1.7 L'accès aux services de santé de
reproduction par les femmes les plus pauvres.
« S'assurer que chaque femme et enfant comptent »
(le thème de la journée mondiale de la santé en avril
2005). En Afrique, la pauvreté touche plus les femmes que les hommes.
Cela s'explique essentiellement par la marginalisation dont est victime la
femme tant par rapport à l'éducation que par rapport à
l'accès au marché de l'emploi et aux facteurs de production.
Les femmes et les filles ont accompli des progrès
réguliers dans plusieurs domaines de la santé au cours des dix
dernières années, y compris l'augmentation de l'utilisation des
contraceptifs modernes et le déclin du nombre de naissances par femme.
Mais de par le monde, les femmes et les enfants sont toujours confrontés
à des obstacles pour parvenir à être en bonne santé.
Beaucoup trop de femmes n'ont toujours pas accès à la
planification familiale ou bien font face à des obstacles sociaux ou
culturels les empêchant de l'utiliser. Les accès liés
à la grossesse et à l'accouchement ne montrent aucun signe de
fléchissement dans le monde en voie de développement. Les femmes
représentent également la moitié de toutes les nouvelles
infections de VIH de par le monde, une proportion qui augmente
régulièrement au fur et à mesure que la transmission
hétérosexuelle du virus devient plus courante. En outre, les
femmes et les enfants les plus pauvres font face à de plus grands
risques sanitaires et sont moins susceptibles d'utiliser des services de
santé clefs que ceux qui ont plus de moyens.
1.8 Les difficultés d'accès aux services
de santé maternelle et infantile (SMI)
Dans les pays pauvres, où la santé des femmes
dépend en premier lieu de leur rôle de reproduction, la grossesse
et l'accouchement sont encore trop souvent des épreuves, parfois
fatales. Le combat pour la santé génésique, ranimé
à la conférence du Caire en 1994, devrait aider les femmes de ces
pays-là, avant tout. En ce qui concerne les conditions techniques :
l'information sur l'ampleur du problème, son «
évitabilité », demeure soit largement indisponible par pays,
soit externe ou agrégée. La formation de professionnel de
l'obstétrique (accoucheuses traditionnelles, surveillance
prénatale) reste illusoire ; la stratégie d'accès aux
soins est entravée par la faiblesse du système de
santé.
En ce qui concerne les aspects politiques, on souligne combien
la prise de conscience demeure internationale et faiblement perçue par
les populations directement concernées, tandis que l'enrôlement et
la responsabilité des médecins sur place est bloquée par
des conflits d'intérêt. La faiblesse congénitale des Etats
et leur manque de ressources ôtent toute crédibilité
à leur action en termes d'engagement financier et de
réglementation, ce qui limite davantage leur rôle. Les facteurs
socio-démographiques constituent de piètres variables
prédictives de la mortalité maternelle, la stratégie qui
consiste à évaluer le risque au recours de la surveillance
prénatale a montré sa faillite et les meilleurs
prédicteurs du risque maternels sont ceux établis à
proximité de l'accouchement. Par conséquent, assurer
l'accès de toutes les femmes, où qu'elles soient, à des
soins obstétricaux de qualité semble devoir s'imposer comme
perspective. C'est le défi qu'il faut relever dans les années
à venir. Compte tenu des coûts que cela suppose (peu de chose en
fait comparativement à certains programmes de santé), il s'agira
beaucoup de volonté politique.
Les points suivants constituent les freins au succès des
programmes de santé :
~ La non-implication des femmes dans l'élaboration, la
mise en oeuvre et
l'évaluation des programmes notamment ceux qui les
concernent directement ;
~ Le faible statut de la femme face à l'homme qui
confisque le pouvoir de décision,
y compris celui de planifier ou non les naissances ;
~ Le manque de prise de conscience par les hommes de leur
rôle dans les questions
de santé en général et ceux de la
santé de la reproduction qui relèvent du couple ;
~ La désorganisation des systèmes de
santé : la mise en oeuvre des divers projets initiés par les pays
s'est heurtée à des difficultés parmi lesquelles on peut
citer l'organisation des systèmes de santé ancrée dans la
logique des programmes verticaux, l'insuffisance de préparation des
prestataires de services, l'inadaptation des locaux pour permettre une prise en
charge intégrée selon les problèmes de santé ou
selon le groupe concerné (femmes, adolescents, personnes
âgées) ;
~ Les difficultés d'accès aux services pour
certaines catégories de la population
comme les jeunes et particulièrement les jeunes filles
;
~ La faiblesse des financements tant nationaux qu'internationaux
: l'environnement
au niveau des pays est marqué par la faiblesse des
ressources publiques allouées à la santé et leur mauvaise
gestion. En plus l'aide internationale reste largement insuffisante, les
procédures pour accéder à ces fonds sont souvent longues
et complexes et les critères d'éligibilité restrictifs.
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