2.4.2 Les services de santé et de maternité
sans risque : les consultations prénatales et l'accouchement
Dans cette population largement musulmane, environ un tiers
des femmes seulement est instruite. La plupart se marient très jeune
(presque 80% avant l'âge de 19 ans) et à l'âge de 18 ans,
plus de la moitié ont déjà eu leur premier enfant. Presque
une sur 5 entre dans un mariage polygame. Les femmes, tout comme les hommes,
veulent beaucoup d'enfants (8 à 16 enfants, respectivement), l'usage de
la contraception moderne demeure très faible, à 1% parmi les
femmes, alors que la fécondité est élevée (le taux
total de fécondité est estimée à 6,3). Vu cette
situation, il n'est pas étonnant que la mortalité maternelle au
Tchad soit la plus élevée au monde (EDST, 2004).
La production de services maternels a été
évaluée à partir de l'analyse des données de
routine de la production des consultations prénatales et de
l'accouchement assisté. Pour les consultations prénatales (CPN),
les premiers contacts avec l'activité (ou CPN1) ont été
examinés. Les données de routine confirment les données
d'enquête des ménages, à savoir qu'au Tchad seulement
quatre femmes enceintes sur dix fréquentent au moins une fois les
consultations prénatales. Les taux de couverture varient
considérablement d'une préfecture à l'autre, avec un
minimum de 12,6% dans le Ouaddaï, 15,7% dans le Batha et 16,6% dans le Lac
(Annuaires des statistiques sanitaires du Tchad, 2000). Les couvertures les
plus
importantes sont observées au Logone Occidental
(103,8%) et au Moyen Chari (65,1%), deux régions à population
chrétienne dominante (Annuaire des statistiques sanitaires du Tchad,
2000). Ce sont surtout les populations urbaines qui utilisent ces
consultations, le taux d'utilisation des populations rurales étant
inférieur de moitié.
La couverture des services en termes d'accouchements
assistés confirment là encore les résultats
d'enquête, mettant en évidence des taux extrêmement bas,
particulièrement en milieu rural et faisant de l'accouchement
assisté l'une des grandes priorités nationales les moins bien
traitées dans le contexte tchadien actuel. Seul un accouchement sur dix
bénéficie des services publics et/ou privés à but
non lucratif, avec environ un sur cinq en milieu urbain et un sur 20 en milieu
rural. La faible couverture en milieu rural (6,3%) est probablement due
à l'éloignement des centres de santé, à l'accueil
souvent peu aimable réservé aux parturientes dans les
maternités, à l'absence de personnel qualifié en dehors
des heures ouvrables et à la présence d'accoucheuses
traditionnelles dans les villages ainsi que des matrones (qui animent les
maternités) dont la qualification aux yeux de la population est souvent
considérée comme identique à celles des accoucheuses
traditionnelles.
La couverture des accouchements varie ainsi d'une
préfecture à l'autre : elle est minimale au BET et au
Ouaddaï (3%) et dans le Salamat (4,3%) alors que les taux les plus
élevés se rencontrent dans le Logone Occidental (32,3%), dans le
Logone Oriental (17,6%) et dans la Tandjilé (17,3%) (Annuaires
statistiques sanitaires du Tchad, 2003).
L'analyse par délégation préfectorale
sanitaire montre également que les niveaux d'utilisation des services de
santé maternelle sont légèrement plus faibles dans les
zones les plus pauvres par rapport aux zones les plus favorisées.
Ces taux d'accouchement assistés semblent n'avoir
malheureusement que peu évolué au cours du temps dans toutes
les régions, à l'exception du Logone Occidental où,
désormais, plus de 30% des femmes bénéficient d'une
assistance à l'accouchement. Les faibles taux
d'accouchement assistés dans la région de
N'djaména surprennent un peu dans la mesure oüla
région est très riche en ressources humaines et notamment en
sages-femmes, Les enquêtes
montrent que le taux d'accouchements assistés est plus
élevé à N'djaména, il faut en conclure que ces
accouchements ont lieu en dehors de l'activité privée ou
semi-privée des sages-femmes résidant et exerçant dans la
capitale et dans le cadre de l'activité hospitalière. Il semble
donc n'y avoir eu que peu de progrès au cours des dernières
années dans la pratique des accouchements assistés, qui n'a
guère évolué dans le temps. On observe souvent un
décalage entre le niveau de la CPN et les accouchements
assistés, ce dernier taux restant remarquablement bas. Cela s'explique
par l'absence de sages-femmes (ou de personnel de santé féminin
qualifié) dans les centres de santé en milieu rural et la
difficile organisation des services d'accouchements en milieu urbain.
Malgré la disponibilité de sages-femmes dans ces zones, les
accouchements ne se font pas dans les structures sanitaires.
Tableau2.6 Taux de couverture des accouchements
assistés selon le lieu de résidence et par région
DSP9 par Gradient de pauvreté
Milieu de résidence
Milieu urbain Milieu rural Total
Nombre de cas
Taux de couverture (%)
Salamat 168 8,7 5 0,2 173 4,3
Lac 562 25,7 146 1,6 708 6,3
Guéra 604 8,6 797 7,6 1401 10,2
Kanem 503 12,1 234 2,6 737 5,6
Batha 327 2,4 105 1,1 432 3,5
Biltine 369 24,8 152 2,6 521 7,1
Logone Oriental
2129 31,8 1 456 10,6 3585 17,6
Mayo-Kebbi 2061 18,5 1 411 5,4 3 472 9,3
BET 57 6,0 16 1,1 73 0,3
Ouaddaï 404 3,1 240 1,3 644 3,0
Tandjilé 2 335 31,8 1 772 10,8 4 107 17,3
Moyen-Chari 3 375 34,1 2 216 7,6 5 591 14,3
Logone Occidental
2 172 53,0 2 172 23,3 4 344 32,3
ChariBaguirmi
2 786 15,2 806 3,4 3 592 8,5
Tchad 17 852 23,1 11 528 6,3 29 380 11,2
Nombre de cas
Taux de couverture (%)
Nombre de cas
Taux de couverture (%)
Source : Annuaire des statistiques sanitaires du
Tchad, 2002
9 Délégation Sanitaire
Préfectorale
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