5.2.5 L'appartenance ethnique de la femme
Le modèle saturé permet non seulement de
connaître les effets nets des différentes variables, mais aussi de
dégager les facteurs les plus déterminants dans l'explication du
phénomène étudié.
Ainsi, toutes choses égales par ailleurs ; les femmes
appartenant aux ethnies Gorane, Arabe, Ouaddaï et
Mayo-Kebbi-Tandjilé ont respectivement 54%, 59%, 41% et 37%
respectivement moins de risques de recevoir des soins prénatals et
à l'accouchement de qualité que leurs homologues de l'ethnie
Sara. Ces ethnies constituent un obstacle à l'accès aux services
de soins modernes en général et à ceux des soins
obstétricaux.
Face à ce constat, nous pouvons dire que notre
hypothèse (H5) selon laquelle les femmes des ethnies Gorane, Arabe,
Ouaddaï, Baguirmi-Kanembou ont plus de difficultés d'accéder
aux soins obstétricaux que leurs congénères des ethnies
Sara et Mayo-Kebbi est partiellement.
5.2.6 La religion
La religion apparaît comme un des facteurs
déterminants les plus importants du recours aux soins
obstétricaux. Comparativement aux musulmanes, les chrétiennes ont
1,80 fois plus de risques de bénéficier d'une assistance
médicale de qualité aux soins obstétricaux. Les animistes
ou les sans religion ont 50% moins de risques de bénéficier de
cette assistance médicale que leurs homologues musulmanes.
De façon générale, les chrétiennes
sont plus enclines à recourir à une assistance médicale
aux soins obstétricaux que les musulmanes et les animistes. Ce
résultat confirme l'hypothèse selon laquelle la religion
prédispose les femmes à recourir aux soins de santé
moderne, notamment en ce qui concerne les soins prénatals et les soins
à l'accouchement. Ainsi, les femmes chrétiennes ont plus tendance
à recourir aux soins obstétricaux que les femmes musulmanes et
les animistes ou »les sans religion».
L'assistance médicale de meilleure qualité
observée chez les chrétiennes pourrait s'expliquer par le simple
fait que la religion est porteuse de nouvelles valeurs notamment en
matière des soins prénatals et de l'accouchement. Les
chrétiennes accèdent plus facilement aux services de santé
parce qu'elles sont a priori plus instruites et plus ouvertes à la
modernisation que les musulmanes et les animistes. Mais l'accessibilité
des chrétiennes aux services de santé est aussi facilitée
par la disponibilité des établissements confessionnels
(catholique et protestante). Il faut aussi souligner l'acceptabilité de
ces services de santé par les femmes chrétiennes.
L'efficacité de ces établissements n'est plus à
démontrer. Au contraire, les établissements sanitaires
`'islamiques `' sont encore à l'état embryonnaire. Et les
musulmanes sont réticentes à recourir aux établissements
relevant d'autres confessions religieuses ; elles préfèrent
plutôt recourir aux soins de santé dans les centres de
santé publics.
Face à ces résultats, nous pouvons confirmer
notre hypothèse (H4) selon laquelle l'impact de la pauvreté du
ménage sur l'accès aux soins obstétricaux est plus
marqué chez les femmes musulmanes et les adeptes de religions
traditionnelles que chez leurs congénères chrétiennes est
partiellement.
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