5.2.3 Le milieu de résidence
Le recours aux soins obstétricaux peut être le
résultat de la résidence. C'est dans cette condition que le
milieu de résidence acquiert sa pertinence dans l'explication du recours
aux soins. L'opportunité de bénéficier d'une assistance
médicale aux soins s'observe chez les femmes résidant en milieu
urbain que chez celles du milieu rural. En effet, les femmes qui
résident en milieu urbain ont 5,19 fois plus de risques de
bénéficier d'une assistance médicale de qualité aux
soins obstétricaux que leurs congénères du milieu rural
et, ce au seuil de signification de 1% au niveau du modèle
saturé.
Cette affirmation du milieu de résidence comme un
facteur déterminant le recours aux soins obstétricaux montre que
les comportements thérapeutiques sont d'abord le résultat du
vécu social car en Afrique, l'hôpital est une
réalité urbaine. Ainsi, les femmes qui résident en
milieu urbain accordent une importance à l'égard
des prestations sanitaires modernes. A l'opposé, les femmes
résidant en milieu rural ont souvent des préjugés
négatifs sur les prestations sanitaires modernes, ce qui les
empêche d'y recourir. En restant attachées aux valeurs
traditionnelles, elles estiment le plus souvent que l'environnement hospitalier
est restrictif au point de vue émotionnel. Ces femmes
préfèrent recourir à la médecine traditionnelle ou
dans certains cas, s'abstenir de tout recours aux soins obstétricaux.
D'après ces résultats, nous pouvons confirmer
l'hypothèse (H2) selon laquelle l'impact de la pauvreté du
ménage sur le recours aux soins obstétricaux est plus
marqué en milieu rural qu'en milieu urbain.
5.2.4 La région de résidence
En comparaison avec la région du Sud, les femmes du
Nord et celles du Centre ont respectivement 83% et 65% moins de risques de
bénéficier des services obstétricaux.
Ces résultats montrent que la région de
résidence contribue à expliquer les disparités
régionales dans la prise en charge médicale de la grossesse et de
l'accouchement. Dans cette perspective, il serait intéressant de faire
une brève description des différentes régions pour situer
le contexte sanitaire de chacune d'entre elles.
Il faut dire que la situation sanitaire du Tchad est
préoccupante. Elle se caractérise par un faible taux de
couverture sanitaire consécutif à l'absence, dans certaines
régions, des districts sanitaires. Les disparités entre les
régions sont encore plus prononcées.
En effet, dans les régions d'accès difficile
comme le Nord et, dans une certaine mesure, le Centre, la dispersion dans le
peuplement rend difficile l'accessibilité des centres de santé
(au cas où il en existe). A l'opposé, N'djaména et la
région du Sud, par leur forte densité, concentrent un nombre
important de centres de santé. Les problèmes
d'accessibilité géographique ne se posent pas avec la même
acuité comme dans d'autres régions. Le Sud
bénéficie aussi de l'apport des établissements
confessionnels ; la région de N'djaména, abritant la capitale
administrative, concentre toutes les structures sanitaires de
référence nationale. Mais, la disponibilité des services
de santé maternelle n'explique pas à elle seule cette situation.
En effet, l'écart significatif, observé dans l'assistance
médicale aux soins obstétricaux à N'djaména
comparativement au Centre montre qu'une part d'effet de la région de
résidence peut être médiatisée par d'autres
caractéristiques telles que le niveau de vie du
ménage par exemple. Ainsi, le risque relativement
élevé que courent les femmes de N'djaména de recourir aux
soins obstétricaux n'est pas tant du fait qu'elles y résident,
mais aussi au fait qu'elles ont généralement un niveau de vie
meilleur que leurs homologues d'autres régions.
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