions de naissances non suivies par les services de
santé étaient de 20%, 36%, 54% et 85% pour le Gabon, le Cameroun,
la Centrafrique et le Tchad respectivement, contre 46% pour l'ensemble des pays
en développement. Ces pourcentages expliquent le niveau
élevé des taux de mortalité maternelle et infantile (PNUD,
1997).
La dégradation des conditions sanitaires des
populations s'explique également par la faible accessibilité
à l'eau potable, par la sous-alimentation ou par une alimentation non
équilibrée. L'accessibilité à l'eau potable reste
malheureusement coûteuse et nécessite un apport financier
important des pouvoirs publics. Les difficultés budgétaires des
Etats de la sousrégion liées à la forte récession
économique limitent leur intervention. C'est ce qui explique le faible
niveau des populations ayant accès à l'eau potable.
Au total, la pauvreté en Afrique Centrale se
caractérise par l'inaccessibilité des populations aux services
sociaux de base. Bien que cette situation reflète le faible pouvoir
d'achat des individus, elle est également tributaire du recul des
pouvoirs publics face à leurs obligations sociales. Cela se justifie par
des faibles proportions des dépenses publiques affectées à
l'éducation et à la santé.
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