2.4.3 Le système de santé au Tchad
Au Tchad, les services de santé sont fournis par le
secteur public, le secteur privé à but lucratif et le secteur
traditionnel.
a) Le secteur public
Le Gouvernement de la République du Tchad fait de la
santé une de ses priorités. Une politique nationale est mise en
place et le système de santé a été
réorganisé afin de mieux l'adapter aux réalités
nationales. Mais, la mise en oeuvre de cette politique est confrontée
à de nombreux problèmes, parmi lesquels l'absence ou
l'insuffisance des infrastructures, des moyens matériels et humains, la
mauvaise gestion...
Pour y remédier, le Gouvernement a adopté et mis
en oeuvre une stratégie de santé conçue sur un
modèle pyramidal à trois niveaux : le central,
l'intermédiaire et le périphérique. Avec, chacun, des
fonctions et des rôles définis.
> Le niveau central se charge de la conception et de
l'orientation des politiques de santé
du Tchad, du choix des stratégies, de
l'élaboration des modèles et de la distribution des services, de
l'allocation et de la répartition des ressources, de la
définition des tâches du personnel, de l'établissement des
profils de postes, de l'adaptation des contenus de formation. Il renferme le
Ministère, la direction générale, les directions
techniques, les institutions (Hôpital général de
référence nationale, Ecole nationale des agents sanitaires et
sociaux, Centre national d'appareillage et de réadaptation, Centre
pharmaceutique d'achat) et les programmes et projets. Il détermine les
investissements et le fonctionnement du secteur et fixe les normes sur la base
de principes d'efficacité, d'efficience, d'équité et de
viabilité. Il se force de mobiliser les ressources de l'Etat et des
bailleurs de fonds pour le financement des interventions de santé, avec
une perspective d'accès universel.
> Le niveau intermédiaire comprend 18
délégations provinciales et les hôpitaux de
préfecture et est chargé de la mise en oeuvre des
plans et politiques de santé, de la gestion des ressources humaines et
de la fourniture de l'assistance technique aux districts sanitaires.
> Le troisième niveau est divisé en 64
districts et 911 sous-divisions ; il est chargé de la mise en oeuvre de
la politique nationale de santé à travers l'exécution du
paquet minimal et complémentaire d'activités (PMA et PCA).
Les trois niveaux sont liés et s'articulent dans une
dynamique qui fonctionne du périphérique vers le central. Dans
une logique, les premiers soins se donnent dans des centres de santé qui
doivent être accessibles géographiquement, financièrement
et culturellement.
Les infrastructures de santé comprend un hôpital
national desservant environ 7,5 millions de personnes et quatre hôpitaux
régionaux desservant 950 000 personnes chaque année. Il existe en
outre 64 hôpitaux de district et 911 centres de santé. Le nombre
de lits par personne varie de 0,09/1000 dans le district de Massakory à
1,61/1000 à Benoye. Dans l'Est du pays, le système de
référence dépend de l'hôpital régional
d'Abéché qui s'occupe aussi des réfugiés.
Un marché florissant de médicaments essentiels se
développe mais les franges les plus pauvres de la population n'ont pas
les moyens de les procurer.
Au niveau du centre de santé, le Paquet Minimum
d'Activités (PMA) inclut :
· Les activités de prévention dans des
domaines comme consultations prénuptiales, les soins prénatals,
les soins post-partum pour la mère et l'enfant, le conseil et les
services en planification familiale, les activités de santé
scolaire et de surveillance épidémiologique.
· Les activités curatives, incluant les
consultations, la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques,
la réhabilitation nutritionnelle, les soins curatifs, l'observation
avant l'hospitalisation, les accouchements normaux, les interventions
chirurgicales légères et les analyses de laboratoire.
· Les activités de promotion, y compris les
activités d'Information, d'Education et de Communication (IEC) ainsi que
les activités de support psychosocial, les activités en
matière de nutrition, la participation communautaire, la gestion et le
financement des services de santé, ainsi que les questions
d'hygiène et de système sanitaire dans la zone de rayonnement du
centre de santé.
Au niveau de l'hôpital de district, le Paquet
Complémentaire d'Activités inclut les activités 2 et 3 du
Paquet Minimum d'Activités pour le niveau périphérique
mais il met l'accent sur le traitement des cas référés.
Les activités supplémentaires suivantes sont incluses dans PCA
:
· La prévention, y compris les consultations
préventives pour les cas référés et les
consultations prénatales pour les grossesses à risque ;
· La planification familiale avec la disponibilité
de toutes les méthodes pour les cas référés y
compris la stérilisation ;
· les soins curatifs, y compris la prise en charge des cas
référés pour les soins de niveau tertiaire, la prise en
charge des accouchements compliqués, les urgences médicales et
chirurgicales, les interventions chirurgicales
légères et compliquées, les soins hospitaliers, les
analyses de laboratoire et l'imagerie médicale ; et
· la gestion incluant la formation du personnel
paramédical dans les écoles de district et la collaboration avec
le groupe de travail du district pour la formation continue et les
activités de supervision.
Enfin, au niveau de l'Hôpital de Général
de Références Nationales (HGRN), le Paquet Complémentaire
d'Activités fournit les services au stade le plus élevé.
L'hôpital de district transfère le patient dont l'état de
santé dépasse ses compétences vers l'hôpital de
préfecture. Si celui-ci se rend à l'évidence que son
plateau technique ne lui permet pas de prendre le patient en charge, il ordonne
son évacuation à l'Hôpital Général de
Références Nationales (HGRN), dernier palier pour les cas
extrêmes. Mais dans les faits, le HGRN ne profite qu'aux habitants de
N'djaména et ses environs, les patients référés par
les hôpitaux de préfectures s'y rendent peu à cause
notamment des difficultés de transport (MSP, Tchad, 2005).
b) Le secteur privé et le secteur
traditionnel
Au Tchad, le secteur privé s'est
considérablement développé et continue de
s'accroître. Cela se traduit par la prolifération des
établissements privés dotés de capacités
d'hospitalisation voire de services très spécialisés comme
des services de gastro-entérologie, d'ophtalmologie et de
physiothérapie. Ces établissements disposent aussi de personnel
ayant une formation paramédicale.
La médecine moderne au Tchad cohabite avec la
médecine traditionnelle. Les malades consultent aussi biens les
médecins modernes que les guérisseurs traditionnels,
dépendamment de la nature de la maladie. Ainsi, par exemple, pour les
maladies telles que le paludisme, la tuberculose, la cataracte sont couramment
prises en charge par la médecine moderne. Les maladies supposées
d'origine surnaturelle telles que les maladies mentales, l'épilepsie
sont l'affaire de la médecine traditionnelle. Parfois, le faible pouvoir
d'achat amène à faire recours à la médecine
traditionnelle pour se soigner. A titre d'illustration, dans le Tchad rural, la
majorité de femmes accouchent à domicile, seules ou
assistées par une parente, voisine ou une accoucheuse traditionnelle.
Cela a conduit le Gouvernement à rechercher la collaboration avec les
accoucheuses traditionnelles dans le cadre du programme d'appui aux structures
publiques et communautaires de santé, financé par la Direction du
Développement et de la Coopération (DDC) dans 4 districts
sanitaires du pays. On attend des
accoucheuses traditionnelles qu'elles encouragent les femmes
enceintes à se rendre aux consultations prénatales, à se
faire vacciner et à consulter des services de planification familiale et
également qu'elles apprennent aux femmes à reconnaître les
signes de danger pour lesquels il est nécessaire d'être
référés vers un hôpital.
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